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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Reportage

(Quartier à la une) Quartier flottant au cœur de Dakar : Kay Findiw refuse sa mise à mort !

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Vue aerienne du quartier

Avant le palais présidentiel, le building administratif ou la cathédrale, c’était Kay Findiw. En effet, ce vieux quartier de Dakar, qui s’étendait exactement dans la zone où logent aujourd’hui le palais présidentiel, le siège du gouvernement et la cathédrale de Dakar, est, depuis 1905, déplacé et niché derrière l’intendance militaire de Dakar par le colonisateur. Il est bordé à l’Est par l’intendance sur l’avenue Lamine Guèye, à l’Ouest par un quartier dénommé Paaka, et au Sud par l’avenue Faidherbe. Il fait partie des 12 assemblées (Penc) de la communauté léboue.

Jadis essentiellement composé de lébous, Kay Findiw a par la suite accueilli beaucoup de populations venues des localités rurales. À côté des immeubles et hôtels cossus de Dakar plateau, Kay Findiw affiche un visage bien plus indigent. Son architecture est faite de baraques et d’habitations vieillies par le temps. Ses rues sont étroites et difficiles d’accès en cas de sinistre.

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Moustapha Diop, est le chef de quartier de Kay Findiw. Vêtu d’une tunique beige bonnet sur la tête, il renseigne que le nom « Kay Findiw », a été donné par leurs grands-parents. « Ils étaient pécheurs et analphabètes. Ils ont emporté le secret de cette appellation avec eux », renseigne-t-il. En effet, de 1905 à nos jours, ce vieux quartier garde toujours son même visage. Mais, le chef de quartier semble en être fier. « Kay Findiw a toujours été comme vous le voyez là. Et c’était comme ça depuis notre déménagement 1905. On est fiers de cette architecture. Parce que ce sont nos grands-parents qui nous ont légué ces maisons. Je suis né dans cette case (il nous montre une case) en 1938, et cette case n’a jamais été transformée », indique le vieux de 77 ans.

« Il n’y a pas de toilettes dans les maisons »

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Comme nombre de quartiers flottants de Dakar, le manque de sécurité se pose avec acuité à Kay Findiw. Avec l’abondance des va-et-vient dans le quartier, situé au cœur de Dakar plateau, et l’étroitesse des ruelles, c’est un refuge idéal pour les malfaiteurs. « Nous sommes confrontés à d’énormes problèmes de Sécurité. Je suis même allé au commissariat central pour leur signaler ces actes. Mais, ils me disent chaque jour qu’ils n’ont pas le temps. Ici, parfois, les jeunes, quand ils se battent, ils utilisent des armes blanches. Et même des armes à feu. C’est seulement dû au fait qu’on laisse les vendeurs de couteaux trainer partout. Les jeunes en profitent pour se procurer ces armes. Auparavant, il n’y avait pas de vandalisme, mais maintenant c’est le laisser aller » explique le chef de quartier.

Depuis des années, l’environnement est un peu amélioré, côté esthétique. Le quartier est même pavé. Mais, il n’y a pas de douches dans les concessions, encore moins d’eau courante. Il n’existe qu’une seule toilette publique et un seul robinet public à « Kay Findiw ». « Depuis l’arrivée du Maire Alioune Ndoye, on n’a plus de problème d’assainissement, Dieu merci. En plus, il a réfectionné les toilettes publiques qui étaient là depuis les années 90. Nous partageons tous ces toilettes. Elles sont bien entretenues. Nous payons des gens pour leur entretien. Il n’y a pas de toilettes dans les maisons. Comme vous le voyez, les maisons sont petites. Et il y a aussi qu’un seul robinet public d’où l’eau est vendue. Nous avons tous des poubelles chez nous, donc, ce sont les camions ramasseurs d’ordures qui passent ramasser les déchets ménagers », nous confie toujours le vieux Moustapha.

