La pénurie d’eau constatée à Touba serait-elle en train de fragiliser le dispositif de veille sanitaire et de surveillance médicale mis en route pour contrecarrer tous les facteurs de risques relatifs aux affections à fort potentialité épidémiologique comme le choléra et les maladies diarrhéiques ? En tout cas, tout laisse à le croire dans la cité religieuse confrontée à des difficultés récurrentes d’approvisionnement en eau potable et d’assainissement, de protection alimentaire et de salubrité…D’où l’inquiétude des agents de santé qui redoutent avant tout la résurgence de ces maladies diarrhéiques fortement mortelles.
La pénurie sévère d’eau qui assaille la ville sainte de Touba, depuis déjà deux jours, est en train de semer la zizanie autant chez les résidents, les pèlerins que les techniciens de santé. Exposée en effet à un manque criard du précieux liquide, à cause des délestages d’électricité et autres travers publics dans l’alimentation hydraulique, la ville devant abriter le célèbre Magal de Cheikh Ahmadou Bamba voit ses populations de l’intérieur comme des environs et leurs hôtes qui rejoignent par centaines de milliers le lieu du pèlerinage, se confronter à la rareté de la ressource hydrique et de ses inconvénients fortement délétères à la santé publique. Conséquence immédiate : l’hygiène individuelle et collective, dont les pouvoirs publics avaient fait leur cheval de bataille contre toutes les épidémies, lors des grands rassemblements à caractère religieux, risque de prendre un sérieux coup. Au grand préjudice donc du dispositif de veille, d’alerte sanitaire et de surveillance médicale mise sur pied depuis une vingtaine de jours, dans la capitale du Mouridisme avec l’activation des services nationaux d’hygiène et des agents de santé de la Région médicale de Diourbel. Des agents qui vivent aujourd’hui sous la psychose des maladies diarrhéiques dont la résurgence pourrait être facilitée dans un contexte général de pénurie d’eau, consécutivement d’approvisionnement en ressource hydrique de qualité douteuse, voire de protection déficiente de l’alimentation. Qui connaît la ville de Touba avec ses difficultés constantes d’assainissement, d’approvisionnement en eau potable (fosses septiques voisinant avec réseaux hydrauliques, bassins non protégés, forages précaires), de sécurisation des denrées alimentaires et de gestion de l’environnement, peut aisément comprendre les appréhensions des techniciens de la santé face à la pénurie d’eau qui a gagné insidieusement la cité religieuse. Dans un tel contexte en effet, des épidémies spécifiques à notre zone soudano-sahélienne comme le choléra, la méningite, la fièvre jaune pourraient rapidement prospérer et renvoyer les populations autochtones et les pèlerins, les autorités publiques et les acteurs de la santé à la désastreuse situation de choléra généralisé de l’année dernière. Pour rappel, le Sénégal avait assisté à l’explosion de cas atteints du vibrion cholérique, pendant le dernier Magal, et sa dissémination sur l’étendue du territoire national du fait des mouvements de pélerins. Quelque 6685 cas de choléra pour 34 décès avaient été recensés par les responsables de la santé, au grand dam des populations. D’où l’urgence de trouver rapidement, pour les autorités publiques comme les responsables administratifs, des réponses pertinentes et adéquates dans la résolution de cette pénurie d’eau dont les conséquences à plus ou moins court terme pourraient déstabiliser tout le dispositif de veille et d’alerte sanitaire, de surveillance et de contrôle médical mis en route par les départements ministériels de la santé, de la prévention et de l’hygiène publique pour endiguer à la source toutes les menaces d’épidémie durant le Magal. Et donc répondre à l’objectif zéro cas de choléra, de méningite, de fièvre jaune et de toutes les autres infections épidémiologiques qui guettent nos populations en période de rassemblements religieux : Magal, Gamou, Daaka ou pèlerinage marial…
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