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AGENCE DE REGULATION DES MARCHES PUBLICS : Pourquoi Youssoupha Sakho ne rempile pas Sakho jette l’éponge et refuse un second mandat

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AGENCE DE REGULATION DES MARCHES PUBLICS : Pourquoi Youssoupha Sakho ne rempile pas Sakho jette l’éponge et refuse un second mandat

C’est rare pour être souligné. Le directeur général de l’Autorité de régulation des marchés publics (ARMP), M. Youssouf Sakho a décidé de ne pas se présenter pour un deuxième mandat alors que l’actuel court jusqu’au mois de décembre 2010. Il l’a fait savoir à ses proches et semble décidé à jeter l’éponge. Car il sait qu’il dérange alors qu’il ne peut se permettre de faillir dans une mission qu’il tient, semble-t-il, de « l’honneur ».

Sa décision, sauf revirement de dernière minute, intervient alors que l’unanimité a été faite sur la diligence avec laquelle l’équipe dirigée par l’ancien ministre des Transports a traité les dossiers qui lui ont été soumis avec une politique de transparence saluée par tous mais qui n’a pas fait que des heureux dans certains cabinets ministériels, sphères de la haute administration et démembrements de l’Etat… M. Youssouf Sakho, ingénieur polytechnicien, réputé pour sa probité, avait été « emporté » par le naufrage du « Joola », alors que les sanctions pleuvaient sur les responsables de l’armée (en particulier la marine) et de la marine marchande. Surtout sur les deux ministres de tutelle en poste (Forces armées avec Youba Sambou et un certain…Youssouf Sakho aux Transports) lors de l’une des plus grandes tragédies mari times qui a fait près de 2000 morts au large de la Gambie en septembre 2002 seront limogés.

Mais son expertise et ses états de service ne pouvaient laisser M. Youssouf Sakho trop longtemps en rade. C’est une procédure rigoureuse qui permet de sélectionner puis de nommer le directeur général de l’Armp. Après un appel à candidatures, une première sélection est opérée par le conseil de régulation de l’Autorité. Cette instance est composée de 9 membres dont 3 issus de l’administration (un président, un magistrat et un inspecteur général d’Etat). Le secteur privé et la société civile (généralement l’université) se partagent le reste des sièges à parts égales. C’est ce conseil qui coopte une personnalité parmi la short-list sortie de l’appel à candidature. La proposition émise par le conseil doit être entérinée par le Président de la République, qui nomme le Directeur général par décret. C’est ainsi que M. Youssouf Sakho s’est retrouvé aux affaires ou plutôt à la tête d’une structure ayant la lourde tâche de traquer les manquements à l’orthodoxie dans les règles de passation des marchés publics.

C’est sur l’insistance des bailleurs de fonds que l’Etat avait consenti en 2007 à la création de cet organe original et indépendant dont la mission essentielle consiste à assurer la régulation du système de passation des marchés publics et des conventions de délégation de services publics. Pourquoi jeter l’éponge alors les témoignages de satisfaction émanent de partout en faveur de son directeur général –sauf, bien sûr des autorités haut placées qu’il empêche depuis deux ans de jouer avec l’argent public ? En haut lieu, l’Autorité commençait à gêner à cause de son indépendance et des « lièvres » qu’elle soulevait. D’ailleurs, les rapports annuels de l’Armp sont devenus un baromètre fiable de la transparence dans la passation des marchés publics au Sénégal.

L’attribution des marchés publics a été l’une des principales sources d’enrichissement illicite, de pots-de-vin et autres dessous-de-table des ordonnateurs véreux des dépenses de l’Etat. Dans le cadre global de la lutte contre la corruption, la création de l’autorité, son mode de fonctionnement, la qualité de ses membres et la publication de ses rapports ont permis des avancées notables. M. Youssouf Sakho a-t-il commis l’erreur de s’être penché sur la passation des marchés dans des services où trônaient des personnalités qui se croient intouchables ?

En tout cas, ces derniers temps, les pressions s’étaient faites très fortes. En privé, M. Youssouf Sakho soutient n’avoir pas senti un soutien ferme des autorités devant « la chasse à courre » dont il croit à tort ou à raison faire l’objet. Sous l’autorité de M. Sakho, l’Armp avait dernièrement durement épinglé la Lonase, le Port, le Coud entre autres structures étatiques. En haut lieu, l’Autorité de régulation des marchés publics était devenue « hors de contrôle ». Il est vrai que le pouvoir a été surpris par la liberté et l’audace des limiers de l’Armp…

Du ministère de l’Environnement, pour ne prendre qu’un exemple, pris en flagrant délit de fractionnement de marchés à l’Agence nationale de promotion touristique (Anpt) en passant par la très influente Agence de promotion des investissements et des grands travaux (Apix), les services de M. Sakho avaient ratissé large. Très large. Dans son rapport 2008, les enquêtes qui avaient  fouillé la gestion de 72 entreprises publiques comme privées et des agences a décelé des écarts et anomalies dans les procédures de passation des marchés. Sur la longue liste des « fauteurs » en passation de marchés figurent les proches du Président de la République comme Karim Wade ou Aminata Niane, malgré les dénégations de ses services de communication… Ainsi, certains aspects de la gestion de l’Anoci, alors présidée par l’actuel ministre d’Etat, avaient été montés en épingle dans les rapports de l’Autorité de régulation.

Mais c’est le ministre d’Etat Awa Ndiaye qui avait remporté la palme, si l’on ose dire. Le rapport 2008 avait  listé certains achats faits par Awa Ndiaye notamment « une cuisinière acquise hors Tva à plus de 2 millions de francs ; une cuillère à plus de 37 mille francs, un couteau à 42.000 francs » ou « une clé Usb d’un Giga (a été acheté) à 97.500 francs ». Les perles scandaleuses s’enfilaient comme un chapelet diabolique : « une carafe à 47.000 francs Cfa ; aux Services d’hygiène, une paire de sandales coûte 67.000 francs Cfa » et « un tapis de prière acheté à 15.000 francs. » L’opinion publique avait particulièrement mal accueilli ces révélations…

L’Armp est actuellement dans la période de sélection des auditeurs qui vont « s’attaquer » au prochain rapport. 82 dossiers particulièrement lourds sont dans leur collimateur contre 72 l’année précédente. On s’attend à ce que des scandales encore plus lourds sortent. D’où le branle-bas de combat…  ?



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