Un marabout sénégalais invite les Israéliens à la tolérance

Seydina Issa Laye Thiaw, fils aîné de l’actuel khalife général des Layènes, a fait l’éloge des valeurs de tolérance et de respect de la diversité des cultes et des communautés, devant des officiels et des religieux en Israël, en vue de montrer la voie de la paix et du progrès durables.

 

Dans un texte remis à l’envoyé spécial de l’APS, M. Thiaw a souligné la tolérance comme une des valeurs de l’Humanité. ‘’Clé de voûte des droits humains, du pluralisme et de la démocratie, elle implique l’ouverture, le dialogue, la connaissance et le respect de l’autre’’, a-t-il indiqué.

 

Seydina Issa Laye Thiaw fait partie d’une délégation de représentants de khalifes sénégalais invitée dans le cadre des activités du Département pour la lutte contre l’antisémitisme du ministère israélien des Affaires étrangères, un projet confié à Gideon Bahar, ancien ambassadeur à Dakar.

 

La délégation est composée aussi de Mounirou Ndiéguène (Thiès), El Hadj Abdoulaye Niasse (Kaolack) et Mouhamadou Habibou Hann (Omarien), mais aussi de Mouhamed Fadel dit Serigne Fallou Dieng qui dirige le Cercle des intellectuels soufis du Sénégal.

 

‘’C’est une vertu qui rend la paix possible, et sans la paix, il ne saurait y avoir ni progrès, ni développement durables’’, a indiqué M. Thiaw parlant de la tolérance devant des officiels israéliens, mais aussi des chefs de confréries soufies dans la communauté arabe israélienne.

 

‘’La tolérance, c’est aussi que chacun puisse bénéficier de chances économiques et sociales sans discrimination. L’exclusion et la marginalisation sont source de frustration, et peuvent conduire à l’hostilité, au fanatisme, et alimenter l’intolérance’’, a-t-il insisté devant des ambassadeurs d’Israël.

 

A l’instar des autres membres de la délégation, le fils aîné du khalife des Layènes a rappelé l’importance de la place de la promotion de la tolérance dans la lutte contre le terrorisme. Conseiller municipal de la ville de Dakar, M. Thiaw a travaillé au ministère des Affaires étrangères.

 

‘’L’islam est une religion de paix, d’amour et de tolérance’’, a-t-il poursuivi, s’offusquant particulièrement des représentations erronées mises en scène par ‘’certains cercles’’ qui tentent de présenter la profession de foi du prophète Mohamed comme anti-juive et anti-chrétienne.

 

Seydina Issa Laye Thiaw s’est fait l’écho du 40ème verset de la sourate Al-Hajj, portant sur le respect strict des lieux de cultes des juifs et des chrétiens. ‘’Dans le Coran, a-t-il relevé, les monastères, les églises et les synagogues sont mentionnés comme des lieux de culte protégés par Dieu.’’

 

‘’A la variété des courants religieux et des écoles juridiques s’ajoute l’hétérogénéité engendrée par les traditions locales et l’histoire politique (l’empreinte d’une colonisation)’’, a-t-il souligné pour toutefois faire remarquer que cette diversité est porteuse d’une ‘’coopération fructueuse’’.

 

Cependant, des obstacles et préjugés freinent les efforts de compréhension entre cultes différents. M. Thiaw, qui ne s’offusque pas outre mesure du terme marabout-politicien, a signalé les oppositions au sein du monde musulman, mais aussi les conflits entre l’islam et l’espace culturel occidental.

 

‘’Le principal problème de notre temps est à chercher dans la crise des écoles. La plupart des errements qu’on observe de nos jours résultent des interprétations diversifiées venant des différentes écoles théologiques’’, a noté Seydina Issa Laye Thiaw.

 

Il a insisté sur le cas spécifique des conflits entre musulmans. ‘’L’absence d’ouverture vers la pensée de l’autre débouchait pour les différentes écoles sur des sortes de voies sans issue qui ne rendent pas beaucoup service au rayonnement de l’islam’’, a-t-il soutenu. 

 

A cet effet, l’ex-député à l’Assemblée nationale a rappelé les vertus du modèle de cohabitation religieuse qui fait la fierté de ses compatriotes tout en suscitant l’émerveillement aussi des étrangers, dont des officiels israéliens à leur rencontre avec les membres de la délégation sénégalaise.

 

‘’Au Sénégal, par exemple, il existe des confréries religieuses --comme nous les représentons ici, toutes d’obédience musulmane qui ont cohabité et continuent de le faire sans que cela ne nuise au sentiment d’appartenance à une seule et même nation’’, a-t-il également confié aux Israéliens.

 

‘’Ces communautés vivent en parfaite harmonie avec la communauté chrétienne, pourtant minoritaire, sans qu’aucune entre elles ne se sente menacée par l’une ou l’autre de quelque forme que ce soit’’, a estimé le représentant du khalife des Layènes.

 

M. Thiaw a rappelé les 20 ans de règne de l’ancien président Léopold Sédar Senghor dans un pays à forte majorité musulmane, mais aussi les cimetières mixtes de Joal et Ziguinchor, pour musulmans et chrétiens.

 

A la gloire du pays, le marabout a rappelé qu'auparavant, les dignitaires musulmans lébous avaient offert le site de la cathédrale de Dakar aux missionnaires catholiques.