Comme beaucoup, sûrement, c'est dans son histoire que se tisse le fil de son engagement, voire de ses prêches. Chaleureux, doux et pédagogue, Oustaz Alioune Sall, né à Thialé, issu d'une famille modeste (père chauffeur et mère vendeuse de semoule de mil), a été élevé dans le daara de coupe-coupe à Mbacké. Très jeune, il se frotte aux rigueurs de la vie de "talibé".
"Nous pouvions restés un mois sans prendre de douche", confie-t-il dans l'émission Kumpa de la Rts. Pour la petite histoire, il raconte que sa mère ne l'a pas reconnu le jour où il est rentré de daara. Des difficultés, dit-il, qui l'ont forgé et permis d'écrire son histoire. Celle d'un serviteur de Dieu, défenseur de l'islam.
Avant lui, la plupart des causeries sur l'islam se limitaient aux interdits et "tafsir" (enseignements) du Coran. C'était l'époque des bandes cassettes où les radios se faisaient rares. Arrivé à Dakar après ses études coraniques, il est gagne sa place chez Ben Basse Diagne à Dunya, aux côtés de son ami, Taïb Socé. En 1999, la radio Sud Fm le contacte pour animer une émission religieuse. Chérif El Walid Sèye, patron de la radio à l'époque, l'embauche de suite, après avoir écouté quelques enregistrements de ses émissions.
Nogaye, la tête de turcLà-bas, on découvre une nouvelle personnalité. Un grand penseur d'un islam du juste milieu. Avec humour, il pointe du doigt les travers de la société sénégalaise à travers son personnage préféré : Nogaye. Un anti modèle. "Tout ce qu'un homme n'aimerait pas avoir comme épouse. Nogaye est vilaine, noire, avec de grosses joues, petite avec un gros front, inélégante, sans charme", raille-t-il dans l'émission Kumpe de la Rts. En vérité, c'est sa cousine, sa "domou badiène" qui habite à Mbar à Gossas qu'il caricature pour éduquer son auditoire.
À l'antenne, il libère la parole. On commence à parler sexe en islam. Pour lui, Dieu n'est pas dans le "détail". Peu à peu, il gagne en capital sympathie. Son auditoire grossit. Jeunes et moins jeunes commencent à prêter oreille à son discours. Sa page Facebook est d'ailleurs suivie par plus de 50 000 fans.
Mais attention, oustaz Alioune Sall peut subitement sortir de sa douceur naturelle, s'emporter et radicaliser ses positions. Le business autour du Ramadan, l'utilisation du Coran dans la lutte ou les sketchs ramadan peuvent facilement le faire sortir de ses gongs. "C'est comme moquer l'Islam", s'emporte-t-il.
À la fois intellectuel (il a passé 3 jours à l'école française, de mercredi à samedi) et religieux, il fait le grand écart entre sa foi et la vie politique. Sa fibre révolutionnaire le pousse à se présenter aux législatives. Il n'est pas élu par le peuple mais sera nommé un peu plus tard par le chef de l'Etat au Conseil économique social et environnemental. C'était écrit. C'était son Mektoub, lui avait prédit un vieil érudit.
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