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Tuesday 02 September, 2025
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Affaire d’avortement : une femme mariée et son amant condamnés à huit mois de prison ferme

Auteur: Doudou DIOP

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Une affaire de mœurs aux rebondissements inattendus a été jugée, mercredi, devant le tribunal des flagrants délits de Dakar. A. Dieng, une femme mariée, et son amant, M. Kane, ont été reconnus coupables d’avortement volontaire et condamnés chacun à une peine de huit mois de prison ferme.
Le 24 mars 2025, la Section de Recherches de la gendarmerie nationale a été alertée par le Service de santé de la Caserne Samba Diéry Diallo d’un cas d’avortement volontaire. A. Dieng, âgée de 21 ans, a été admise à la maternité pour des soins intensifs avant d’être remise aux enquêteurs.
Originaire de Fandore, dans la commune de Ndiaganiao, A. Dieng s’est installée à Dakar pour travailler comme femme de ménage. À la Médina, elle a rencontré M. Dieng, avec qui elle a entamé une relation amoureuse. Parallèlement, elle a noué une liaison avec M. Kane, résidant à Gueule Tapée, où elle était employée. Jonglant entre ces deux relations, elle a dissimulé sa situation à ses partenaires.
Après une rupture avec M. Kane, A. Dieng s’est concentrée sur sa relation avec M. Dieng, qui l’a mise enceinte. Ce dernier a assumé ses responsabilités, accompagnant la jeune femme dans ses démarches prénatales à l’hôpital Élisabeth Diouf de Gueule Tapée, où elle a suivi des consultations jusqu’au cinquième mois de sa grossesse.
Cependant, M. Kane est revenu dans sa vie, cherchant à renouer leur relation. Informé de sa grossesse, dont il n’était pas le père, il a convaincu A. Dieng d’avorter. Le 23 mars 2025, elle a ingéré des comprimés fournis par M. Kane, provoquant l’interruption de sa grossesse.
Les investigations ont révélé qu’A. Dieng était déjà mariée à S. Tine, un homme de son village, mais se présentait comme célibataire à Dakar. Lors de son interrogatoire, elle a reconnu les faits, expliquant que M. Kane l’avait persuadée d’avorter en lui promettant le mariage. Elle a également avoué ne pas aimer son époux, qu’elle considère comme un mariage forcé, et a exprimé des regrets pour son acte.
Interpellé le 27 mars 2025, M. Kane a admis avoir fourni les comprimés, acquis selon lui au marché noir de « Keur Serigne Bi ». Il a prétendu ignorer qu’A. Dieng était mariée et entretenait une autre relation, ajoutant qu’elle lui avait fait croire que la grossesse était de deux mois, et non de cinq. Il a également affirmé qu’A. Dieng avait refusé de lui montrer son carnet prénatal pour dissimuler son état.
M. Dieng, entendu comme témoin, a confirmé avoir pris en charge les frais médicaux de sa compagne, avec qui il vivait depuis quatre ans. Il envisageait de l’épouser et de la présenter à sa famille à Touba, tout en reconnaissant être le père de l’enfant.
Devant le juge, A. Dieng a réitéré qu’elle avait été contrainte à un mariage forcé dans son village, qu’elle ne reconnaissait pas, et qu’elle se considérait libre d’entretenir d’autres relations. Elle a accusé M. Kane de l’avoir rassurée sur l’innocuité des comprimés, prétendant qu’ils provoqueraient des effets similaires à des règles menstruelles. M. Kane, de son côté, a maintenu avoir agi avec A. Dieng pour se procurer les comprimés, une affirmation contestée par cette dernière.
Le procureur de la République a requis deux ans de prison ferme contre les deux prévenus. La défense a plaidé la clémence. Après délibération, le tribunal a condamné A. Dieng et M. Kane à huit mois de prison ferme chacun.
Auteur: Doudou DIOP

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