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Politique

Wade et la délégation de Rewmi : Dana leen ko defaat de ! (Il les aura encore)

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Wade et la délégation de Rewmi : Dana leen ko defaat de ! (Il les aura encore)

Au lendemain de l’élection présidentielle du 25 février dernier, un militant engagé d’Idrissa Seck, très actif dans le domaine des Nouvelles technologies de l’Information et de la communication (Ntic) me disait, la mort dans l’âme : « Grand, je suis fâché contre Idrissa Sseck. Il lui aurait fallu quelque six petits points de plus pour envoyer Abdoulaye Wade au deuxième tour. Mais il a attendu la veille du scrutin pour rencontrer Wade et perdre de la crédibilité vis-à-vis d’un grand nombre de ses électeurs ». 

On se rappelle la sortie du président Abdoulaye Wade à la suite de son audience avec Idrissa Seck, le jour même du dépôt de candidature de ce dernier à l’élection présidentielle. Abdoulaye Wade, qui était supposé à ce moment-là, être un adversaire de Idrissa Seck à la présidentielle, disait à la face du monde que son concurrent allait revenir au Pds. Cette déclaration avait installé le doute non seulement dans l’esprit des alliés de Rewmi de l’époque dans l’opposition, mais a eu des effets dévastateurs dans l’électorat de manière générale.

Visiblement, cette déclaration avait surpris Idrissa Seck, qui est resté plus de trois jours avant de se décider à répondre… Laconiquement. Pas de démenti, pas de confirmation. Ce n’est que quelques jours avant le vote que le maire de Thiès a pu revenir sur une position de combat. C’était trop tard.

Cette grande manœuvre était précédée de toute une batterie de mesures qui ont fortement affaibli Idrissa Seck. L’épée des commissions rogatoires qui surveillaient tous les mouvements de fonds opérés par le patron de Rewmi était suspendue au-dessus de sa tête. Qui plus est, il a été intimidé physiquement quelques semaines auparavant, avec l’arrestation plus que bizarre, de son garde du corps, lors d’un de ses voyages à Saint Louis. De la même manière, Moustapha Niasse s’était fait avoir pendant la période pré-présidentielle en rencontrant Abdoulaye Wade en audience sans en discuter avec ses alliés. En sortant de l’audience, Moustapha Niasse avait déclaré qu’il était venu discuter avec Abdoulaye Wade de ce que tous les deux pouvaient faire ensemble pour le pays « en plus de ce qu’il (Wade) faisait déjà ».

Tanor Dieng du Parti socialiste avait une attitude très claire « d’opposition » face à ce qui ressemblait à une tentative de report de l’élection. A ce jour, il n’est pas sûr que si le recours de l’opposition n’avait pas servi de prétexte pour découpler la présidentielle et les législatives, on aurait voté, pour les deux scrutins, au mois de février.

Tout cela pour rappeler que face à la menace d’une élection dont l’issue était plus qu’incertaine pour le Pape du Sopi, ce dernier est parvenu à désorienter tous ses adversaires et à gagner sans difficulté.

Aujourd’hui, les élections sont derrière nous. Les Sénégalais qui ne sont pas contents de la politique menée par leur président n’ont plus une opportunité politique pour le lui faire comprendre. Son parti est dans une léthargie profonde renforcée par le doute introduit par l’apparition de cette « Génération du concret » que tout le monde soupçonne de vouloir profiter de la refondation du Parti démocratique sénégalais (Pds) pour opérer un coup. Le traitement infligé à Macky Sall et la positon psychologiquement destabilisante dans laquelle est placé Pape Diop font que les responsables du parti du président se demandent tous pourquoi encore mouiller le maillot pour leur Secrétaire général. Ce doute est encore renforcé par les rumeurs fondées ou non, sur son état de santé.

Le gouvernement fraîchement nommé de Haguibou Soumaré n’a aucune prise sur la flambée des prix. Tout au plus quelques actions d’éclat sont menées qui seront sans lendemain. La preuve la plus probante de l’impuissance de ce gouvernement est l’aveu de la Senelec qui dit n’avoir pas les moyens de trouver une solution aux délestages intempestifs dans la fourniture de l’électricité. Pourtant, une promesse ferme avait été faite par Abdoulaye Wade, le 15 octobre…2006.

