Amilcar Cabral fait partie des personnalités politiques du panthéon africain qu’il faut citer en exemple. Trente-huit ans après son assassinat, il reste une référence dans un continent en mal de leader politique. L’anniversaire de son décès avant-hier a été l’occasion de revisiter la pensée du père de l’indépendance bissau-guinéenne.
Dans la nuit du 19 au 20 janvier 1973, Amilcar Cabral, de retour d’une réception à l’ambassade de Roumanie, succombe à des rafales de balles d’un commando devant son domicile à Conakry, alors qu’il était en compagnie de son épouse. C’était au plus fort de la lutte de libération pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et des îles Cap-Vert qu’il avait déclenchée en 1964 avec ses compagnons. Autant dire qu’il ne verra jamais, ni ne profitera de ce pourquoi il a consacré toute sa vie. Puisqu’en septembre 1973, le Portugal, ancien colonisateur vaincu, accorde la mort dans l’âme l’indépendance séparément à la Guinée-Bissau et au Cap-Vert. Mais pour autant, la pensée politique de l’ancien dirigeant historique du Paigc est d’actualité.
Ainsi, à l’occasion du 38e anniversaire de sa disparition tragique, l’ambassade de la Guinée-Bissau à Dakar a organisé, avant-hier, une conférence publique à l’attention des étudiants sur la vie et l’œuvre de Amilcar Cabral. Les ambassadeurs du Maroc, du Brésil, du Cap-Vert, de la Guinée-Bissau, des compagnons de Cabral, des professeurs et de nombreux étudiants ont pris part à la manifestation. Des témoignages plus poignants les uns que les autres ont été dits par les différents intervenants. ‘La lutte pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert n’était pas seulement une lutte politique, mais c’était aussi une lutte pour le développement pour libérer le peuple bissau-guinéen’, estime Pape Diouf, enseignant à l’Institut des Hautes études internationales et du développement à Genève. Avant d’inviter les étudiants à utiliser la pensée du père de l’indépendance de la Guinée-Bissau pour éclairer leurs actions de tous les jours.
A sa suite, Justin Mendy, un journaliste à la retraite ancien d’Afrique Nouvelle qui a eu à effectuer des reportages en compagnie d’Amilcar Cabral dans les ‘zones libérées’ par le Paigc, est d’avis que les étudiants feraient mieux de mieux connaître la pensée de Cabral. Quant au professeur Massamba Lam, il a salué cette initiative de l’ambassade de la Guinée-Bissau à Dakar qui consiste à sortir ‘des forteresses de la diplomatie pour faire une relecture de la pensée d’Amilcar Cabral et pour mieux le faire connaître aux étudiants’. Cependant, il a déploré que l’héritage de Cabral ait été ‘délaissé’.
Pour l’ambassadeur de Guinée-Bissau à Dakar, Mario Cabral, ancien combattant lui-même, ‘Cabral n’a pas vécu ce pour quoi il s’est battu, mais c’est nous qui profitons de cela’. Et de rappeler que si le Cap-Vert et la Guinée-Bissau sont indépendants, c’est grâce à la lutte armée menée par Amilcar Cabral. Embouchant la même trompette, l’ambassadeur du Cap-Vert à Dakar dira que ‘la lutte armée menée par Cabral n’était pas pour la Guinée-Bissau et le Cap-Vert, mais pour toute l’Afrique et l’humanité’. Avant de se demander : ‘Pourquoi, dans toutes les universités, on enseigne la pensée politique d’Amilcar Cabral et pas ici chez nous ?’. Il a aussi invité les Africains à méditer cette phrase célèbre de Cabral : ‘Je suis un simple africain qui tente de vouloir s’acquitter de sa dette envers son peuple et de vivre son époque’.
Pour sa part, l’ambassadeur du Maroc à Dakar, Taleb Barrada, est revenu sur les raisons qui ont poussé le royaume chérifien à soutenir la lutte armée d’Amilcar Cabral. ‘Le Maroc a été le premier pays à croire à la lutte armée de Cabral et a été le premier à lui fournir des armes parce que Sa Majesté le Roi Hassan II avait pris la décision de soutenir toutes les luttes de libération sur le continent puisque le Maroc a été colonisé par plusieurs puissances et a été le premier à conquérir son indépendance dès 1956. C’est dans cet état d’esprit que la femme de Cabral, Anna Maria, a été accueillie au Maroc avec ses enfants’, témoigne-t-il.
De son côté, le Pr Amsatou Sow Sidibé, marraine de la cérémonie, a considéré qu’Amilcar Cabral était un homme politique qui a une ‘vision’ ; en plus, il était ‘quelqu’un d’attachant’, avant d’inviter les étudiants à aller puiser le ‘meilleur’ chez Amilcar Cabral dont un tournoi de football très célèbre en Afrique de l’Ouest porte son nom pour perpétuer son œuvre en direction de la jeunesse.
2 Commentaires
Baz
En Janvier, 2011 (16:45 PM)Aziz
En Janvier, 2011 (16:49 PM)Reply_author
En Juillet, 2021 (15:42 PM)Reply_author
En Juillet, 2021 (16:02 PM)Reply_author
En Juillet, 2021 (16:37 PM)Participer à la Discussion