Pour le troisième Conseil des ministres décentralisé, le gouvernement aura du pain sur la planche dans une région où tout est priorité. La paix, l’économie, le désenclavement et les infrastructures seront des questions sur lesquelles Macky Sall est attendu par les Ziguinchorois.
(Correspondance) - Elles ne prendront certainement pas directement part aux travaux du Conseil des ministres, prévu mercredi dans la capitale du sud, mais, les esprits des populations ziguinchoroises seront tournés vers cette importante rencontre. De laquelle peut dépendre l’avenir de cette région sud du Sénégal déchiré par un conflit fratricide. Mais encore faudrait-il que le gouvernement de Macky Sall prenne en charge un certain nombre de préoccupations urgentes d’une population qui reste accrochée à ce Conseil des ministres. La priorité des Ziguinchorois reste sans nul doute la paix. De plus en plus et d’année en année, ce sujet devient une question de survie. Car, dans cette région, toute une génération a été sacrifiée à cause de ce conflit armé qui a démarré en 1982. «Nous sommes nés dans la guerre, nous avons grandi dans la guerre et malheureusement, nous risquons de vieillir dans cette guerre, si rien n’est fait pour arrêter ce conflit», fait remarquer avec tristesse un étudiant en licence à l’université de Ziguinchor. Comment donc être insensible à cette situation ?
Aujourd’hui, même s’ils ne s’emballent pas trop, compte tenu de tout ce qui s’est passé depuis lors, les Ziguinchorois osent croire à la volonté du nouveau pouvoir de s’attaquer très vite à cette douloureuse question pour que la Casamance retrouve enfin la paix et la stabilité. Surtout que le candidat Macky Sall avait promis pendant la campagne électorale pour l’élection présidentielle de faire de la crise casamançaise une de ses priorités, une fois élu. Les populations du sud attendent donc la matérialisation de cette promesse. Ce Conseil des ministres, que Ziguinchor aura l’honneur et le privilège d’abriter, sera un test grandeur nature pour le président de la République. Macky Sall sera aussi attendu sur la question du développement de la Casamance. Il s’agira en fait de mettre en place un programme d’accompagnement du processus de paix. Déjà, le terrain n’est pas vierge, puisque l’ancien régime avait porté sur les fonts baptismaux le Programme de relance des activités économiques et sociales en Casamance (Praesc). Un programme dont la mise en œuvre est confiée à l’Agence nationale pour la relance des activités en Casamance (Anrac). Il s’agira donc pour le nouveau régime de corriger les imperfections en donnant plus de moyens à cette structure.
Seulement, il est inconcevable que Ziguinchor, qui fait partie des localités les plus touchées par le conflit, soit oubliée dans la reconstruction de la Casamance. C’est pourtant le cas, jusqu’à présent en tout cas. Si bien qu’aujourd’hui, la capitale du sud ressemble à une commune rurale avec une voirie délabrée et vétuste, des infrastructures inexistantes, disparues avec le conflit, une économie en lambeaux avec des usines qui ont presque toutes fermé. C’est d’ailleurs un des chantiers sur lesquels Macky Sall est attendu par les populations. Dans ce registre, peut également être placée la problématique du désenclavement de la Casamance. Un vaste programme qui devrait prendre en compte, selon les populations, la construction d’une route de contournement de la Gambie, d’un pont sur le fleuve Gambie, de la route nationale No 6, etc. A cela s’ajoute un désenclavement interne, aérien et maritime. Dans ce chantier, les populations du sud s’attendent à ce que d’autres navires soient mis en circulation entre Dakar et Ziguinchor, mais aussi, que le tarif des billets d’avion entre ces deux villes soit revu à la baisse. Toutes ces préoccupations partagées devraient atterrir sur la table du Conseil des ministres avec l’espoir que Macky Sall prendra des engagements allant dans le sens de rassurer les Ziguinchorois, y compris les militants de la coalition Benno Bokk Yaakaar. Lesquels se sont engagés pour leur part à soumettre un document contenant toutes ces questions à leur leader.
MOBILISATION - LE CAMP DE MACKY INVESTIT ZIGUINCHOR : Les «Apéristes» préparent un accueil royal pour leur chef
Pour sa première visite à Ziguinchor en tant que président de la République, Macky Sall aura droit à un accueil royal. La promesse a été faite par les militants de l’Apr qui entendent «transformer» le Conseil des ministres en rendez-vous entre un leader et ses militants.
