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Politique

Thierno Lô (Ministre du Tourisme) : ’Si le Pds continue à fonctionner dans le désordre, ce sera le déluge’

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Thierno Lô (Ministre du Tourisme) : ’Si le Pds continue à fonctionner dans le désordre, ce sera le déluge’
La continuité de l’Etat, il l’a, chevillée au corps. C’est pourquoi, quand d’aucuns parmi ses camarades dissertent encore sur les 50 ans du régime socialiste pour justifier leurs errements présents, lui, s’inscrit dans une perspective futuriste ? Laquelle ne fait pas dans la négation de ce qui a été déjà fait. Ancien de la Cdp-Garab Gi, avant son absorption par le Pds, Thierno Lô porte un regard sur le Pds, l’opposition. Mais, ne voudrait pas que l’on porte sur lui un regard sur son passé non wadiste. Cause pour laquelle, il s’est fait l’avocat-défenseur des renouvellements qui vont enterrer le Pds pour donner naissance au Pds-L.

Héritage du Ps et fixation sur les cinquante ans de règne socialiste

Thierno Lô : Que faire des Lat-Dior qui ont combattu et qui ont donné leur vie pour la patrie ? Que faire de Serigne Touba, de El Hadj Omar, des tirailleurs sénégalais qui ont fait l’indépendance du Sénégal ? Qu’est-ce que vous en faites ? Qu’est-ce que vous faites de Senghor, de Cheikh Anta Diop qui ont permis au Sénégal d’être ce qu’il est aujourd’hui ? Nous n’avons pas trouvé un vide, nous avons trouvé un Etat et des institutions qui marchent, mais nous avons remplacé des gens parce qu’ils ont mal géré, des gens arrogants qui ont fait de la mal gouvernance et ils ont été changés par les seuls décideurs que sont les Sénégalais. Ce sont les Sénégalais qui décident de qui doit les gouverner et ils en avaient marre du Parti socialiste et l’ont sanctionné. Je ne regarde pas le miroir pour voir quelles sont les fautes commises par le Ps. Il faut que nous ayons une autre démarche si nous voulons éviter la même sanction. Nous avons perdu le 22 mars à cause de comportements d’arrogance de personnes à qui on avait confié des collectivités locales et qui ont été sanctionnées. C’est comme cela que le peuple doit faire.

Le Sénégalais sait maintenant que la carte d’électeur a un sens. A la violence physique, il a préféré la violence de la carte et c’est pourquoi, nous disons que nous avons un bilan, ce que nous devons faire, c’est de corriger certaines erreurs. Tout n’est pas positif dans ce que nous avons fait et c’est pourquoi, nous devons tirer le bilan du choc des élections locales dernières. Comment est-ce que nous pouvons corriger ? Comment est-ce que nous pouvons être utiles pour répondre à leurs attentes et mettre en place une équipe de pérennisation de l’action du président Wade qui devra nous accompagner pour 2012. Nous ne disons pas que tout est parfait. Moi, je ne suis pas de ceux qui disent que nous avons trouvé du néant. Il n y a pas eu de néant, nous avons trouvé une nation très forte, qui avait des institutions qui fonctionnent, mais nous avions des personnes qui avaient mal géré et croyaient qu’elles devaient rester au pouvoir ad vitam aeternam, mais les Sénégalais ont dit non. Donc, moi je dis que tout n’était pas négatif. Quand nous venions au pouvoir, nous avons trouvé des choses que le Ps a faites et nous avons assuré une continuité. Je ne me soucie même pas des cinquante ans du Ps parce que c’est le passé et parce qu’on les a sanctionnés. Nous devons maintenant regarder vers l’avenir pour conserver le pouvoir.

