Accusée d’être au cœur d’une escroquerie au visa, Maty «3 Pommes» a fait face à la presse pour apporter des clarifications. A l’en croire, elle aurait été abusée par la Chambre des métiers.
Suite à l’affaire d’escroquerie au visa qui a éclaté depuis quelques jours, la mettant en cause, Mame Maty Fall, alias Maty «3 Pommes», a tenu à apporter des clarifications. Face à la presse hier, l’animatrice de la 2Stv et son conseil Me Ciré Clédor Ly ont déclaré qu’ils étaient prêts à aller jusqu’au bout pour que la vérité éclate dans cette sordide affaire. Ils prévoient d’engager une action pénale et de saisir l’Inspection générale de l’Etat, malgré les pressions et les menaces.
Selon l’avocat, sa cliente aurait mis les pieds accidentellement dans une organisation criminelle dont les ficelles sont tirées par «des personnages clefs de la Chambre des Métiers, des démarcheurs et associés étrangers». Les précités auraient mis en branle une sorte de réseau avec un habile modus operandis. Après avoir répertorié de potentiels candidats à l’émigration, ils restent à l’affût des festivals et autres foires. Et quand l’occasion se présente, toujours selon Me Ly, ils confectionnent des cartes d’artisans aux candidats. Par la suite, ils prennent le soin d’envoyer des lettres de parrainage de la Chambre des métiers aux ambassades et consulats, et une fois le voyage effectué, la prise en charge des émigrants et leur convoiement vers la destination de leurs choix. Naturellement, les organisateurs de festivals, incrédules, ne verront rien venir.
La machine s’enrhume…
C’est ce qui semble être arrivé à Maty «3 Pommes». Mais, avec un peu plus de chance, elle a pu limiter les dégâts. En effet, raconte-t-elle, guidée par le souci patriotique de vendre l’image de son pays, elle a entrepris d’organiser un festival à Atlanta. Ceci étant, elle a effectué toutes les démarches dans les règles de l’art. C’est ainsi qu’elle a contacté la Chambre des métiers et leur a mis au courant de son projet. Visiblement très favorable à cela, la Chambre des métiers lui a assuré qu’elle allait mettre à sa disposition une liste d’artisans ayant des visas américains. En échange, ceux-là devraient s’acquitter de la somme de 2 millions de nos francs qui serviront à couvrir les frais de voyage, d’hébergement, de restauration et de déplacement, une fois sur place. Sur ce, l’animatrice de «Show tout show» a engagé les premières dépenses grâce à un prêt qu’elle aurait contracté dans un micro crédit. À quelques jours du festival, la Chambre des métiers lui a fait savoir que les artisans, possédant un visa américain, ne sont pas intéressés par le voyage. Toutefois, elle a tenu à lui proposer d’autres personnes qui, elles, sont intéressées, avant de lui assurer qu’elles sont fiables et à coup sûr, ils ne prendront pas la poudre d’escampette. Malgré cette garantie, Maty n’en était pas pour le moins rassurée et davantage lorsque des personnes de son entourage l’ont avertie de certaines choses pas très catholiques qui se tramaient à la Chambre des métiers. Sans ambages, elle s’en est ouverte à la Chambre des métiers, qui a fini par la convaincre de sa bonne foi.
…Une plainte atterrie à la Sûreté urbaine…
En plus des démarches déjà entreprises, Mame Maty investit sa crédibilité auprès de l’ambassade des Etats-Unis, pour qu’il soit délivré des visas aux participants. Sur 11 préposés au voyage, deux dossiers vont être rejetés. Et puisqu’ils avaient déjà tous donné un acompte d’un million sur les 2 qu’ils devaient verser pour avoir le droit de participer au festival, il fallait donc rembourser aux deux «candidats» malheureux. Ce qui a été fait pour l’un et malheureusement pas pour l’autre qui se trouve être une dame. Celle-ci, ne faisant pas partie du voyage et n’arrivant pas non plus à entrer dans ses fonds, a porté l’affaire devant la Sûreté urbaine où Maty a été entendu avant-hier. Seulement, selon Maty, ce n’était qu’un malentendu entre la coordonnatrice du festival et la dame. Suite à des soucis d’argent à cause de dépenses extra, elle a choisi d’attendre la fin du festival avant de rembourser la dame, pour éviter qu’ils ne soient à court d’argent. Maty explique ce choix, dans les relations qu’elle entretenait avec la concernée. «Elle était tout le temps avec nous, au point que l’on pouvait même la considérer comme un membre de mon staff. J’ai donc pensé qu’elle pourrait comprendre que nous ayons des problèmes d’argent et qu’elle puisse patienter jusqu’à notre retour. Seulement, la coordonnatrice a omis de l’en aviser et c’est ce qui a été l’objet de sa plainte. Finalement, on s’est entendu, elle s’est excusée et je vais lui rembourser son argent», explique-t-elle.
