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Politique

UNE AUTRE LECTURE DU FORT TAUX D’ABSTENTION AUX LEGISLATIVES : Un revers personnel de Wade

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UNE AUTRE LECTURE DU FORT TAUX D’ABSTENTION AUX LEGISLATIVES : Un revers personnel de Wade

Le vieux Amadou Samb, un grand griot avec beaucoup de sagesse qui a longtemps vécu à New York, disait de certains individus que « booleen defalee lu baax du_u la gërëm, danu naan sama darajaa ni la tollu » (Si vous leur rendez un service ils ne vous remercient pas, ils considèrent que c’est un honneur dû à leur rang). 

Evidemment, la première explication de la faiblesse du taux de participation peut être attribuée à l’appel au boycott des dirigeants des partis qui ont cristallisé sur leurs noms, plus 40% des suffrages à l’élection présidentielle. Il y a aussi l’absence d’enjeu. Les autres raisons qui vont suivre pouvaient perdre de leur pertinence si la coalition Sopi n’avait pas basé toute sa campagne sur le fait qu’elle a été menée au nom, pour le compte et au service de Abdoulaye Wade. Logiquement, ce dernier qui a aussi mis tout son poids, son argent et prestige sur la balance, est donc personnellement sanctionné par les électeurs et non ses lieutenants qui ont tout fait en son nom et avec sa bénédiction.

Mais pourquoi Wade a pu être désavoué par les Sénégalais qui l’ont plébiscité il n’y a pas si longtemps ?

Les premières réactions de Abdoulaye Wade et son entourage après sa brillante réélection au soir du 25 février ont tout l’air de suggérer que le Président a une lecture de sa victoire qui l’a amené à des attitudes qui ont certainement dû lui aliéner beaucoup d’électeurs. On a eu comme l’impression que Wade a considéré que les Sénégalais lui ont donné carte blanche pour faire ce qu’il veut.

Après une campagne électorale très animée, quelques fois empreinte de tension verbale, le candidat du Sopi prend un temps inhabituel avant de s’adresser aux Sénégalais. Là où le peuple s’attendait à un discours de remerciement et de réconciliation, c’est un Abdoulaye Wade colérique, avec un discours belliqueux qui parle à la télévision nationale pour menacer d’envoyer en prison ses trois suivants immédiats dans l’ordre d’arrivée des résultats de la présidentielle.

Il parle de Niasse qui a acheté une maison il y a de cela 34 ans à un prix que le chef de l’Etat juge aujourd’hui dérisoire. Ousmane Tanor Dieng serait l’auteur d’un détournement de grosses sommes d’argent. Le président connaissait le délit depuis des années, mais par-dessus la tête de la justice, il avait demandé de différer les poursuites judiciaires pour des raisons politiques, selon ses propres déclarations.

Idrissa Seck, à qui on avait quelques semaines avant, demandé de revenir travailler aux côtés du chef et qu’on avait blanchi au passage, fait l’objet d’accusations graves de détournement de milliards (14 ou 40) de francs Cfa, dont le patron détiendrait la reine des preuves : l’aveu écrit et signé plusieurs mois auparavant.

Ces faits sont accompagnés d’une maladresse de taille. Le fils Karim Wade qui jusque là était relativement discret vis-à-vis de la politique partisane, est présenté en « prime time TV » aux Sénégalais comme l’un des meilleurs fils, si ce n’est le meilleur du pays. « Bu doon Kajoor ga ma dëkk man ak Wade dey, kenn du fa wax sama doom gën ci doom yi ».

Dans la même lancée, l’intervenant déclare que quoi qu’il advienne, il utilisera tous les moyens constitutionnels à sa disposition pour que Idrissa Seck ne soit pas son successeur à la tête du pays. Xel day jàpp ne ku sana sempi, wara sana samp. (Quiconque a le droit d’éliminer doit avoir le droit d’introniser).

Immédiatement après le plébiscite, les prix d’un grand nombre de denrée de grande consommation flambent sans que les Sénégalais ne sentent, ne serait-ce qu’une intervention de consolation de la part du gouvernement ou du président de la République.

Les délestages opérés par la Senelec que le candidat Wade avait promis de régler au mois d’octobre dernier reviennent de plus belle. Et personne ne s’explique. Comble d’exemple de décision solitaire, Samuel Sarr qui était le directeur général de la Senelec lorsque cette société martyrisait les consommateurs est revenu comme ministre de l’Energie.

Pendant que les populations sont confrontées à des difficultés de toutes sortes, le débat sur la nécessité ou non d’achat d’un nouvel avion survient est lancé. A la place d’une déclaration claire, le chef revient de voyage pour dire à ses compatriotes, que s’il voulait s’acheter un nouvel aéronef, il ne demanderait l’autorisation à personne. Tout au plus, il informerait l’Assemblée nationale pour une loi rectificative des finances. C’est comme si la question des moyens financiers ne se posait pas au pays. Et comme si l’Assemblée nationale n’était qu’une chambre d’applaudissement ! Cette conception de simple boîte aux lettres qu’a le locataire de l’Avenue Roume du rôle de l’institution parlementaire a aussi grandement contribué à dire aux électeurs que de toute façon, le seul décideur dans ce pays est déjà élu. Pourquoi alors se fatiguer à élire des députés qui ne sont que des jouisseurs d’avantages non mérités.

Se rend-on compte que les électeurs ont vu que les membres de cette législature sortante sont les propres auteurs de l’humiliation du parlement en votant une loi qui lui retire ses prérogatives de deuxième institution de la République, à quelques semaines du scrutin ? Qu’y avait-il d’urgent à créer un Sénat avant les élections ? Sinon que le Prince en avait décidé ? La loi sur la parité a subi un traitement pire : elle est soumise à la conférence des présidents le même jour, qui la passe illico presto à la commission qui devait l’étudier et cette dernière la fourgue à la plénière qui l’adopte à une vitesse supersonique.

On est vraiment loin de l’année 1999 quand le candidat Wade écrivait dans son programme électoral qu’il allait « encourager les députés à prendre des initiatives en matière de loi ».

D’ailleurs, parlant de cette lecture que le Secrétaire général du Pds a des résultats de la présidentielle, comment le Président peut -il penser qu’un Sénat à qui est allouée la place de deuxième institution peut-il être composé à 65%, de membres désignés au lieu d’être élus ?

Et comme le Gardien de la constitution entame son deuxième mandat que beaucoup considèrent comme le dernier, le fait de s’adjuger à lui seul, le pouvoir de composer l’institution qui va être dirigée par son successeur constitutionnel, peut être aussi une autre raison de faire peur à ceux qui ont voté pour lui, mais pour lui seulement. Quant au choix de son remplaçant, un grand nombre de ceux qui lui ont donné leurs suffrages ne lui donnaient certainement pas le pouvoir de leur dire « après moi, je vous passe à un autre ».

Ces mêmes partisans non dépendants de son pouvoir de nomination ou de pourvoyeur d’avantages matériels, avaient, pour une grande part, considéré que voter pour l’occupant du palais éliminerait le risque de l’inconnu. Mais quand ces supporters commençaient à assister un débat national sur l’éventualité d’une ascension de Karim Wade au fauteuil présidentiel tant convoité, certains se sont dit : « ah celui-là, on lui donne la main et il semble réclamer tout le bras ».

Last but not least, quelle maladresse que de se faire délivrer un récépissé de déclaration pour la « Génération du concret » à la veille des élections ! Ku tudd Macky toon_ ko. Walla boog ?



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