Bilan de la gestion libérale

Il n y a pas au monde un système nickel à 100 %. Vous ne le trouverez nulle part dans le monde. Vous trouverez partout, en Europe, en Amérique, en Asie des problèmes de mal gouvernance. La crise financière que nous avons connue est liée à un problème de mal gouvernance. Au Sénégal, il y a un problème de mal gouvernance comme on en trouve dans tous les pays du monde. Mais, il faut regarder la différence. Du temps du Ps, étiez-vous (les journalistes, Ndlr) au courant des différents scandales à l’époque ? Non. Pourtant il y avait des scandales avec un système qui était conçu de telle sorte que l’information était gardée dans les tiroirs. Personne n’était informé. Vous aviez des difficultés d’accès à l’information et actuellement, c’est nous-mêmes qui vous donnons l’information. C’est une avancée démocratique et un pays fonctionne ainsi. Nous sommes actuellement dans un système où si vous détournez de l’argent, le lendemain vous êtes à la Une des journaux. Il faut l’encourager. Sans ces renseignements, vous ne pourrez rien écrire et vous serez traduit en justice. Maintenant vous avez les preuves et c’est le système qui vous les donne. (…) Cette expression démocratique, vous ne l’aviez pas, du temps du Ps, il faut le reconnaître. Je ne suis pas en train de justifier, mais je suis en train de vous dire que comparaison pour comparaison, le régime de l’alternance a fait des erreurs dans certains domaines, mais nous avons beaucoup plus de points positifs que de points négatifs. C’est pourquoi, vous m’avez entendu dire à l’époque à ceux de mon camp : ‘Si vous m’aviez écouté, nous allions participer aux assises nationales - qu’on les appelle assises nationales ou de l’opposition ou de certains Sénégalais parce qu’il y a des gens qui n’aiment pas ce terme. Nous aurions pris chaque segment de notre économie et aurions eu un bilan meilleur que celui des autres’.

‘Moi, je ne suis pas de ceux qui disent que nous avons trouvé du néant. Il n y a pas eu du néant, nous avons trouvé une nation très forte, qui avait des institutions qui fonctionnent’

Opposition sans programme alternatif

Nous aurions demandé aux initiateurs des Assises ce qui ne marche pas et qu’est-ce qu’ils proposent en termes de politique alternative, ils n’auraient pas pu le faire parce qu’ils n’ont pas de politique alternative ou bien elle n’est pas déclinée. Vous ne pouvez pas me dire, dans un secteur de l’économie sénégalaise, quelle est la politique alternative de l’opposition. Si vous le savez, dites-le. Vous prétendez vouloir diriger un pays, vous dites que c’est mauvais et vous ne proposez rien à la place. C’est vide au niveau de l’opposition et tant qu’il y aura un vide, nous conserverons le pouvoir. Il faut un programme pour pousser les Sénégalais à choisir et ceux de l’opposition n’ont pas de programme ; c’est une des tares de la démocratie sénégalaise. Parce que nous devons faire en sorte qu’il y ait des programmes alternatifs, faire une comparaison pour que l’autre se perfectionne. S’il n’y a pas de politique alternative, il y a la critique facile. Et à chaque fois que vous critiquez de façon facile, vous créez ce brouillement que vous avez à l’intérieur des villes que vous ne trouvez pas dans les campagnes. Le drame que vit le peuple sénégalais et qui trompe parfois les journalistes - parce que les gens ne vont pas dans les communautés rurales, même si vous y avez des correspondants - est que, dans ces collectivités locales, il y a des gens qui ne le savent pas, on ne rencontre pas un élément de l’opposition dans nos communautés rurales. C’est nous du système qui sommes utiles à la population et qui sommes les relais. Et pour gagner une élection, il faut des relais. C’est pourquoi, certains étaient étonnés et ont pensé que ce sont des Djinns qui ont voté pour le candidat Abdoulaye Wade lors de l’élection présidentielle de 2007. Parce que toutes les conditions étaient réunies au niveau des villes pour que, comme Wade l’a dit, on assiste à la chute d’un président de la République. Lors de cette élection, il y a eu une surprise globale et même vous les journalistes vous disiez que ‘li dé moom doyna war’ (c’est curieux, Ndlr) parce que vous ne saviez pas que, à l’époque, dans les campagnes, il n’y avait pas de politique alternative. L’opposition n’était pas présente. Seul le parti au pouvoir y était et nous avons gagné les élections. C’est un remake qui va avoir lieu, malgré les contraintes sociales qui existent, parce qu’on n’a pas d’opposition qui propose. On a une opposition qui ne fait que critiquer.

