WADE, IDY, FADA CONTRE LA REPUBLIQUE : HAUTES TRAHISONS

RETROUVAILLES - Issue finale des négociations secrètes entre Wade et Idy : Le cercle des petits traîtres

C’est en trottinant à grande allure sur les corps vivants de leurs principaux collaborateurs que le chef de l’Etat et son ancien directeur de cabinet sont parvenus à sceller des accords secrets mettant fin à près de trois années de guerre ouverte. Au prix d’une série de trahisons sans limites contre des hommes, des principes et des valeurs. Mais, la grande trahison viendrait d’une entente tacite entre les deux hommes afin d’imposer le report de la présidentielle du 25 février 2007.

La réconciliation intervenue officiellement hier entre le président de la République et son ancien Premier ministre est l’aboutissement de plusieurs mois de négociations secrètes entre les deux hommes par personnes interposées jusqu’à leurs tête-à-tête incessants de ces derniers jours. Négociations toujours déflorées, toujours démenties, mais au finish, ceux qui étaient censés être des colporteurs de fausses nouvelles à la solde de l’un ou de l’autre acteur ont eu raison de la fourberie des négociants. Wade et Seck sont donc arrivés à leurs fins organiquement liées en prisonniers de leurs propres logiques bâties en dessous de la morale et de l’éthique. Et dans cette entreprise de défiguration consciente de la morale et de l’éthique, ils sont passés par-dessus quelques cadavres de leurs tribus. Me Wade, Idrissa Seck, mais également Modou Diagne Fada ont donné un clair aperçu de ce qu’un décideur politique est capable de faire subir à ses vassaux.

C’est au sommet de l’Etat que la trahison la plus épouvantable est venue. C’est celle perpétrée par le Président Abdoulaye Wade à l’endroit de ses plus proches collaborateurs. Il les a embarqués dans un combat personnel et sans doute égoïste -au sens familial du terme- contre son ancien Premier ministre coupable de malversations financières et d’atteinte à la sécurité de l’Etat. Comme dans un mini système d’endoctrinement politique, Me Wade a distillé les petits mots meurtriers qui, par la suite, ont alimenté et orienté la férocité langagière et comportementale de ses affidés à l’endroit de M. Seck. De Macky Sall à Souleymane Ndéné Ndiaye, en passant par Ousmane Ngom, Aliou Sow, Farba Senghor et autres, c’est une troupe de hauts militants, comme qui dirait de hauts responsables, qui s’est engagée derrière le maître. Mais, nul ne peut dire aujourd’hui ce que ressentent ces hommes, malgré tout, fidèles, convaincus hier seulement de la nécessité d’extirper le «voleur» de la maison libérale tout en lui faisant payer les turpitudes nées de sa gouvernance. Macky Sall, Ousmane Ngom, Farba Senghor, ces hommes doivent avoir le sentiment d’avoir subi la trahison du patriarche de la famille. Ils sont naturellement impuissants ou incapables de l’affirmer à haute voix. C’est dans le secret de leur intimité qu’ils rencontrent le bonheur de la rébellion ouverte et sans frontières. Au dehors, la théorie de la survie prend vite le dessus, car le chef, adepte par excellence du réalisme politique le plus innommable, a toujours raison. En faisant revenir Idrissa Seck au bercail Pds, Me Wade désarçonne ses hommes de confiance, leur tisse une étoffe peu glorieuse de «politichiens» juste arrimés à la direction du vent. Il les a durablement et peut-être éternellement affaiblis face à l’opinion et devant l’Histoire. Pour son propre compte immédiat, car pour l’avenir, lui l’a derrière.

Un avenir qui fait faire toutes les folies à Idrissa Seck. Le maire de Thiès est, lui également, passé dans le cercle ouvert des grands traîtres en politique. Parangon de la vertu, artificiellement adossé aux grands principes moraux et religieux, il se présente aujourd’hui comme un fondamentaliste de la tortuosité. Il avait donné sa parole d’honneur à ses désormais ex-alliés de la coalition Jamm Ji pour une campagne électorale législative commune, dans la vérité et dans l’espoir. Il les a trahis de manière froide et sans appel. La posture plus que méfiante d’Abdoulaye Bathily à son endroit s’est révélée juste. Le soupçon était une vérité. Contre la violation des principes élémentaires de démocratie interne, Seck avait, lui aussi, embarqué des hommes et des femmes dans un combat fratricide où les grandes Institutions de la République ont été soumises à toutes les manipulations. Plus que Me Wade, Idrissa Seck joue une carte personnelle dans laquelle ces hommes qui l’ont soutenu aux pires moments de sa traversée du désert se présentent comme des papiers kleenex. La politique d’in-formation, c’est-à-dire d’absence de communication développée à leur endroit sur «ses» pourparlers secrets a soulevé indignation et attentisme. Mais, comme au Palais, à Rewmi aussi, la ligne de masse va l’emporter. Réalisme politique oblige.

Avec Modou Diagne Fada, le cercle des grands traîtres se referme sur les intérêts supérieurs du pays. L’étudiant passé politicien s’est aguerri, dans le mauvais sens. La roublardise froide et la malhonnêteté foncière qui ont servi de fondations à son machin Waar wi ne lui enlèvent pas seulement la très faible crédibilité dont il disposait dans l’opinion. Son entrevue avec Me Wade en présence de ses alliés cocus a dévoilé le vrai visage d’un ancien ministre de la République.

Si le duo Abdoulaye Wade-Idrissa Seck survit politiquement aux actes qu’il vient de poser, on doit avoir peur pour le Sénégal. Ironie de l’Histoire, on se surprend à saluer le courage politique de Djibo Kâ. Oui, cet homme-là, on peut tout lui reprocher, il est courageux sans avoir toujours raison. C’est l’une des qualités que l’on est en devoir d’exiger des hommes politiques. Bienvenue au club au dernier venu. Le cercle de la tortuosité reste ouvert.