Le militant du Jëf-Jël, Ousmane Diop, par ailleurs président d’une association à Toulouse, a chèrement payé son refus d’accepter le deal qui lui a été, dit-il, proposé par le Consul du Sénégal à Bordeaux, Momar Thiam. Ce dernier aurait, en effet, ordonné la bastonnade de son compatriote par les limiers français. Ainsi, cette affaire atterrit devant la Justice car, les avocats de M. Diop ont déposé une plainte, hier.
Le Sénégal s’est donné en spectacle, vendredi dernier, dans la ville de Toulouse, en France, où la commission d’inscriptions sur les listes électorales devrait siéger. L’histoire est d’autant plus regrettable que c’est le consul du Sénégal à Bordeaux, de qui dépend la ville aux roses, Momar Thiam, censé défendre ses concitoyens, qui a «ordonné la bastonnade par les éléments de la police nationale française de deux jeunes sénégalais». Il s’agit du président de l’Association des stagiaires et étudiants sénégalais de Toulouse, Ousmane Diop et un nommé Cheikh Sène. Ces derniers souffrent de plusieurs contusions et de légères blessures et s’en sont sortis avec une incapacité temporelle de travail de 10 jours.
D’après les explications d’une des victimes, M. Diop, que nous avons joint au téléphone, son seul tort est «d’avoir refusé le deal» que Momar Thiam lui a proposé la veille des inscriptions. «Après que le consul m’a adressé une lettre pour sensibiliser les ressortissants sénégalais de la ville, Momar Thiam m’a isolé, peu après le démarrage des opérations, pour me demander de l’appuyer dans sa volonté de faire moins d’inscrits à Toulouse. De même, m’a-t-il proposé de démissionner du Jëf-Jël où je milite pour le soutenir au sein du Pds, moyennant une promotion ultérieure au sein du Consulat», révèle notre interlocuteur. En effet, il explique que la volonté du consul de limiter le nombre d’inscrits dans la ville est «un projet égoïste. Car, le président de la République avait émis l’idée de créer un consulat à Toulouse. Ainsi, il s’agit, pour Momar Thiam, de faire moins d’inscrits pour montrer aux autorités que la ville n’a pas assez de Sénégalais pour mériter un Consulat. En effet, dans ce cas, les pouvoirs de M. Thiam ne seraient pas réduits».
Devant le refus catégorique de Ousmane Diop de se prêter à ce jeu, se dresse la volonté manifeste du consul de lui faire payer cela. Ainsi, M. Diop poursuit que l’inscription sur les listes lui a été refusée sous un prétexte : «J’ai présenté un faux document. Ce qui n’est pas vrai dans la mesure où j’ai présenté un extrait de naissance datant de moins d’un an ; un document à partir duquel Momar Thiam m’avait délivré un certificat de coutume lors de mon mariage», précise Ousmane Diop. Selon M. Diop, les choses ont tourné au vinaigre quand il a tenté de donner des explications au consul. «Il n’a voulu rien comprendre. Gonflé à bloc par les jeunesses libérales alors sur place, il a appelé la police française. A leur arrivée, il s’est entretenu brièvement avec les éléments qui sont revenus pour me plaquer à terre. C’est le moment choisi par les jeunes libéraux pour éteindre la lumière. Et c’est parti pour les coups de matraque et de pieds. Mon camarade Cheikh Sène, qui a voulu s’interposer, a subi le même sort, avant qu’on ne nous embarque dans le véhicule à bord duquel a pris place Momar Thiam», raconte la victime.
Par ailleurs, ajoute-t-il, leur traitement a été plus dur dans les locaux du commissariat où le consul du Sénégal ne cessait de dire aux policiers : «Il faut bien les bastonner.» Il révèle que le châtiment a duré plus de quinze minutes et il a fallu qu’il perde connaissance pour que les limiers cessent de le battre. «Sur ces entrefaites, j’ai été évacué à l’hôpital où des soins m’ont été prodigués. A ce moment, M. Thiam se pressait pour déposer une plainte contre nous parce que, dit-il, nous avons cassé le matériel d’inscription sur les listes électorales.» D’ailleurs, informe-t-on, plusieurs des membres de l’association que dirige M. Diop et d’autres ressortissants sénégalais se sont offusqués de ce fait et ont improvisé une marche de protestation devant le commissariat.
En outre, Ousmane Diop ne démord pas de sa volonté de réclamer justice et de dénoncer le «comportement irresponsable du consul à l’égard de ses concitoyens contre qui il complote. Il s’agit là, d’un règlement de compte en ce sens que j’ai pu finalement m’inscrire avec le même document, à la suite des excuses des membres de la commission et de la police». Néanmoins, Ousmane Diop révèle avoir commis deux avocats, Mes Ferdinand et Zermati. Ces derniers, avise la victime, ont formalisé une plainte, hier, contre Momar Thiam et les policiers pour voies de faits et violences.
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