Le peuple, seul arbitre

S’il n y avait pas une majorité qui nous porte, nous ne serions pas là. Vous êtes des journalistes et vous avez le droit de nous juger parce que nous sommes des hommes publics et c’est nous qui gérons le pays. Nous l’acceptons, mais vous êtes minoritaires. Si nous sommes au pouvoir, c’est parce que le peuple l’accepte. Il y a deux possibilités pour perdre le pouvoir : soit nous sommes sanctionnés par des élections libres et démocratiques, soit nous sommes arrogants et il y a une manifestation populaire et nous perdons le pouvoir. Le peuple, dans sa grande majorité, n’utilise pas cette voie de putsch par insatisfaction, mais attend les élections. Au moment des élections, ce sont des gens comme moi que vous allez trouver dans les sept communautés rurales et dans le département de Kébémer où je défie quiconque parce que j’y ai fait des réalisations. J’ai été utile dans cette localité. Partout où je suis passé, j’ai embauché des jeunes, fait des projets, donné des moulins à mil et acheté des ordonnances. Je ne ferme pas mon téléphone et je reçois des citoyens sénégalais, dans ma maison, jusqu’à deux heures du matin. Pourquoi alors on porterait un mauvais regard sur moi ? Nous sommes venus de quelque part et nous nous sommes faits pendant cinquante ans avant d’entrer dans l’espace politique. Pourquoi aujourd’hui, parce qu’on est ministre de la République, on veut nous faire porter toutes les tares de la nation. Maintenant au Sénégal, quand on vous dit ministre, vous baissez la tête, parce qu’on ne fait pas la différence entre ceux qui travaillent pour la nation, les déprédateurs et ceux qui vivent du système. Vous (les journalistes, Ndlr) mettez tout le monde dans le même sac. Ce n’est pas bien ! Parce que vous n’aimerez pas qu’on vous mette dans le même sac en tant que journalistes. Je crois qu’il doit y avoir une différenciation : voir qui est-ce qui fait du bien et qui est-ce qui fait du mal. C’est vrai qu’il y a des gens qui ne méritent pas qu’on leur confie des postes parce qu’ils ont mal géré et il faut les juger, prendre des mesures qu’il faut. Mais, globalement, si on regarde le bilan de l’alternance en termes d’infrastructures, santé, éducation etc, nous avons fait des bonds en avant. Il reste beaucoup de choses à faire, c’est à nous de les améliorer et de venir, après, répondre devant les Sénégalais qui sont les seuls juges. Personne ne peut juger à la place des Sénégalais et je suis sûr que si on organise les élections maintenant, nous allons les gagner parce que l’opposition n’a pas de politique alternative. On ne les trouve pas sur le terrain, ils ne sont qu’à Dakar et ce n’est pas Dakar, Thiès, Kaolack qui constituent le Sénégal. Ce que je dis, ce n’est pas un discours de politicien mais celui d’un homme de terrain. Venez avec moi si vous voulez dans les sept communautés rurales de Darou Mousty, vous ne rencontrerez aucun élément de l’opposition. Pendant les élections, ce n’est pas Wade qu’ils (ses militants) vont voir mais moi. Et ce sont ces relais que nous sommes qui feront que, malgré ces petits problèmes, nous allons gagner les élections s’ils (les gens de l’opposition) ne changent pas de comportement. S’ils changent entre temps de comportement, acceptent d’aller bouffer de la poussière, d’aller à l’intérieur du Sénégal pour éveiller les consciences des Sénégalais, leur faire des propositions alternatives, là, peut-être que j’aurais peur. Mais, tant qu’ils continueront à rester chez Amath Dansokho comme ils sont en train de le faire, ils ne nous feront pas bouger.

‘Maintenant au Sénégal, quand on vous dit ministre, vous baissez la tête, parce qu’on ne fait pas la différence entre ceux qui travaillent pour la nation, les déprédateurs et ceux qui vivent du système’.

