(Correspondance) - Trente cas de viols sur des mineures, non dénoncés, ont été répertoriés dans le département de Vélingara. Mais la liste des victimes anonymes est encore très longue. Des abus sexuels souvent passés sous silence par les parents des victimes pour des raisons de cohésion sociale ou pour de l’argent. C’est ce que dénonce la maîtresse sage-femme Fatou Kiné Ndoye en service au district sanitaire de Vélingara. ‘On a eu à recevoir des cas de viols qui se sont passés dans les villages et dans la commune de Vélingara. Ce que nous déplorons, c’est que la victime n’est jamais assistée, aidée, suivie et protégée. L’enfant étant vulnérable, il faut mettre en place un dispositif pour sa prise en charge. C’est une manière d’aider cet enfant d’évoluer positivement dans la société’, a précisé Fatou Kiné Ndoye qui s’exprimait lors de l’atelier de deux jours organisé à Vélingara par l’Ong Grave (Groupe d’action contre les violences faites aux enfants) appuyée par Save The Children-Suède autour de la problématique de la prise en charge des enfants victimes des abus sexuels au Fouladou. C’était en présence du président du tribunal, de représentants de la gendarmerie, de la police, de la Raddho, l’Orgens et du Cdescofi.
En 2008, au moins 35 % des cas de violences faites sur les enfants ont été recensés dans la région de Kolda. Une localité qui a la particularité de battre le record national des grossesses à l’école et des mariages précoces. Et il se pose aussi à ces enfants un problème d’accès à une justice équitable en accord avec la convention relative aux droits de l’enfant… C’est ce que Grave veut corriger, en réduisant considérablement la discrimination subie par les enfants victimes d’abus sexuels. Selon Adama Sow, président de l’Ong Grave, ‘nous sommes parvenu à mettre en place la cartographie des acteurs qui se sont engagés à payer soit les ordonnances, les frais d’avocats, les certificats médicaux, à soutenir les familles socialement, psychologiquement et financièrement pour accompagner l’enfant victime d’abus sexuels. Désormais, si un enfant est victime de viol dans le Vélingara, on sait qui fera quoi. C’est un premier grand pas pour la prise en charge des enfants’.
Les responsables de Grave en ont profité pour lancer un appel au général Abdoulaye Fall, haut commandant de la gendarmerie nationale, pour la création d’une brigade des mineures à l’image de celle de la police nationale. Cette décision s’impose du fait que, selon les participants, cela assouplira les méthodes d’interrogation des enfants souvent musclées. Et c’est ce qui fera dire à Adama Sow qu’un renforcement des capacités des juges et des forces de l’ordre permettra de mieux lutter contre ce fléau. Par ce plaidoyer, on cherche aussi à amener l’Etat à agir vite pour le plein épanouissement de ces enfants vulnérables.
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