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AFRICAMER - Après plus de trois ans sans salaire : 200 travailleurs embarquent dans une grève de la faim

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AFRICAMER - Après plus de trois ans sans salaire : 200 travailleurs embarquent dans une grève de la faim

Menace mise à exécution à Africamer par 200 travailleurs qui ont décidé d’observer hier la grève de la faim. Las d’attendre une réaction favorable de la part des autorités, ces employés se sont fait entendre hier en se confiant à la presse.

Comme annoncé mercredi dernier, les travailleurs de Africamer ont entamé leur diète dimanche à minuit dans les locaux de la Bourse du travail de la Cnts. Las de courir derrière 38 mois sans salaires, ils ont mis leur menace à exécution, après un premier coup d’essai écourté par des promesses de Innocence Ntap Ndiaye, ministre du Travail.

200 travailleurs ont décidé d’observer la grève de la faim, à défaut de rentrer dans leurs fonds et reprendre leurs activités dans une entreprise qui continue de s’arc-bouter sur certaines «prérogatives nébuleuses pour remplir sa caisse et discrètement».

Dans une atmosphère plus ou moins sombre, des dizaines de personnes, qui squattaient encore les portes de la grande salle qui regroupe les «affamés», ont accueilli la presse dans la soirée d’hier. Mine grave, le porte-parole et le coordonnateur du collectif des travailleurs ont tenu d’emblée à rappeler les motivations de cet ultime recours… suicidaire. «Nous avons entamé la grève de la faim dont nous vous parlions, il y a quelques jours», geint Mangoné Camara. Le porte-parole du collectif des travailleurs de faire remarquer que «ce n’est pas de gaieté de cœur» qu’ils se privent de nourriture. «Nous aurions bien aimé que l’Etat règle notre problème auprès de Giorgio Gabrielli (propriétaire de Africamer), mais comme, il préfère nous livrer à ce monsieur, alors tant pis pour nous», lâche M. Camara, l’air dépité.

A l’intérieur de la salle, le constat est tout simplement indescriptible. Les femmes sont couchées par terre, recouvrant le visage et exhibant fièrement leurs pancartes à l’intention des visiteurs. «Goorgui, arrêtez cette famine qui sévit à Africamer, nos femmes veulent aussi aller au marché», peut-on lire sur l’une d’elles. Ce qui cache mal les difficultés auxquelles ces travailleurs font face, depuis plus de trois ans.

Alors que les femmes noient leur chagrin sur le perron crasseux de cette salle des lamentations des syndicats affiliés à la Cnts, les hommes eux, essayent de tromper la faim en implorant Dieu au cours des parties de prières. Sous le regard bienveillant de Lamine Fall, secrétaire général adjoint de la Cnts qui «regrette cette situation qu’on pouvait bien éviter».

Mais hélas, renchérit Khady Ndiaye, responsable des femmes d’Africamer, «au lieu de régler notre problème comme elle nous l’avait promis, Innocence Ntap a voulu politiser nos revendications en nous demandant d’aller rejoindre la Cnts/Fc». Encore sur ses pieds, «la dame de fer», comme l’appellent fièrement ses sœurs, n’en revient toujours pas sur ce que «Innocence Ntap (lui a) dit au téléphone à propos de (leur) mouvement d’humeurs». D’ailleurs, pointe-t-elle du doigt une autre pancarte sur laquelle il est écrit : «Madame le ministre, Wade ne veut pas le chantage.» Puisque, pour elle, celle qui était censée régler leurs problèmes les a finalement lâchés pour des considérations politico-syndicales. «C’est abject et inhumain à la limite même…». Des propos tenus sous le regard des dizaines de personnes qui sont venues au chevet de leurs parents et amis. Après un court instant de silence, Youssoupha Faye, le coordonnateur du collectif des travailleurs, élève le ton. «En tous cas, si rien n’est fait dans les 72 h qui suivent, nous irons au Palais. Et qu’importe ce qui va nous arriver, qu’on nous tue tous, parce que je n’arrive pas à comprendre comment un étranger peut-il débarquer dans notre pays et avoir autant de pouvoirs dans l’indifférence générale des autorités», tonne-t-il.

Jusqu’à 18 h hier, aucune évacuation n’a été notée chez les grévistes, mais ces femmes-là n’entendent pas courber l’échine devant une quelconque maladie, parole de Khady Ndiaye.

Pour rappel, en mars dernier, les travailleurs d’Africamer avaient observé une diète qui n’a finalement duré que trois jours. En effet, le ministre de du Travail leur avait assuré de trouver des solutions pour régler les mois d’arriérés de salaires de 2 500 travailleurs et pour relancer les activités d’Africamer. Mais depuis, constate amer, Mangoné Camara et ses camarades : «Aucune démarche sérieuse n’a été entamée par le ministre (Innocence Ntap Ndiaye) pour trouver un début de solution aux souffrances des 2500 employés d’Africamer qui continuent d’enregistrer des malades, des décès, des expulsions par voies judiciaires au vu et au su des autorités de la République, qui ferment les yeux et restent insensibles à ce drame poignant.»

 



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