Les raisons de la débâcle du 22 mars

Il y a une lecture qu’il faut faire à partir de ce qui s’est passé le 22 mars. Les Sénégalais n’ont même pas regardé la composition des listes. En tout cas, pour certains. Ils ont par exemple dit : ‘Moi, je suis dans la banlieue, j’ai un malaise général, je suis dans les eaux, sans emploi et mon maire n’a pas pu régler mes problèmes et on veut me l’imposer, je le sanctionne’. Il y a, d’autre part, des forces nouvelles qui étaient dans les listes de Bennoo Siggil Senegaal et à qui certains Sénégalais ont donné une certaine virginité politique. Ils n’étaient pas saturés parce que n’ayant jamais fait de politique. Le vote du Sénégalais qui est à Fann Résidence, celui de l’universitaire qui habite Mermoz est différent du vote du Sénégalais qui se trouve dans la banlieue. Celui de Mermoz sanctionne parce qu’il y a des forces et des mécanismes qui ont été perturbés. C’est-à-dire que si vous faites ce qui ressemble à du tripatouillage de la Constitution, quand vous touchez à certains fondamentaux de la République, il sanctionne parce qu’il n’a pas un problème de dépense quotidienne. Il a son métier et tient à des socles. Vous avez, de l’autre côté, le Sénégalais qui n’est ni de la banlieue ni des quartiers résidentiels mais qui a un problème d’emploi, pointe du doigt le régime et le sanctionne. Il y a enfin notre contradiction au Pds. Tous savent que dans chaque localité, il y a la commission d’investiture qui a été une affaire de petit groupe de copains qui s’est permis de placer des gens qui n’avaient pas le coefficient social, qui ne pouvaient pas diriger de listes. Résultat : les autres qui se sentaient représentatifs les ont sanctionnés. C’est cet ensemble réuni qui explique la déroute du 22 mars. Mais, l’autre pan de la réflexion veut dire que si c’était l’élection présidentielle, le président de la République passerait au premier tour. Ce sont les chiffres qui le montrent. Parce que si vous gagnez les grandes villes, vous laissez la majeure partie du Sénégal que sont les communautés rurales. Mais, la leçon qu’il faut en tirer c’est qu’il y a eu sanction parce que perdre les grandes villes n’est pas bien pour un parti au pouvoir. La ville représente quelque chose de très important dans la gestion d’un pays. C’est là où il y a le bruissement qui peut entraîner d’autres secteurs. Par exemple, Dakar peut emporter des villes. Quand on regarde les manifestations et autres agitations qui se font, cela peut pousser le paysan qui est très loin à croire que le parti au pouvoir a perdu parce que Dakar, Thiès etc. bougent et se dire : ‘Alors, nous devons suivre dans ce sens’. C’est pourquoi, nous devons en tirer toute la leçon pour essayer de faire de sorte que ce que nous avons vécu serve à quelque chose, pour que nous puissions rectifier le tir.

