Mais où sont donc passés les 15 millions qui devaient servir à acheter les services des magistrats du tribunal correctionnel de Dakar ? Bien malin est celui qui peut répondre avec exactitude à cette question qui taraude même l'esprit de l'avocat chargé, pourtant, de leur défense. Sauf le cas sérieux de Djiby Ndiaye, dont la conclusion du contrat de confiance avec Me Ciré Cledor Ly dépend de l'élucidation de l'argent qui devait servir à acheter ‘un jugement favorable’ à Momar War Seck, dans le contentieux d'abus de confiance qui l'oppose à Mouhamet Guèye. Aminata Mbaye soutient mordicus avoir restitué les 15 millions à Djiby Ndiaye qui rétorque n'avoir rien reçu de la part de l'avocate générale. Et Rawane Fall qu'on croyait pouvoir arbitrer ce jeu de ping-pong auquel il a assisté, ne contribuera qu'à assombrir la lanterne des juges en disant avoir certes vu Djiby Ndiaye jeter à la figure de Mme Mbaye un sac, mais sans savoir si le contenant ‘était bourré de sable ou de pierres...’.
Ainsi donc, en attendant d'y voir plus clair dans ce qui apparaît comme un règlement de comptes entre acteurs d'un coup foiré, seuls Momar War Seck, El Haj Rawane Fall et Aminata Mbaye sont acquis à la défense du redoutable procédurier Me Ciré Clédor Ly, dont le bureau croule sous le poids des demandes de constitution des mis en cause non magistrats. Mais le moins que l'on puisse dire c'est qu'avec cette mystérieuse volatilisation du ‘prix du deal’ avorté de ses clients, l'avocat a un sérieux ‘problème de conscience’ qui l'oblige, si le mystère n'est pas élucidé, à devoir choisir sur la base de l'ordre d'arrivée entre les deux entremetteurs que sont l'avocate générale Aminata Mbaye et l'ex-gérant du groupe Futurs Médias. Et ce, naturellement, pour des raisons évidentes d'incompatibilité, quand bien même les deux mis en cause font l'objet de procédure différentes et parallèles.
Et à ce jeu d'arbitrage chevillé sur la temporalité, c'est Djiby Ndiaye qui va passer à la trappe, Aminata Mbaye étant la première venue, renseigne Me Ciré Clédor Ly dont le désarroi se mesure à l'aune d'une commodité qui voudrait que toutes ces personnes citées dans une même affaire, et pour une ou les mêmes incriminations, partagent une même solidarité d'épreuve et de défense.
Commodité morale mais, aussi et surtout juridique, qu'on peut aisément deviner. Me Ly dont les positions sur l'affaire sont connues de tous ne pouvant se permettre de donner du grain à moudre à la chancellerie en préférant le sieur Ndiaye à la dame Mbaye. L'inverse accréditerait en effet la thèse que l'avocate générale à bel et bien reçu et consommé ‘le dessous de robe’. Ce qui est contradictoire pour quelqu'un qui, depuis l'éclatement du scandale, ne cesse de crier à l'inexistence du délit de corruption. Une thèse qui est, de toute façon, plus défendable avec Aminata Mbaye qu'avec Djiby Ndiaye.
En fait c'est le tissu de solidarité qui jusque-là drapait les ‘civils’ et leur présumé complice de magistrat qui commence à se fissurer à l'épreuve des faits.
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