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AFFAIRE MOMAR WAR SECK / MOUHAMED GUEYE : Les détails d'une affaire née aux Etats-Unis

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AFFAIRE MOMAR WAR SECK / MOUHAMED GUEYE : Les détails d'une affaire née aux Etats-Unis

Sur conseil de ses avocats, juste avant que l’affaire ne soit appelée devant la barre, Momar War Seck, l’homme par qui le scandale de corruption dans la magistrature est arrivé, a signé un engagement pour permettre à la partie civile Mouhamed Guèye de récupérer 62 millions auprès du notaire Aïssatou Guèye Diagne. Les 12 millions qui restent devront être remboursés dans un délai de douze mois. Malgré ces garanties et le désistement de la partie civile, le Procureur a requis quatre ans ferme. Le Président Maguette Diop, qui a tenu coûte que coûte à retenir cette affaire, a renvoyé le délibéré au 14 septembre.

Le Tribunal voulait coûte que coûte retenir l’affaire

Pour sa seconde comparution devant le Tribunal régional hors classe de Dakar, Momar War Seck, 55 ans, a porté son choix sur un boubou gris, cassé d’une écharpe blanche sur l’épaule. De son côté, la partie civile Mouhamed Guèye, environ 1,50 m a opté pour un costume sombre. Pour ne pas rater un mot du discours de Momar War Seck, le plaignant, chemise bleue en guise de sous-main, stylo à la main droite, prend studieusement des notes. Le cartable bourré de documents posés devant ses pieds ne le quitte pas un seul instant.

Avant que le mis en cause ne se prononce sur les faits, les conseils de la partie civile, Me Baboucar Cissé et Malick Mbengue s’approchent de la barre pour notifier leur désistement. Le Président Maguette Diop, qui tenait coûte que coûte à ce que le dossier soit retenu prend acte et poursuit :

-  Vous êtes poursuivi pour escroquerie portant sur 82 millions, qu’est-ce que vous avez à dire, demande le Président.

-  Ce n’est pas ce qui s’est passé, répond le détenu.

-  Qu’est ce qui s’est passé alors ?

« Mouhamed Guèye m’a traité de tous les noms d’oiseaux »

-  Mouhamed Guèye est l’époux de ma nièce, commence Momar War Seck. Il a eu des démêlés avec la police américaine et devait verser 130.000 $. Sa banque lui a demandé de mettre l’argent sur mon compte Bhs à Paris, il l’a fait. La banque a demandé de justifier la provenance de l’argent. Le directeur de la banque, à l’époque, Ousmane Dème, m’a suggéré d’écrire une lettre à envoyer par poste, pour dire que je veux acheter une maison pour ma nièce. C’est ainsi que l’argent est entré dans mon compte. Mouhamed Guèye m’a appelé pour me dire de venir aux Usa, j’y suis allé avec ma nièce. L’argent a été remis à l’avocat américain et le jour tant attendu pour le versement de la caution est arrivé mais le conseil nous a fait comprendre que Mouhamed est un prisonnier fédéral et que ce n’était pas la peine de verser une caution. Dès lors, il fallait récupérer l’argent et le garder jusqu’à la sortie de prison de Mouhamed. Je n’avais pas de Green Card pour ouvrir un compte dans ce pays, mais Mouhamed, qui connaissait une fille à Chase Bank Manhattan, a réussi à me faire avoir un compte. Avec l’adresse de mon neveu Momar Guèye, qui vit aux Usa, on m’a remis un chéquier et une carte de crédit provisoire. Chaque fois que Mouhamed avait besoin d’argent, il me le faisait savoir depuis la prison, d’où il pouvait téléphoner, et je lui envoyais des chèques. Il se chargeait alors de remplir les montants. Avec son accord, j’ai pris pour moi 15.000 $. J’ai aussi retiré 30.000 $ dans le compte de Paris pour les lui rembourser plus tard. Une fois, il m’a appelé au téléphone pour me réclamer ces sommes, je lui ai répondu que je ne suis pas encore en mesure de les lui rendre, et que l’argent appartient à ma nièce. Il m’a traité de tous les noms d’oiseaux.

Le Président veut savoir pourquoi il a donné de l’argent

-  Pourtant, nous avons ici une lettre de votre nièce qui dit qu’elle ne vous a pas demandé de prélever cet argent, dit le Président.

