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Politique

UN NOUVEAU MOUVEMENT REBELLE APPARAÎT EN CASAMANCE :Salif Sadio crée le Milic pour supplanter le Mfdc

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UN NOUVEAU MOUVEMENT REBELLE APPARAÎT EN CASAMANCE :Salif Sadio crée le Milic pour supplanter le Mfdc
Le Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc) ne lui paraît plus convenable pour porter la cause indépendantiste en Casamance. Salif Sadio, le plus belliqueux des chefs de guerre de la rébellion s’engage dans la création et l’implantation d’une nouvelle organisation, le Mouvement pour l’indépendance et la libération de la Casamance (Milic), pour en faire le moteur de son combat.

Une nouvelle organisation rebelle est en train de voir le jour en Casamance. Elle se nomme Mouvement pour l’indépendance et la libération de la Casamance (Milic). Salif Sadio, chef de la branche radicale de l’aile combattante de la rébellion serait à la base de cette initiative. Plus exactement, Sadio semble avoir récupéré à son compte une idée qu’il a trouvée sur le terrain lorsqu’en avril dernier, il est arrivé dans le nord de la Casamance, en provenance de son quartier général de Bindialoum - Baraka Mandioca, vers la frontière bissau - guinéenne. A sa conception initiale, le Milic qui est né en territoire gambien, précisément dans le secteur de Birkama, n’avait pas pu exister. On en a parlé, il y a 6 à 8 mois, puis l’idée a été classée. Plus récemment, Salif Sadio qui, manifestement, ne se retrouve plus dans le mouvement rebelle originel qu’est le Mfdc, a décidé de s’approprier du projet du Milic et de travailler à sa réalisation. Et il est engagé en plein dedans, avec, vraisemblablement, le parrainage de la Gambie. A l’état actuel des choses, il semble cependant que le Milic est confronté à un problème de constitution d’une aile politique, et particulièrement d’un leadership dans ce domaine. La personnalité de Salif Sadio ne facilite pas l’intégration de cadres civils de bon profil pour manager l’organisation et la représenter dans la vie publique. Il y a Alexandre Djiba, l’ancien porte-parole du Mfdc, qui se montre particulièrement intéressé par la direction politique du nouveau mouvement. Mais, selon toute vraisemblance, Djiba a quelques difficultés pour se connecter au chef de guerre exerçant sa tutelle sur le Milic. Surtout, le même Djiba a beaucoup d’appréhension pour une rencontre avec le chef de guerre en question. « Salif le tuerait sans hésiter », assurent tous ceux qui connaissent bien la réalité de la rébellion casamançaise. C’est que le premier a commis une faute impardonnable aux yeux du second. Au mois de mars dernier, lorsqu’il fut question pour la coalition Magne Diémé - César Badiat épaulée par l’armée bissau - guinéenne de prendre les armes contre Salif Sadio, Alexandre Djiba, bien que n’étant pas un combattant, s’était joint à la coalition, et siégeait de manière plus ou moins informelle à l’état - major de circonstance implanté à Kassolol. Autrement dit, il a participé à la guerre fratricide que les hommes de Mahmouda et ceux de Kassolol ont livrée aux troupes de Sadio. Celui-ci, ayant survécu à l’opération, se fait un honneur de solder les comptes avec ses anciens assaillants. Après avoir durement malmené Magne et les siens dans le Bignona, il a été obligé de battre en retraite vers la Gambie, suite à une intervention des forces régulières sénégalaises. Depuis lors, on le signale dans le secteur de Sibanor - Bulok, avec des difficultés de mouvement à travers la frontière que l’armée nationale a prise sous sa surveillance.

Une donne nouvelle

Alexandre Djiba qui était de moins en moins toléré par les combattants du clan de Mahmouda l’ayant accueilli depuis son expulsion de la Gambie il y a environ deux ans, a quand même recouvré sa liberté de fréquentation et de mouvement dans ce pays où il séjourne présentement. Il s’y s’active, pour le moment sans succès, pour entrer en contact avec le président Jammeh dans l’espoir que celui-ci pourrait appuyer sa candidature au poste de premier responsable politique du Milic ; ce qui le réhabiliterait et même l’anoblirait aux yeux de Salif Sadio, vu le soutien important que le chef de guerre attend de l’homme fort de Banjul. C’est à la suite de ses contradictions profondes avec les autres franges du Mfdc que Salif Sadio a décidé de créer son propre mouvement. Ces contradictions ont atteint un degré radical lorsque les autres groupes armés de la rébellion se sont coalisés en mars dernier pour entrer en guerre contre lui, avec manifestement la caution tacite de Diamacoune et l’approbation de certains autres acteurs de la crise. Manifestement, Salif Sadio ne se retrouve plus dans ce mouvement pour lequel il se bat depuis une quinzaine d’années, et qui s’est ligué pour se payer sa tête. La création du Milic introduit une donne nouvelle dans le dossier casamançais déjà complexe, mais il semble prématuré de se prononcer sur la valeur et le sens de cette donne. D’un certain point de vue, le nouveau mouvement pourrait capter tout ce que la rébellion compte de radicaux, ce qui pourrait avoir comme conséquence de faciliter l’émergence d’un Mfdc réunifié dans une orientation modérée, avec lequel l’Etat pourrait négocier avec des chances de succès. Cette perspective semble d’autant plus attirante que Salif Sadio, avec la réputation et le parcours qui sont siens, pourrait éprouver beaucoup de difficultés à recruter massivement dans son mouvement des individus autres que ses propres combattants. L’homme inspire en effet la peur, à un point tel, que dans bien des cercles de la rébellion originelle, on préfère ne pas se compliquer la vie en se mettant avec lui dans un compagnonnage qui pourrait se révéler rapidement contraignant. L’envers de la médaille, c’est cependant les risques véhiculés par l’existence d’un mouvement rebelle placé sous le contrôle exclusif du même Salif Sadio, lequel, à ce jour, n’a jamais manifesté la moindre disponibilité à envisager une autre issue à la crise que celle qu’imposeraient les armes.



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