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Politique

Troubles bipolaires: Comment améliorer la prévention chez les jeunes?

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Illustration d'une dépression, un des signes des troubles bipolaires, où les crises maniaques et dépressives se succèdent. - Pixabay

« Sept ans, huit spécialistes et un passage en hôpital psychiatrique ». C’est le douloureux labyrinthe emprunté par Lou Lubie avant d’arriver à un diagnostic : la bipolarité. Ce jeudi 30 mars, la 3e journée mondiale des troubles bipolaires* permettra peut-être de faire mieux connaître cette maladie qui touche entre 650.000 à 1,6 million de Français. Notamment beaucoup de jeunes : 70 % des patients ont leurs premiers symptômes avant 25 ans. Problème, il y a environ dix ans de retard entre un premier épisode et la mise en place d’un traitement régulateur de l’humeur. Comment mieux diagnostiquer cette maladie chez les jeunes ?

Reconnaître un trouble bipolaire

Premier pas : une meilleure information sur ces troubles bipolaires divers et méconnus. Cette maladie se caractérise par une alternance d’épisodes dépressifs et maniaques. « L’image que les films et les médias donnent de la bipolarité est souvent si extrême que c’est difficile de s’y reconnaître !, explique Lou Lubie, une Parisienne cyclothymique et auteure de la BD Goupil ou face qui retrace son parcours du combattant. Pour ma part, je savais bien que je faisais des dépressions, mais je n’avais absolument pas remarqué mes élévations d’humeur. Je les trouvais normales, comme tout le monde a des jours avec et des jours sans. Il me manquait un référentiel pour me rendre compte que ça rentrait dans le domaine du pathologique. Mais c’est difficile d’avoir ce recul sur soi-même quand on n’est pas informé, c’est pourquoi j’ai écrit Goupil ou face ! »

« La sensibilisation a permis de changer le regard sur l’autisme, pour les troubles bipolaires, c’est en cours !, s’enthousiasme Le Dr Pierre Geoffroy, psychiatre spécialiste des troubles bipolaires à l’hôpital Fernand Widal à Paris. Mais il faut continuer pour que les parents repèrent mieux les signes inquiétants. »

Justement, comment différencier gros spleen et bipolarité ? « Cette pathologie touche l’humeur et le niveau d’activité, reprend le Dr Geoffroy, auteur de Savoir pour guérir les troubles bipolaires. On différencie une émotion de l’humeur par la durée : un épisode dépressif dure plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Et il se manifeste par des idées noires sur tout, mais aussi un ralentissement moteur : le patient va avoir moins d’appétit, moins de désir sexuel, plus sommeil, du mal à se lever et même à parler. »

Accepter la maladie

Mais une fois le doute instillé, encore faut-il passer à l’acte. « Il ne faut pas négliger les réticences à consulter, explique Lou. Certaines personnes sont allergiques aux psys en tous genres. Beaucoup finissent par se décourager après plusieurs rendez-vous infructueux ou diagnostics erronés. Et quand on se coupe de l’aide médicale, ce sont encore plus d’années perdues. »

Et une fois le diagnostic posé, pas facile de suivre son traitement. « Souvent, les jeunes arrêtent leur traitement pour voir s’ils s’en sortent sans », souligne le psychiatre.

Autre préjugé à combattre : « paradoxalement, les troubles bipolaires sont un peu à la mode, critique le psychiatre, qui rappelle que Vincent Van Gogh et Curt Cobain en souffraient. Certains adolescents pensent qu’être bipolaire rend original… Mais un artiste en crise dépressive comme maniaque ne peut pas créer ! Ce n’est pas une simple baisse de moral mais une vraie maladie très handicapante. »

L’Organisation mondiale de la Santé a d’ailleurs classé ces troubles bipolaires parmi les dix pathologies les plus invalidantes pour le patient. « Un patient sur deux fera une tentative de suicide. Et un patient non traité va faire des crises maniaques et dépressives plus rapprochées et plus intenses », tranche le spécialiste. D’où l’importance de poser un diagnostic assez tôt chez un jeune en détresse.

Sortir des clichés sur l’âge

Lou a fait sa première crise à 16 ans. Mais a collectionné les clichés : « Tu es trop jeune pour faire une dépression », « Tu as tout ce qu’il faut pour être heureux (se) »… Alors que le pic des symptômes arrive avant 25 ans.

Poser un diagnostic de trouble bipolaire sur un adolescent est d’autant plus compliqué que parents comme soignants peuvent penser que les sautes d’humeur sont liées au tsunami d’hormones. « C’est rassurant de blâmer une crise d’adolescence, parce qu’on sait que ça va passer », résume Lou.

Faire attention aux symptômes moins visibles

« Un épisode maniaque bruyant, pendant lequel le patient va monter quantité de projets, multiplier les dépenses, permet d’accéder rapidement à des soins. Mais souvent, les patients qui font des crises hypomaniaques, moins visibles, ont un diagnostic plus tardif. »

« La bipolarité type I (autrefois appelée maniaco-dépression), plus médiatisée, éclipse un peu le reste du spectre bipolaire, renchérit Lou. Je souffre de cyclothymie, qui est une forme dite"atténuée" de bipolarité. Ce n’est pas moins grave, mais les manifestations sont moins extrêmes et donc moins évidentes. Une personne cyclothymique ne délire pas, ne sort pas toute nue dans la rue ! »

Identifier la bipolarité parmi d’autres troubles

Enfin, dernier challenge pour l’entourage comme les psychiatres : il faut bien différencier les troubles bipolaires de quantité d’autres maux qui se déclarent pendant l’adolescence. « Souvent, d’autres troubles comme l’anorexie, la schizophrénie, des TOC peuvent faire passer à côté du diagnostic de bipolarité », souligne le psychiatre.

Autre difficulté : la consommation de drogue et d’alcool : « Si un jeune prend de la coke et fait un épisode maniaque, on peut croire que c’est à cause de cette drogue. » Et Lou de conclure : « On risque alors de plus se focaliser sur ces problèmes secondaires plutôt que de traiter le problème à la racine. Ça aussi, ça peut être une perte de temps ».



1 Commentaires

  1. Auteur

    Anonyme

    En Mars, 2017 (20:42 PM)
    Malheureusement nous sénégalais te diront ay rab la ou khalebi dafa rew

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