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Politique

WADE- IDY : Calculs de Maître

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WADE- IDY : Calculs de Maître
NETTALI - Depuis le mercredi 25 juillet 2007, date à laquelle Me Abdoulaye Wade a reçu une délégation de Rewmi pour annoncer le retour d’Idrissa Seck au Parti démocratique sénégalais (Pds), une ambiance en a supplanté une autre. Les politiciens les plus virulents du Parti démocratique sénégalais (Pds) se sont réfugiés dans un profond silence, alors que la guerre des tranchées qui se mène aujourd’hui, semble avoir comme principal support la presse. Mais au-delà de la clameur et des souhaits des uns et des autres, Me Wade s’est résolument inscrit dans des calculs pour tracer la trajectoire du Sénégal dans les prochaines années. Et sans état d’âme.

Le spectacle qui se donne à lire depuis l’annonce de retrouvailles entre Me Abdoulaye Wade et Idrissa Seck est-il un épisode de plus de la grande farce politique à laquelle les deux hommes nous ont habitués depuis 2002 ? La question pourrait se justifier du fait des retournements de situation spectaculaires auxquels le chef de l’Etat, Me Abdoulaye Wade est expert. Combien de fois n’a-t-il pas fait des sorties, souvent improvisées, rarement préparées pour charger son ex-numéro deux ? Des sorties qui ont puisé leurs arguments les plus puissants dans l’imaginaire des sénégalais. Ce, pour « descendre » proprement Idrissa Seck. Les effets politiques de ces attaques ont d’ailleurs eu plus d’impact négatif sur l’homme politique Idrissa Seck que les six mois, vingt trois jours passés en prison où il était plutôt dans une posture de victime. Et même lorsque la pression a semblé de desserrer autour de sa personne, surtout après la série d’audiences de la veille de la dernière présidentielle, c’est un Me Wade très offensif qui est revenu à la charge avec l’affaire du Protocole de Rebeuss jusqu’aux développements qu’on connaît avec la notaire d’Idrissa Seck, Me Nafissatou Diop. Très en verve et sans doute dopé les résultats de la présidentielle de février 2007, le Président Wade convoque en effet la presse le jeudi 1er mars 2007 et instruit un procès sans appel contre l’opposition qu’elle a accusée de traîner des casseroles. Idrissa Seck se taille la part du lion dans ses attaques. Me Abdoulaye Wade le disqualifie de la course à la succession : « en tout état de cause, ce n’est pas Idrissa Seck (...). Ce n’est pas lui, j’ai rompu définitivement avec lui et comme nous disons au Sénégal -nous sommes des musulmans-nous nous retrouverons devant Dieu », lançait-il sans prendre de gans. Un ton qui tranchait bien nettement avec celui qui a été le sien à la veille de l’élection présidentielle, remportée dès le premier tour par Me Abdoulaye Wade. A vrai dire, le caractère versatile de Me Wade et ses récurrentes métamorphoses déroutent le plus fin des analystes au point d’ailleurs que beaucoup hésitent à s’avancer sur le terrain des projections. Et pourtant les éléments objectifs qui se donnent à lire depuis quelques jours vont dans le sens de ces retrouvailles objectivement justifiées.

Retour sur Chantiers…

On voit mal, en l’absence d’éléments nouveaux sur le dossier judiciaire d’Idrissa Seck, comment ce dernier pourrait être inquiété sur les dossiers des Chantiers de Thiès et des fonds politiques. Il ressort en effet de l’arrêt rendu le 7 février 2006, par la Commission d’instruction de la haute cour de justice à laquelle ont siégé ses membres, à savoir, son président Cheikh Tidiane Diakhaté, Lamine Coulibaly, Doudou Ndiaye, Bara Niang et Henry Grégoire Diop qu’Idrissa Seck a bénéficié de la "mise en liberté d’office" mais que l’information suivait son cours en vue de rechercher des éléments nouveaux. En effet l’arrêt "ordonne, au bénéfice des contestations sérieuses, la mise en liberté d’office de l’accusé Idrissa Seck, s’il n’est détenu pour autre cause". Il prononce le non-lieu partiel sur les faits d’usurpation de titre et de détournements de deniers publics relatifs à la gestion des fonds politiques" ainsi que "la continuation de l’information sur les faits visés dans la résolution de mise en accusation".

Pour en arriver à ces conclusions, la Commission d’instruction a admis qu’aussi bien sur les Chantiers de Thiès que sur les fonds politiques, aucune preuve de la culpabilité d’Idrissa Seck ne peut être assise sur la base des pièces et auditions faites. Dans le corps du texte de l’arrêt, il est en effet écrit, concernant les Chantiers de Thiès, qu’"en ce qui concerne les surfacturations visées dans l’acte d’accusation qui auraient permis à Idrissa Seck d’accomplir des actes de corruption et de concussion, il y a lieu d’observer que les premiers bénéficiaires de surfacturations ne peuvent être que les entrepreneurs". Et que "même si leur responsabilité "était établie", il resterait à prouver comment Idrissa Seck a pu bénéficier sciemment des produits des surfacturations". La Commission évoque aussi le fait que Bara Tall ne fait l’objet d’aucune inculpation dans le dossier d’instruction contre x. Les juges convoquent dans les justificatifs de l’arrêt, que "dans le rapport de l’Inspection générale d’Etat comme dans l’enquête de police, Bara Tall a soulevé des contestations" et donc "qu’en l’état, l’information contre Idrissa Seck ne peut pas évoluer en absence d’éléments compromettants de l’enquête en cours contre Bara Tall" (cette piste s’est révélée infructueuse).

