La médecine traditionnelle a le vent en poupe. Pour certaines pathologies, elle rivalise avec la médecine traditionnelle. Les réseaux sociaux ont remis au-devant la médecine traditionnelle. Les tradipraticiens montent en puissance avec les moyens de communication de masse. Les guérisseurs, les charlatans et les marabouts ont fait leur intrusion dans l’espace public. Certains sont très suivis. Ironie du sort, aujourd’hui, dans ce milieu, certains dénoncent la pratique des autres. Les uns accusent d’autres de dépouiller les clients naïfs. On se pose des questions ? Ces publicités répondent-elles aux attentes des patients? Face à ce danger qui guette la santé publique, la réglementation de la médecine traditionnelle n'est- elle pas une urgence.
Seneweb, donne la parole aux acteurs qui ont jeté un regard sans complaisance sur le secteur.
Impossible de surfer sur internet sans apercevoir les petites annonces de guérisseurs traditionnels qui prétendent avoir des remèdes contre tous les maux.
Serigne Cheikh Gaïndé Fatma est un tradipraticien. Il a des remèdes contre le diabète, le Kyste, les hémorroïdes, l’infertilité et l'impuissance sexuelle entre autres.
"Ces tradipraticiens qui pullulent dans les réseaux sociaux prétendant tout guérir racontent des contre-vérités, à travers des publicités mensongères. Ils ne savent rien du tout. Les professionnels prouvent leur savoir- faire sans faire le moindre bruit. Moi, je soigne l'impuissance sexuelle, le diabète, le Kyste et autres. La preuve j'ai sauvé une sage-femme du kyste. Elle est allée à l’Hôpital, on lui a demandé la somme de 500.000 F CFA et quand elle est venue vers moi, je l’ai guérie avec une petite somme de 50.000 francs. J'ai également la solution pour l'impuissance sexuelle. Je le soigne à l'aide du coran et des plantes traditionnelles’’, laisse -t-il entendre.
L’exercice de ce métier n’est pas un jeu d’enfants. Il faut un minimum de connaissances. Celui qui soigne une personne accomplit un acte sacré selon Serigne Gaïndé Fatma.
’’Notre métier est sacré parce qu'il nous vient de Dieu. Pour l’exercer, il faut de la connaissance. Si une personne dit qu'elle peut guérir telle ou telle maladie, elle doit d'abord maîtriser le coran. C'est la base. Moi j'ai fait le tour du Sénégal pour apprendre, acquérir de la connaissance avant de devenir guérisseur. Dieu m'a donné ce pouvoir de trouver un remède à tous les maux. J'ai un parcours, un palmarès très riche que beaucoup de tradipraticiens n'ont pas. C'est l'expérience qui fait la différence", dit-il.
Il est conscient de ses limites objectives
Toutefois, Serigne Cheikh Gaïnde Fatma reconnaît ses limites. A propos de la publicité sur une possible augmentation du sexe, le guérisseur n’est pas dans la langue de bois. Il a clairement indiqué qu'il n'a pas ce pouvoir. Mieux, il s'est attaqué aux tradipraticiens qui continuent de faire croire qu'ils peuvent le faire.
"Cela n'existe nulle part. Ce n'est pas vrai. Personne ne peut augmenter la taille du sexe de quelqu'un. C'est des mensonges. Maintenant, je peux guérir l'impuissance sexuelle à l'aide des versets du coran et des plantes traditionnelles. Mais quant à augmenter le sexe de quelqu’un c'est de l’arnaque’’, tranche-t-il.
La réglementation, l’urgence
La réglementation revient sur la bouche des téméraires, des personnes soucieuses de la capitalisation de la médecine traditionnelle. Pour lui, beaucoup paient pour s’imposer dans l’espace public.
‘’J’ai toujours dénoncé l’absence de la réglementation du secteur. Beaucoup de guérisseurs traditionnels se lèvent un beau matin, paient des médias et des sites pour faire des publicités mensongères auxquelles des patients désespérés vont croire et ces arnaqueurs gagnent de l'argent facilement. J'en connais des maçons, des tailleurs, des menuisiers, des lutteurs ’’, témoigne Serigne Cheikh Gaïndé Fatma.
