La publication des 5 premiers volumes (sur 25) du pharaonique projet d’écriture de l’histoire générale du Sénégal (des origines à nos jours), a engendré une vive tension inter confrérique. Entamé en 2013 sous la houlette du professeur Iba Der Thiam, épaulé par d’éminents historiens et chercheurs, le projet dont la finalité est de « doter le peuple d’une mémoire collective, consensuelle lui permettant de mieux se connaitre, de mieux s’enraciner, de mieux cultiver l’unité, la solidarité, le respect mutuel, la tolérance, la coexistence », n’a pas tenu promesse. Puisque les premiers volumes publiés ont failli déchirer le pays. Les familles religieuses ont vivement contesté le travail d’Iba Der et son équipe.
La famille Niassène a été la première à s’indigner du fait qu’on ait fait mention dans un passage d’une prétendue appartenance de son fondateur, El Hadji Abdoulaye Niasse, à l’école d’El Hadji Malick Sy Maodo (Tidjania). Dans un tweet, le porte-parole de la Hadra Ibrahimiya, Cheikh Mouhamadou Mahi Cissé charge le comité de pilotage : « en parlant de connaissances et d'histoire, nous devons être fidèles au lieu d'avancer des choses improuvables qui sont même des sources de discorde d'aucune importance ».
Ahmed Khalifa Niasse en rajoute une couche : « quand on ne connait pas l’histoire, on se tait et on ne fait pas d’histoire ». Non sans s’attaquer ouvertement la famille de Maodo demandant au président Macky Sall de proclamer Thierno Ahmed Tidiane Ba de Médina Gounass Khalife général de tous les Tidianes. Il sera désapprouvé par le khalife général tout comme le président de la République.
Une posture qui a ainsi jeté le froid sur l’axe Tivaouane-Kaolack qui n’avait jamais souffert du moindre accroc. Cette levée de boucliers se poursuit avec la même virulence à Thiès avec la famille Ndiéguène qui s’est sentie complètement oubliée dans la rédaction de cette séquence de l’histoire du Sénégal. Les contestations atteignent Touba et Yoff.
En plus des oublis et de la mise en cause de la véracité de certains faits, Der et son équipe sont accusés de légèreté pour avoir repris l’article d’un journaliste, sans un travail supplémentaire.
Sous le feu ardant des critiques et contestations, Iba Der tente d’éteindre la flamme en apportant des précisions. « Dire que telle personne appartient à l’école de telle autre comme le souligne la page 186 du volume 1/A du tome III, signifie simplement qu’ils partageaient la même vision de l’Islam à travers leur commune appartenance à la Tidjaniyya », précise-t-il. Hélas, le mal était déjà profond, ses explications n’ont pas pu désamorcer la bombe. Menacé, Iba Der sera placé sous escorte policière pour le protéger des représailles.
Sous la pression des familles religieuses, le comité de pilotage a été obligé à revoir sa copie. « Il y a eu des erreurs dans le volume qui traite de la période 1817-1914 », avoue le comité qui promet que le dit volume « sera retiré de la vente et corrigé ».
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