Renouvellements au Pds

Je pense que le président Abdoulaye Wade a raison d’ajouter le L au Pds. Il aurait pu le faire sans pour autant y ajouter le L mais qu’il l’ajoute veut dire que nous allons désormais partir du même pied d’égalité. Parce que, moi je l’ai personnellement vécu. Il y a un regard qui a été porté sur moi comme quoi, je n’ai pas grandi sous l’aile de Wade ; je ne suis pas un ancien du Pds, je viens d’arriver, alors pourquoi j’occupe des positions de pouvoir par rapport aux anciens. Mais à partir du moment où Wade décide que nous partons au même pied d’égalité, nous allons vendre des cartes et celui qui veut adhérer au Pds y adhère, je pense que ça règle les problèmes de transhumance, enlève les barrières pour montrer qui est représentatif et qui peut être utile au président et au parti et cela est une très bonne chose. Parce que, à l’époque, les gens étaient là pour mettre des barricades, alors que le militantisme dans un parti politique ne se mesure pas par rapport à l’ancienneté. Quand Wade créait sa formation politique en 1974, ils étaient six ou huit. Et d’autres ont pris le train en 1978, 80, 91. Donc, ils n’ont pas pris le train à la même heure et au même endroit. D’autres étaient partis, mais sont revenus. Certains ne sont plus. Tout comme d’autres qui y sont aujourd’hui ont un passé militant. Parce qu’au moment où on créait le Pds, certains n’étaient pas nés. Nous, on était au Lycée Charles De Gaulle de Saint-Louis où nous étions des meneurs de grève. On nous a mis en prison et fait sortir de l’internat. Nous avions fait deux ans d’externat alors que nous étions des internes. Nous avons lutté contre le régime socialiste et accueilli le couple Lemoine. Nous avons poursuivi Djibi Leïty Ka à Kaolack. Nous sommes allés reprendre les mots d’ordre de Doudou Sine à Tambacounda. Nous avions pris les cassettes de Cheikh Anta Diop pour entrer dans les campagnes et faire de la formation idéologique. Alors qu’est-ce que ces gens (ceux qui les traitent de transhumants au Pds, Ndlr) peuvent nous apprendre ? Notre combat n’a pas commencé avec le Pds. Nous avons été dans une formation politique qui s’appelait la Cdp-Garab Gi et avions une ambition de faire ce pays. Et à un moment donné, on a vu que la complicité était telle que nous n’avions plus notre raison d’être. Et avons, en toute responsabilité, fait une fusion mais avec toujours l’objectif de faire ce pays. Nous nous sommes faits et nous sommes des éléments de conviction. Nous ne sommes pas venus pour nous servir mais pour servir la nation. Pourquoi on porte un regard sur nous pour dire que nous ne sommes pas des acteurs de l’alternance alors que nous avons été, à un moment donné, des militants au vrai sens du terme pour lutter contre un système. Aujourd’hui que nous avons l’ambition de développer le Sénégal, de faire tous les sacrifices parce que nous ne pouvons pas prendre nos affaires et nous en aller quand le Sénégal brûle, parce que nous avons hypothéqué des maisons et employons des Sénégalais, pourquoi est-ce qu’on nous porte ce regard. Donc, si Wade décide aujourd’hui de nous permettre de montrer qui nous sommes, de permettre à tous les Sénégalais qui partagent sa vision et qui n’ont pour ambition que de faire le Sénégal, de venir au Pds, nous disons oui. Parce qu’il n’y a aucune possibilité de choisir ne serait-ce qu’un lieutenant dans les autres zones. Pour aller vers les élections, il faudrait qu’on se compte pour savoir qui dirige la troupe, qu’on puisse désigner au moins quelqu’un. Mais si vous mettez quelqu’un sans pour autant que ça passe par un mode électif, ça créé des distorsions, des refus et ce n’est pas bien. C’est pourquoi, je suis de ceux qui souhaitent que le processus de renouvellement aille jusqu’au bout, dans la transparence et qu’on évite aussi les tricheries. La mesure est bonne, il faut l’accompagner. C’est comme cela qu’un parti politique doit fonctionner. C’est un modèle qu’il faut donner et à partir de ce moment, on va avoir une autre philosophie de la classe politique sénégalaise en termes de représentativité.

Je suis de ceux qui pensent que s’il y a une démocratie c’est parce qu’il y a des démocrates. Quand j’accepte d’aller dans un jeu, j’accepte de perdre et quand je perds, je reconnais la victoire de l’adversaire, c’est cela ma force. Ma vie ne se résume pas à des ventes de cartes. Ce ne sont pas des modes d’élections ou de responsabilités dans le Pds qui me font et qui vont arrêter ma trajectoire. Mais, si je suis en compétition avec Modou Diagne Fada ou un autre quelque part, qu’on vende des secteurs qu’il y ait des délégués qui choisissent un responsable. Je serais trop petit et vraiment je ne mériterais aucun respect si je me mettais à dire: ‘Oui, il a gagné, mais je ne le reconnais pas’. Je ne suis pas forgé dans ce moule. Si aujourd’hui, Fada arrivait à être choisi par les populations de Darou Mouthy, j’accepterais qu’il soit le leader et cela ne m’empêchera pas de vivre, ni d’être un citoyen qui a de l’ambition pour son pays. Je continuerai à faire de la production. Si demain on me dit que j’ai perdu, je retourne dans le privé et le matin vous me verrez en train de vendre des climatiseurs et des ascenseurs. Moi, je sais où je vais. Ces petites pesanteurs-là ne m’ébranlent pas du tout, parce que je ne vis pas de politique encore une fois de plus. Bien que je sache que c’est la politique qui mène le monde, je n’accepte pas d’être géré par n’importe qui et je suis auprès d’un homme avec qui je chemine pour l’intérêt du Sénégal et je le fais en toute liberté. Il n’y a pas de problème. Moi, je suis debout et très vacciné.

