Des dizaines de médecins ont été subitement interdits d’exercer pour ne pas avoir soutenu leur thèse à temps. Une situation ubuesque que la ministre de la Santé, Marisol Touraine a promis de « traiter » fin novembre. Et qui fait l’objet d’un amendement gouvernemental au projet de loi montagne, qui sera examiné en deuxième lecture, demain, mercredi.
Ancien régime et futurs généralistes
Parmi ces médecins, Christian Gauchet, 47 ans, qui malgré son bac +8 en médecine générale et ses dix-sept ans d’expérience au Samu a dû se reconvertir comme agent immobilier. À l’origine de ses déboires et de ceux de ses confrères dits « privés de thèse », un décret paru en 2004 lors d’une réforme des études médicales.
Ce texte obligeait tous les étudiants généralistes de l’ancien régime (les résidents) à soutenir leur thèse avant la « fin de l’année universitaire 2011-2012 ». Problème : « personne ne nous a prévenus », rappelle Christian à l’AFP. Les futurs généralistes ont un délai de trois ans après la fin de leur internat pour leur soutenance, sauf dérogation. Mais pour les anciens résidents, « aucune date limite n’existait », assure Christian, reprenant espoir après 4 ans de chômage forcé.
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— hellocare (@hellocareapp) 23 novembre 2016
« Je suis toujours allocataire »
Certains profitaient donc de la possibilité d’exercer temporairement sans diplôme, sous certaines conditions, notamment comme remplaçant, ou mettaient leur carrière entre parenthèses pour des raisons personnelles avant d’obtenir leur précieux sésame.
C’est ainsi que Christian a pu exercer une dizaine d’années comme « faisant fonction d’interne » dans les hôpitaux de Strasbourg et Saverne. « Le nez dans le boulot » et dans sa vie de famille, le Strasbourgeois repousse l’échéance jusqu’en 2013, après la fin d’un contrat. Mais quand il retourne à la fac pour soutenir sa thèse, « finalisée », on lui annonce qu’il est hors délai. Sans emploi, ni indemnité chômage (en raison de son statut d’étudiant), il finit par demander le RSA. « Je suis toujours allocataire », confie-t-il aujourd’hui.
Des conditions qui restent à déterminer
Ces résidents ayant validé toute leur formation, sauf leur thèse, le syndicat national des jeunes médecins généralistes (SNJMG) en a recensé une quarantaine. L’Ordre des médecins, qui « interpelle les autorités depuis 4 ans », n’a de son côté reçu que 27 dossiers, tempère son vice-président Patrick Romestaing.
Mais « on pense qu’ils sont au moins une centaine », assure Christine Wyttenbach (SNJMG), misant sur la médiatisation de l’affaire pour en « retrouver d’autres ». Pour l’heure, l’amendement gouvernemental prévoit que les « résidents » pourront se réinscrire à l’université pour présenter leur thèse… dans des conditions qui restent à déterminer.
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