«Nous n’allons pas lésiner sur les moyens pour accueillir le président Macky Sall». Cette promesse du responsable départemental de l’Apr à Ziguinchor montre jusqu’où les militants de ce parti sont prêts à aller pour rendre inoubliable et agréable le séjour du tombeur de Me Abdoulaye Wade. Certes, la campagne électorale pour les législatives bat son plein, mais les «Apéristes» de Ziguinchor semblent concentrés sur cet événement. A en croire Modou Badji, «nos militants vont battre le rappel des troupes pour montrer à Macky Sall que Ziguinchor s’attache à lui». Depuis l’annonce de la tenue du Conseil des ministres à Ziguinchor, en effet, les militants de l’Apr ont retroussé les manches pour faire de cet événement un moment de communion. Il s’agit, en fait, de célébrer la victoire dans une ville qui était pourtant considérée comme la chasse gardée des libéraux, à leur tête, le maire de Ziguinchor, Abdoulaye Baldé.
En moins de deux semaines, plusieurs réunions ont été organisées pour mettre les petits plats dans les grands. Ainsi, plusieurs activités sont retenues par les militants de l’Apr. Le premier acte, qui a été posé, est l’opération de nettoiement de la ville intitulé «Zig set wecc». Pendant des jours, des groupes de jeunes ont envahi les points stratégiques de la ville avec un engagement qui n’a d’égal que leur attachement à leur leader. A la gouvernance par exemple, plusieurs dizaines de personnes, hommes et femmes s’activent depuis jeudi dernier pour rendre les lieux attrayants. «Nous voulons donner une bonne image de notre ville», nous répond-on, lorsque nous tentons de comprendre les raisons de ce soudain sursaut de civisme. C’est cette même détermination que Modou Badji et ses camarades de parti veulent montrer, mardi prochain. «Nous allons nous mobiliser dans tous les quartiers pour montrer notre puissance», se vante Mariama Diallo. Qui pense que, pour cette première visite de leur leader à Ziguinchor, tout doit être mis en œuvre pour gagner le pari de la mobilisation. Une démonstration de force que les «Apéristes» entendent faire aussi bien à l’aéroport de Ziguinchor qu’au centre-ville où se tiendra le Conseil des ministres de mercredi.
MESURE - CONSEIL DES MINISTRES A ZIGUINCHOR : Quelle sécurité pour le président ?
Dans quelques heures, Ziguinchor accueillera les plus hautes personnalités de ce pays pour le troisième conseil des ministres décentralisé. Un événement qui risque de poser un réel défi sécuritaire dans une région où l’instabilité est quasi permanente.
C’est ce mardi que le président de la République devrait normalement arriver à Ziguinchor. Certes, ce ne sera pas son premier séjour dans la capitale du sud, mais, c’est la première fois que Macky Sall y vient en tant que chef de l’Etat. Cette visite, si importante soit-elle, aurait pu être comme n’importe quel séjour si elle ne se déroulait pas dans une région qui s’appelle, la Casamance avec ses braquages, ses attentats, ses meurtres, bref, ses bandes armées qui y entretiennent la terreur depuis des décennies. C’est la capitale de cette région «rebelle», caractérisée par la violence, qui accueille le chef de l’Etat. Alors, quelle sécurité pour le président ? Certes, il est difficile de percer le mystère qui entoure la stratégie sécuritaire qui va caractériser le séjour présidentiel, mais c’est un secret de polichinelle que de soutenir que la capitale du sud aura droit à un déploiement sécuritaire spécial.
Un avant-goût avait même été donné pendant le séjour de quelques heures du ministre des Affaires étrangères, présent à Ziguinchor pour les besoins de la cérémonie de restitution des terres déminées. Ce jour-là, sur le chemin de Gonoum et Gouraf, un imposant dispositif militaire avait été déployé par l’armée. Les troupes au sol étaient appuyées par un hélicoptère de combat. Rien donc n’avait été négligé pour assurer la sécurité du ministre des Affaires étrangères, Me Alioune Badara Cissé. On suppose que ce dispositif sera même renforcé, car, il s’agira cette fois-ci de la sécurité du président et de celle des membres de son gouvernement. Bref, c’est de la sécurité de la République qu’il est question. Les forces de sécurité auront donc fort à faire pour relever le défi dans une région où les autorités sont perçues par les indépendantistes du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc) comme l’incarnation d’un pays ennemi contre lequel ils se battent depuis trois décennies.
Mamadou Papo MANE
8 Commentaires
Agriculteur
En Juin, 2012 (16:47 PM)Telbi
En Juin, 2012 (17:19 PM)La Cohérence du vote du 25 mars voudrait que l'on continue à se débarrasser du système Wade au soir du 1er Juillet en élisant une Assemblée de rupture avec Benno Bokk Yakaar qui cristallise l'essentiel des forces du 23 juin, des Assises Nationales qui œuvrent au service du Peuple. Je donnerai mon vote à Bokk Yakaar pour permettre une majorité de rupture à l'Assemblée.
Layri
En Juin, 2012 (18:53 PM)Hatila
En Juin, 2012 (19:00 PM)Louve
En Juin, 2012 (23:10 PM)Abdoulaye Ka
En Juin, 2012 (00:18 AM)Rahne
En Juin, 2012 (05:17 AM)Ampa Diedhiou
En Juin, 2012 (11:21 AM)Participer à la Discussion