Pr Abdoul Kane, Cardiologue : «L’endroit où on meurt le plus au monde, ce n’est pas un terrain de sport, c’est notre lit»

Chef du service de cardiologie de l’Hôpital général de Grand Yoff (Hoggy), le Pr Abdoul Kane rejette l’idée selon laquelle le sport est à l’origine de la plupart des morts subites enregistrées sur les aires de jeu. Il l’a fait savoir, ce lundi, au cours d’une table ronde organisée dans le cadre de la célébration de la Journée mondiale du cœur. «Ce n’est pas le sport qui est la cause de certains décès", dit-il. Paraphrasant un célèbre auteur anglais, le chef du service de cardiologie de l’Hôpital général de Grand Yoff (Hoggy) déclare :  «l’endroit où on meurt le plus au monde, ce n’est pas un terrain de sport, c’est notre lit».

Ce qui peut faire mal, renseigne-t-il, c’est le sport fait dans certaines conditions. "On fait du sport sans savoir quel est l’état de son cœur et de son organisme. Evidemment, si quelqu’un est malade du cœur, sans le savoir ou a senti des choses sans aller se faire consulter et qu’il mène un sport intensif, il peut s’exposer à un accident cardiaque», dit-il. L’autre possibilité, poursuit-il, c’est l’environnement. "On oubli toujours que le sport ne doit pas être fait sur les environnements extrêmes. Quand il fait trop froid ou quand il fait trop chaud. Lorsque la température est excessive ou qu’on est à 14 heures, il faut éviter de faire certains sports, parce que rien que cela peut exposer à un certain nombre d’accidents, y compris des Avc», prévient-il.

A cela s’ajoute, selon lui, «la consommation des produits notamment illicites comme les drogues, le dopage ou même le tabac qui sont autant de choses qui peuvent entraîner une sorte d’irritation du cœur, le rendre plus facile à s’exposer à ce qu’on appelle les arythmies cardiaque. C’est plutôt ça en réalité qui concourt à la survenue des accidents qu’on voit sur le terrain. Donc ce n’est pas le sport qui entraîne ces accidents cardiaques et qui peuvent conduire au drame de la mort subite. C’est plutôt l’environnement dans lequel on mène du sport».

Le sport, fait remarquer le spécialiste, est plutôt un vrai promoteur de la santé. "Donc, ce qu’il faut retenir, c’est qu’il ne faut pas faire du sport n’importe comment, il faut connaitre son état de santé lorsqu’on a un certain âge et qu’on veut faire un sport intensif. Ce que nous demandons de faire, c’est une activité physique quelle qu’elle soit. Que ce soit dans le cadre du sport ou dans le cadre d’une activité ludique. C’est cela que nous voulons que les gens puissent adopter. Autrement dit, faire 30 minutes de marche, de la natation, du vélo, une course à pied, pour nous, c’est déjà suffisant pour avoir ce qu’il faut en termes de promotion de la santé et c’est à cela que nous encourageons les gens. Etant entendu que le sport est un médicament qui n’a pas vraiment de limite. Mais, il faut simplement comme tout médicament connaitre la bonne dose. Et la bonne dose dépend de votre état de santé et en l’occurrence de votre état cardiaque».