A peine installé, le nouveau maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall, est appelé à arbitrer un dossier explosif. Il s’agit du dossier des 36 hectares que l’Etat a obtenus dans l’emprise aéroportuaire, côté Mamelle aviation, pour y construire 10 villas présidentielles pour les besoins du dernier sommet de l’Oci. Un an après la tenue de ce sommet, les villas ne sont toujours pas construites. Mieux, le terrain a été attribué à des promoteurs privés au détriment des travailleurs de l’aéroport, qui n’entendent pas laisser passer cette affaire sans réagir.
Interpellé, hier, sur la question, le maire de Dakar, qui a eu vent, a confié qu’il va «rencontrer, la semaine prochaine, les syndicalistes de l’aéroport pour s’informer, d’abord, de la situation», avant que l’irréparable ne se produise, car les syndicalistes menacent.
Servitudes levées en toute illégalité
D’après les documents dont nous avons copies, le comité restreint des servitudes aéronautiques s’était réuni le 16 octobre 2007 à la salle de conférence de l’Agence nationale de l’aviation civile du Sénégal (Anacs) à 10 heures 30. Avec comme ordre du jour, la levée des servitudes sur le terrain de l’Asecna pour le projet de résidences Vip dans de l’emprise aéroportuaire. Dans les normes, les structures comme la Haute autorité de l’aéroport (Haalss), le représentant de l’Asecna au Sénégal, l’Agence des aéroports du Sénégal (Aans) et l’Anacs devaient être représentés à cette réunion. Mais, il n’y avait que trois personnes à cette rencontre : un représentant de la Haalss et deux représentants de l’Anacs. Alors même que les 36 hectares en question font partie du titre foncier appartenant à l’Asecna depuis 1959, date de création de l’organisation interétatique. Les travailleurs ont dénoncé cette situation.
L’aéroport menacé de fermeture
Le morcellement des hectares en question était en train de se faire à l’insu des travailleurs de l’aéroport. Mais, ils seront alertés par le vol de 300 mètres de câbles de fibre optique lors du morcellement dudit terrain. Car, la communication a été interrompue pendant quelques minutes, mettant en danger la vie de plusieurs centaines de personnes. Après cela, le syndicat des cadres, qui a voulu porter plainte, est entré en contact avec les promoteurs des projets immobiliers. Face à un blocage noté dans les discussions, l’Intersyndicale des travailleurs de l’aéroport a décidé d’engager une bataille pour bénéficier de ces terrains. Et ils sont en train de confectionner un préavis de grève, après avoir reçu mandat d’utiliser les moyens en leur possession pour obtenir gain de cause. Certaines indiscrétions parlent de fermeture prochaine de l’aéroport après le dépôt d’un préavis.
Des personnalités de l’Etat déjà servies
Ce qui a le plus enragé les travailleurs de l’aéroport, ce n’est pas le fait que les servitudes soient levées dans l’illégalité, car c’était pour des raisons d’utilité publique. Mais, plutôt, le fait que 36 hectares soient réquisitionnés, pour seulement 10 villas, jusque-là non construites. Pis, un ministre de la République s’est servi une part dans les 36 ha, après le sommet de l’Oci. Un lot que le mis en cause a déjà morcelé et commencé à vendre, avec la complicité de certaines autorités de l’appareil étatique.
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