Avec le mode d’adhésion des masses par rapport aux leaders politiques, le comportement dépend du leader. Je maîtrise tellement mes bases que demain si jamais Modou Diagne Fada gagnait les élections, j’ai la capacité de mobiliser pour une adhésion autour de sa personne ; j’en suis convaincu. Parce que ces gens sont attachés à moi parce que je leur ai été utile, depuis que j’étais dans le secteur privé. Ce serait une faiblesse de concourir, perdre la bataille et vouloir donner d’autres mots d’ordre. Concernant les renouvellements, je déplore les formes de violence. La politique n’est pas un champ de gladiateurs, nous devons pouvoir faire les choses de façon civilisée et responsable. Nous avons connu, du temps du Ps, des choses beaucoup plus violentes. Mais, ce n’est pas un modèle que nous allons suivre. Ce sont des gens qui sont minoritaires et qui ne veulent pas que le processus de renouvellement aille jusqu’au bout qui font du blocage.

‘Il y a des gens qui ne méritent pas qu’on leur confie des postes parce qu’ils ont mal géré et il faut les juger, prendre des mesures qu’il faut’

Idrissa Seck et son ambition présidentielle

Il sera le quatrième président de la République du Sénégal s'il trouve les moyens d'être le quatrième président après Wade. C'est son droit le plus légitime et je n'ai pas de commentaire à faire sur cela. La seule chose que je peux dire, c’est que, il a des ambitions, moi aussi j'ai des ambitions, des ambitions d'être là et faire partie du processus, c'est tout. Il y en a d'autres comme Moustapha Niasse, Ousmane Tanor Dieng, Macky Sall et tant d'autres qui veulent être président de la République. Mais, c'est le peuple qui va décider - après Dieu, bien entendu. Idrissa Seck aussi a le droit de vouloir être président de la République comme tout le monde, mais c'est le peuple qui doit en décider. Il a la liberté pleine et entière et il est dans une cohérence parce qu'il a dit : ‘Après Wade, c’est moi’. Il va puiser son pourcentage dans le Pds, c'est pourquoi il est revenu dans le parti pour avoir ce pourcentage et être président du Sénégal. C'est son droit le plus légitime. Mais, est-ce qu'il le sera?

Génération du concret

Dans ce pays, les gens perdent du temps sur des choses qui n'ont pas d'existence. Vous parlez de la Génération du concret qui a perdu les élections. Mais, moi je n'ai pas vu la Génération du concret se présenter à une élection. La Génération du concret n'est pas un parti politique et elle ne s'est pas prononcée au moment où nous partions à une élection. Je n'ai pas de problème par rapport à cela. Moi, je suis dans le Pds, qui est une formation politique comme l'Afp et le Ps qui sont des formations politiques. Si demain la Gc veut se muer en parti politique ou bien en mouvement pour participer à l'élection présidentielle, en ce moment je donnerai mon point de vue. Mais, pour le moment, tel n'est pas le cas. Donc, je ne peux pas disserter là-dessus. Maintenant, vous parlez de l'avenir du Pds. Qu'est-ce que vous faites de l'avenir du Ps. Est-ce que ce parti a un avenir ? Est-ce que l'Afp a un avenir ? L'avenir du Pds va commencer par ce que nous sommes en train de faire. Si on arrive à faire des renouvellements démocratiques, à avoir des relais élus démocratiquement, nous pourrons, à des moments donnés, nous réunir de la même manière pour dire qui doit être le leader pour diriger le parti et avoir des démocrates qui vont nous permettre de survivre à Wade. Si l'on continue à fonctionner dans le désordre, ce sera le déluge et chacun va faire d'autres choix. Il n’ y a pas à chercher de midi à quatorze heures, l'équation est résolue, elle n'est pas à plusieurs inconnues. Soit on accepte le processus démocratique ou bien après c'est la dispersion de notre parti.

Wade l'a compris, c'est pourquoi il veut mettre les gens dans un fonctionnement démocratique pour que nous puissions, demain, avoir d'autres qui puissent prendre le relais. Il n’y a pas d'autres chemins que nous puissions prendre, parce qu'on ne peut pas imposer quelqu'un et il n'est pas de l'avis de Wade d'imposer quelqu'un. Je suis dans le Pds par rapport à ce qui est dit et écrit. Ce qui n'est pas dit et n'est pas écrit ne me concerne pas. Et je ne suis pas un extraterrestre pour voir ce que vous avez derrière votre tête. Et pour l'instant, c'est le renouvellement et l'intention d'aller vers des modes de dévolution démocratique du pouvoir qui m'intéresse.



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