…Le pot aux roses découvert par hasard…
Pour en revenir à l’épisode du festival, une fois que tous les participants ont leur papier en règle, ils ont pu embarquer en direction du pays de l’Oncle Sam. En escale à New York, Maty «3 Pommes» n’a cessé d’observer les comportements de certains des voyageurs, «ils se mettaient à l’écart et avaient l’air de comploter quelque chose». Sentant un coup fourré, elle aurait attendu d’arriver à Atlanta pour convoquer une réunion. Et c’est à partir de là, qu’elle se serait rendu compte qu’elle a été abusée par la Chambre des métiers. D’après les propos de Mame Maty, les participants lui auraient avoué qu’ils n’étaient pas des artisans et qu’ils avaient versé entre 3 500 000 et 6 000 000 FCfa pour voyager aux États-Unis, quelque 6 mois avant le festival. Certains ont même, certifié avoir vendu leur maison et leurs biens pour obtenir le visa. Et Maty d’entreprendre de les convaincre de rentrer avec elle au Sénégal. Une demande à laquelle, ils auraient accédé avant de se rétracter à la dernière minute, précisément à l’entame de la cérémonie. Ainsi quatre d’entre eux ont réussi à se fondre dans la nature, aidés en cela par une mystérieuse dame, coiffeuse de profession. Celle-ci, de concert avec une autre dame établie au Sénégal, s’est chargée de leur transport et leur hébergement. Toujours selon les explications de Maty, la dame complice en question est en réalité la tête du réseau, c’est elle qui se chargeait au préalable de chercher d’éventuels candidats à l’émigration. De surcroît, elle a des liens de parenté avec la coiffeuse d’Atlanta. Et le pot aux roses a été découvert accidentellement. C’est un autre artisan sénégalais participant au festival, nommé M. Sylla, qui témoigne : «Lorsque nous sommes arrivés à Atlanta, j’ai fait la connaissance d’un artisan américain qui participait au festival. Nous avons tout de suite sympathisé et il m’a invité à séjourner chez lui. C’est ainsi que, par hasard, une de ses connaissances coiffeuses l’a appelé sur son portable, alors que nous étions dans son salon. Celle-ci lui a fait savoir, qu’elle voulait parler à l’un des artisans sénégalais. Ne comprenant pas trop ce qui se passe, il me l’a passé au bout du fil. Aussitôt, la dame s’est mise à me dire qu’elle était chargée de venir me prendre. Elle m’a ensuite demandé si, Maty était là. J’ai compris qu’elle pensait parler à une autre personne et j’ai joué le jeu en lui faisant croire que Maty était là, que j’allais la contacter au moment opportun. Lorsque, je suis rentrée, j’ai tout de suite avisé Maty. C’est comme ça que nous nous sommes entendus pour tendre un piège à la dame. Je l’ai ensuite rappelé pour qu’elle vienne me chercher. Ainsi, nous avons pu découvrir le subterfuge.»
…Preuves à l’appui…
À noter que Maty a pris le soin d’enregistrer leur conversation avec la dame. Une preuve qu’elle brandit fièrement avec les contrats qu’elle a signé avec la Chambre des métiers, les «candidats», ainsi que le mail qu’elle a envoyé à l’ambassade des Etats-Unis, pour leur signaler les noms des fugitifs. Mieux, Maty mène une enquête sur la fameuse coiffeuse. À l’en croire, la dame aurait payé un policier afro-américain pour qu’il l’épouse. Par la suite, elle aurait fait venir son mari sénégalais à Atlanta…
En attendant, Maty se dit persuadée que le réseau va tenter de produire de faux documents avec de fausses signatures et de faux témoignages, pour la discréditer, mais c’est sans compter avec sa détermination à laver l’affront.
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