L’arrêt qui se fonde sur la loi 2002_10 du 22 février 2002 et les articles 128, 140, 171 et 176 du Code de procédure pénale, conclut sur les fonds politiques, qu’"aucune investigation ne saurait être envisagée sur le sort de ces crédits qui échappent aux règles de droit commun de la comptabilité publique au même titre que les dépenses effectuées en matières militaire, conformément à l’article 128 du décret N°454 du 10 février 2003...". Sur les comptes ouverts au nom du secrétariat général de la Présidence, la Commission d’instruction en est arrivée à la conclusion que "l’information a permis d’établir qu’Idrissa Seck, en sa qualité de ministre d’Etat, directeur de cabinet du Président de la République, avait sous sa responsabilité le secrétariat général de la Présidence et qu’il avait qualité d’ouvrir des comptes au nom de cette administration dans le cadre de la gestion des fonds politiques affectés au Président de la République". La Commission d’instruction, qui n’a pas identifié des problèmes au niveau des comptes de la Cbao et de la Sgbs dans les procédures de retrait, prend en acte les arguments d’Idrissa Seck qui a soutenu "fermement" avoir géré "avec l’assentiment du Président de la République les comptes hébergeant les fonds politiques". Elle estime dans le même sens "qu’aucune pièce de la précédure ne permet de le contredire".

C’est dire que la Justice a abattu toutes ses cartes dans cette affaire. La seule brèche qui s’est réellement offerte à elle et qu’elle n’a pas eu le courage de prospecter, ce sont les déclarations du chef de l’Etat lui-même qui a brandi devant les sénégalais un document pour asseoir l’idée d’un deal entre lui et son ex-Premier ministre. Dans un pays où le pouvoir judiciaire se respecte, le chef de l’Etat se serait expliqué sur des affirmations aussi graves alors que l’instruction n’est pas éteinte. Et encore, même dans le cas où le Président Wade exprimerait la volonté de réactiver le dossier des Chantiers de Thiès, il lui faudrait non seulement un élément nouveau que les commissions rogatoires n’ont pas trouvé mais aussi prendre en compte le fait que l’actuel Premier ministre Cheikh Hadjibou Soumaré devrait alors comparaître. Ministre du Budget au moment des faits incriminés, son ministre des Finances de l’époque, Abdoulaye Diop s’était largement déchargé sur lui. Dans tous les cas de figure, ce serait en même temps le procès de l’Etat sénégalais, dans un contexte où déjà, le pouvoir a du mal à gérer les nombreux scandales qui l’éclaboussent. Et où le Parti démocratique sénégalais (Pds) n’est pas dans les dispositions de soutenir une ultime crise comme celle que le pays a traversée avec l’incarcération d’Idrissa Seck. Aucune garantie de succès n’est en effet offerte à Me Wade qui est plutôt préoccupé par sa succession et qui répète à souhait être un homme pressé...

« Qui pour me remplacer ? »

Or, l’une des conséquences politiques de la faible participation des sénégalais aux Législatives, c’est la marginalisation en marche de Macky Sall. Ce dernier qui n’a certes pas dit son dernier mot, sait pertinemment que le scénario en marche est tout en sa défaveur. Même si depuis 2000, la constante reste que c’est Me Wade qui fixe les règles du jeu. Et même lorsqu’il pose la couronne sur la personne de son choix, cela rentre toujours dans le cadre d’un objectif ponctuel déterminé. En montant Macky Sall, Abdoulaye Wade voulait effacer Idrissa Seck. L’opération n’a pas en vérité connu de succès puisque si l’on se fonde sur les résultats de la dernière présidentielle où Idrissa Seck est arrivé deuxième sans réellement avoir battu campagne (Ne voulait-il pas trop gêner Wade ?) et malgré tous les scandales dans lesquels son nom a été cité. C’est que la machine de la répression déclenchée contre lui (Ige, Dic et Justice) n’a pas atteint tous ses objectifs...politiques.

La carte Karim Wade suscitée ces derniers mois et prise très au sérieux après le limogeage de Macky Sall de la Primature, n’est pas non plus porteuse. Karim Wade, sauf miracle, ne terminera pas ses Chantiers avant le Sommet de l’Organisation de la Conférence islamique (Oci) prévu en mars 2008. Pire, le concept de « Génération du concret » lancé en grandes pompes n’accroche plus. Plus que le manque de transparence évoqué d’ailleurs dans la réalisation de ces grands travaux, les difficultés prévues au cas où il s’attellerait à contrôler le Pds, sont si énormes qu’il n’aurait point le temps matériel pour se positionner en successeur crédible de son père. Point n’est besoin alors d’évoquer le décalage culturel que ce dernier a tenté en vain de corriger, notamment en jetant un timide pont vers Touba.

En calculateur avisé, le Président Wade a sans doute pris en compte tout cela. Et derrière l’apparence de désordre, il déroule bien son plan. L’objectif principal étant de ne pas se tromper de cheval. La question est de savoir : qui en face de celui que Wade va mettre en selle ? Et qui vraisemblablement, sera Idrissa Seck.



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