-  C’est cela le problème, se contente de commenter le mis en cause avant de poursuivre : Un jour, alors que j’étais de retour à Dakar, mon fils Lamine qui recevait mes relevés bancaires, m’a fait savoir qu’il n’y avait plus un rond dans mon compte. Cela m’a beaucoup étonné, puisque je n’avais fait que trois retraits. Dès que je suis arrivé à New York, j’ai pris un avocat pour voir clair sur ces retraits. Ma fille a fini par me persuader de laisser tomber les poursuites.

-  Comment expliquez-vous alors que les chèques portent vos signatures ? Interroge le Président.

-  Sama signature la wayé dou man, (c’est ma signature mais ce n’est pas moi) réplique-t-il.

-  Qu’en est-il du chèque fait pour Daro ?

-  J’avoue que je m’y perds ! Je suis responsable du compte, mais on a retiré de l’argent à mon insu.

-  Si vous n’aviez rien à vous reprocher dans ce dossier, pourquoi avez-vous senti le besoin de donner 15 millions pour avoir gain de cause ? demande le Président

-  Je préfère ne pas répondre à cette question, répond le détenu.

La partie civile se désiste, mais plaide

Avec un accent américain, Mouhamed Guèye prend la parole pour expliquer les faits. Après avoir donné des explications sur les circonstances de la remise des 130.000 $ il lance :

-  Il a prétendu que j’ai vidé et fermé mon compte moi-même mais je ne pouvais pas le faire parce que j’étais en prison. Si ce n’est pas lui qui a personnellement fait les retraits, il a donné les instructions pour cela. Il ne fait que ment...Tout ce que je veux, c’est qu’on me rembourse mon argent.

Rappelé à l’ordre pour son gros mot, la partie civile s’excuse.

Mains sur les coudes, Me Baboucar Cissé commence par dire que le dossier qui a été plaidé devant la première chambre a éclaboussé « notre » justice...

Le Président se redresse sur son fauteuil et l’interrompt :

-  Comment a éclaboussé ?

Me Cissé préfère ne pas « entrer dans le vif du sujet » et continue sa plaidoirie :

-  Une lettre a été signée ce 24 août, dans laquelle le prévenu permet au notaire Aïssatou Guèye Diagne de verser 62.989.575 millions ; le reste, c’est-à-dire les 12.718.700 francs, le sera dans un délai de douze mois

Malgré le désistement, Me Cissé tient à dire que « ce sont Seck père et fils qui ont puisé les 100.000 $ ».

De l’avis de Me Malick Mbengue, Momar War Seck a reçu l’argent avec l’instruction de le garder dans son compte jusqu’à la sortie de prison de son client. Il ne l’a pas fait, l’infraction relève de l’abus de confiance et non de l’escroquerie.

Le représentant du Procureur, Abdou Karim Diop, vise la même qualification. Selon lui, il est élémentaire que pour retirer de l’argent à la banque, il faut signer et présenter une pièce d’identité. Par conséquent il est chimérique de la part de Momar War Seck de dire que de l’argent a été retiré à son insu, avec sa signature. Il exhibe une lettre du conseil juridique américain du prévenu, James E. White, qui dit que toutes les transactions ont été effectuées avec l’accord de Seck. Le parquet requiert quatre ans ferme.

Ne pas sanctionner le présumé corrupteur

Puisque son client s’est engagé à payer, estime Me Joseph Etienne Ndione, le Tribunal ne devrait plus le poursuivre.

-  Avant d’être constitué dans le dossier, j’avais une idée négative de Momar War Seck. Aujourd’hui, je me dis qu’il a voulu simplement aider la partie civile. Au lieu de se précipiter, on aurait pu ouvrir une information judiciaire. Curieusement, personne ne s’est demandé par quel miracle il y a eu des retraits au-delà du 5 septembre 1999, date à laquelle mon client est rentré au Sénégal !

Au sujet de Me Aïssatou Guèye Diagne, le conseil estime « qu’elle n’a pas joué le jeu. Elle a fait du dilatoire pour s’attribuer cette maison au nom de sa nièce de 14 ans. D’ailleurs, elle va être poursuivie par le conseil de discipline ».

Me Papa Laïty Ndiaye n’y va pas par quatre chemins et soutient que derrière l’infraction d’escroquerie, qui est devenue abus de confiance, se cache celle de la corruption. « Le Président lui-même a demandé au prévenu qui est en prison pour une autre affaire, pourquoi il avait besoin de donner de l’argent. Alors que la partie civile s’est désistée, on a requis quatre ans, une peine de détournement de deniers publics. En réalité, il s’agit de sanctionner le présumé corrupteur. J’espère que le Tribunal saura faire la part des choses. Momar War Seck a suffisamment payé pour cette affaire ».

La messe sera dite le 14 septembre.



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