Le front social qui n’a jamais été un terrain que Abdoulaye Wade et le Pds connaissent très mal se réchauffe. Pas forcément du fait d’une gauche, du reste très affaiblie. C’est plutôt la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal(Cnts) de Mody Guiro et l’Union nationale des commerçants et industriels du Sénégal(Unacois), composée de membres qui ne sont pas des fonctionnaires et autres salariés susceptibles d’être licenciés pour avoir observé une grève.

La politique étrangère de Abdoulaye Wade bien appréciée, il n’y a guère par nombre de ses compatriotes marque le pas. L’illustration la plus marquante de ce recul est la rupture avec « son ami » George Bush avec l’abandon de la Plateforme de Diamniadio. Non seulement ce retrait des Américains est durement ressenti, mais il remet au goût du jour, l’implication dérangeante, pour beaucoup, de Karim Wade, le fils du président dans tous les projets ou le mot milliard est prononcé.

Quid des relations avec la France ? Le chef de l’Etat français avait – il le choix d’éviter le Sénégal malgré le coup contre le Groupe Bolloré ? De ce qui reste du pré carré français en Afrique, il n’y a plus grand nombre de présidents africains francophones fréquentables et qui se battent pour être fréquentés par la France.

Donc l’occupant du Palais Léopold Sédar Senghor sait que les mois voire les semaines à venir seront très difficiles pour lui. Malgré les bravades de Abdoulaye Wade, il est loin d’être en position de force. Par conséquent, il est encore obligé de tenter la déstabilisation et la récupération de certains de ses adversaires.

Si ceux qui sont sollicités aujourd’hui pensent une seule minute que Abdoulaye Wade a renoncé à son objectif d’assurer ses arrières en installant un successeur de choix, le président dana leen ko défaat. N’a t –il pas réaffirmé aussi bien à l’intention de la délégation d’And Jëf que des plénipotentiaires d’Idrissa Seck que la discussion se pose en termes de « comment vous serez absorbés dans les Pds » ? Une fois cet objectif réalisé, tout le monde aura déjà pris « un billet aller simple » et on pourra facilement les livrer à celui qu’on aura choisi comme l’héritier sûr. Xar dawul, dafa wuti doole. (Le bélier ne recule que pour chercher à multiplier ses forces). Abdoulaye Wade aime à répéter au monde entier que ce qui l’oppose à Idrissa Seck n’est connu de personne. Alors que c’est lui-même qui disait que son ancien Premier ministre avait détourné 40 milliards de FCfa. Avant cette grave accusation, il avait aussi affirmé que rien ne l’oppose au maire de Thiès si ce n’est l’obligation pour Idrissa Seck de clarifier l’utilisation faite de l’argent dépensé pour les Chantiers de Thiès.

Abdoulaye Wade cherche non seulement à créer des suspicions au niveau du public en général, mais il veut continuer à contrôler le débat médiatique national. Depuis la multiplication des scandales dont le plus grave est la perte des milliards que l’Amérique devait mettre à la disposition du Sénégal, les initiatives n’ont pas manqué pour changer les termes des discussions nationales. Comment peut-on aussi comprendre qu’une rencontre entre le président de la République et des dirigeants politiques de « l’opposition », pour discuter de questions sérieuses puisse se dérouler devant les médias d’Etat, seuls autorisés à enregistrer les débats ?

C’est vrai que tout ce qui précède relève de l’analyse politique froide. Cependant, il ne faut jamais oublier les aspects humains de tout débat. Oumar Sarr, certainement en parfait accord avec Idrissa Seck, est coupable du crime de lèse-majesté en disant en public à Abdoulaye Wade que « c’est vous qui avez demandé à nous rencontrer et nous vous écoutons ». Landing Savané, en position de demandeur presque à genoux, lui, l’a bien compris. Il a bien satisfait aux desideratum du « Boss » en lui disant que « non seulement nous sommes demandeurs de cette rencontre mais waxnu noo ko bëgge ». (Dites nous comment vous le voulez).



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