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Fiers, ils refusent leur déguerpissement à aujourd’hui, Kay Findiw refuse de mourir. Les habitants refusent d’être déplacés. « En 2006, le Président Abdoulaye Wade avait envoyé ses hommes venir nous voir pour nous déguerpir. À cette époque, le chef de quartier qui était là, était malade et ne pouvant pas parler avec eux. Il les a envoyés vers nous. On les a accueillis, ils nous ont dit : “» nous sommes envoyés par le Président. On est venus voir le quartier. On veut construire le Grand Théâtre là à côté. Donc, il faut qu’on déloge ce quartier qui est ancien. Ce n’est pas joli qu’on ait une aussi grande infrastructure à côté de quartiers aussi vieux” ». Je lui ai répondu : “‘Où est-ce que tu habites?? »’, il me dit ‘» à Rufisque’ ». Je lui ai dit qu’‘à Rufisque il y a des maisons beaucoup plus anciennes qu’à Kay Findiw (il rit)’. ‘Je lui ai dit que mes grands-parents ont accueilli ici le Gouverneur Général en 1948. Il était venu leur dire qu’ils voulaient occuper ce quartier, parce qu’ils voulaient agrandir le Camp (l’intendance). Nos grands-parents ont catégoriquement refusé. Et, on a purement et simplement renvoyé le gouverneur général. On ne va jamais quitter ce quartier. Nous préférons vivre dans ce quartier, plutôt que dans un château. Donc, ce n’est pas aujourd’hui que nous allons l’accepter. Et j’en profite pour demander à l’État de nous aider à récupérer notre récépissé, qui se trouve à Nantes. Macky Sall nous a reçus en avril 2015, mais il n’y a toujours pas de suivi par rapport à ce qu’il nous avait promis’, révèle le notable.

La bassine d’eau vendue à 40 F, le seau à 30 FCFA

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À l’entrée de ce vieux quartier, près de la mosquée, dames et filles font la queue devant un robinet public. Non loin d’eux, Abdoulaye Diouf, informaticien de métier, supervise. Il est né à Kay Findiw où il a aussi grandi. Il s’y est marié et ses enfants sont aussi nés dans cette localité. ‘Ce robinet, c’est l’État qui l’a installé ici. Auparavant, il y avait les bornes-fontaines et c’était gratuit. Depuis qu’on a privatisé l’eau au Sénégal, ils ont confié ce robinet public à ma femme. Et depuis lors, c’est elle qui le gère. Elle est un peu souffrante et je suis venu la remplacer aujourd’hui. La plupart des habitants de Kay Findiw viennent ici chercher de l’eau. La grande bassine coute 40 francs CFA, la plus petite 35 francs CFA, le seau est à 30 francs CFA, et la bouteille de 20 L à 50 francs CFA. Elle peut gagner par jours 6 000 francs CFA à 7 000 francs CFA. Et par mois, elle peut se retrouver avec près de 100 000 francs CFA. Elle paye tous les mois ses factures, dés fois elle peut avoir un bénéfice de 20 000 francs CFA. Ça dépend des périodes. Dieu merci ‘Alhamdou lilahi’’, confie-t-il.

Oumy Diagne, une femme originaire de Cayar, a rejoint son mari à Kaye Findiw. Elle pense qu’il y a des choses qui doivent changer dans ce quartier. ‘Beaucoup de choses doivent être changées dans ce quartier. Pour avoir de l’eau, on doit non seulement payer, mais aussi on a des courbatures et torticolis à cause des bassines qu’on pose sur notre tête. En plus, ce n’est pas facile d’éduquer ses enfants ici, parce que les maisons sont étroites, donc ils sont tout le temps dehors’, regrette la dame.

Malgré les difficultés, beaucoup d’habitants de ‘Kay Findiw’ affichent fièrement leur appartenance à ce quartier qui refuse sa mise à mort. Certains de ses fils ont même créé des associations afin de changer le visage de leur cité.



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