Abordant dans le même sens, il évoque l’exemple d’un guérisseur traditionnel.
‘’Je connais quelqu'un qui venait souvent me solliciter et qui prétend être un guérisseur traditionnel. Quand je l'ai vu sur les réseaux sociaux, ça m'a étonné. Il y a trop de laisser-aller dans ce secteur et ça contribue à salir le nom des guérisseurs traditionnels. La preuve, personne ne nous croit, tout le monde se méfie de nous et c'est difficile ’’ se désole-t-il.
Le guérisseur traditionnel, Serigne Cheikh Gaïnde Fatma, n'a pas manqué de lancer un appel aux autorités.
‘’Je suis prêt pour la réglementation du secteur. Il faut que le nouveau gouvernement prenne des mesures fermes. Pourquoi pas organiser des tests pour tous les tradipraticiens qui vendent un rêve de pouvoir guérir des maladies pour vérifier où est-ce qu'ils ont acquis la connaissance'', dit-il.
Une réalité non acceptée par les médecins
Si dans beaucoup de pays en Afrique de l’Ouest, il y a des plages de convergences entre la médecine moderne et celle dite traditionnelle, ce n’est pas le cas au Sénégal. Ici, les deux parties rament à contre-courant. Elles se regardent en chiens de faïence.
‘’Je le dis. Les médecins ne veulent pas de nous. Ils font tout pour combattre les guérisseurs traditionnels. Il n'y a pas de complémentarité entre nous et les médecins. Et, c'est dommage parce que la médecine traditionnelle est une réalité au Sénégal. Ils doivent nous accepter ’’, déplore le marabout.
Une capacité de guérison attestée par la publicité
Moussa Ba est un conducteur de camion. Comme beaucoup de Sénégalais a connu une mésaventure avec les médecins. Ce Sénégalais qui effectue régulièrement les voyages entre le Sénégal et le Mali avait des soucis de santé. Un de ses amis lui convaincu d’aller voir un tradipraticien qui avait un remède de cheval contre sa maladie.
« J’ai attrapé l’hémorroïde parce que je m’assois pendant des heures lorsque je conduis. Cette maladie me fatiguait .J’en ai parlé à un ami qui m’a parlé d’un certain d’un tradipraticien qui soigne des hémorroïdes. J'ai dépensé beaucoup d’argent pour suivre le traitement. Il m'a remis des médicaments à boire. J’ai suivi le traitement pendant un moment sans résultat », a constaté Moussa Ba.
Ce jeune de 24 ans était déterminé à en finir avec la maladie. Il a entendu la publicité dans une radio qui vantait le pouvoir d'un guérisseur spécialiste dans la prise en charge de des hémorroïdes, il entre en contact avec ce dernier.
« Le monsieur m’a fait savoir que je peux rester là où j'étais pour récupérer les médicaments puisqu’ils ont des représentants partout au Sénégal. Il m'a mis en rapport avec un de leur représentant qui était à Kaolack. Je suis parti récupérer de la poudre et des racines d'arbres que je devais boire. J’ai commencé le traitement et j'espère avoir un résultat », pense-t-il.
Il a fait deux mois de traitement sans effet. Il regrette le fait que ces guérisseurs encaissent sans soigner les maladies. La vigilance et la prudence s’imposent. « Il faut faire très attention avec ces guérisseurs traditionnels qui disent pouvoir soigner tout à travers des publicités sur les réseaux sociaux et les radios . Il peut y avoir des exceptions mais soyons beaucoup plus prudents. Ces publicités racontent du n'importe quoi », dit-il. C’est de la poudre aux yeux.
6 Commentaires
Thieuy
En Juin, 2024 (10:58 AM)Reply_author
En Juin, 2024 (11:40 AM)Reply_author
En Juin, 2024 (13:48 PM)Douma
En Juin, 2024 (11:14 AM)continuer à boire les décoctions des guérisseurs et les médicaments de la rue , vous allez crever bêtement !
Anonyme
En Juin, 2024 (11:19 AM)L État Est Responsable Encore
En Juin, 2024 (12:35 PM)Cette publicité sur la médecine traditionnelle est une arnaque pour la population démunie que l etat doit protégé.
C est le Ministre de la Santé qui doit prendre ses responsabilités.
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