Une ambiance indescriptible règne à Touba qui aura du mal à contenir ses hôtes aujourd’hui. Dès l’annonce du rappel à Dieu du khalife, les fidèles, inconsolables, ont cherché par tous les moyens à rallier la cité religieuse avant le petit matin.
C’est, un peu avant minuit, au moment de mettre sous presse que la nouvelle est tombée : le khalife général des Mourides, Serigne Saliou Mbacké n’est plus. Serigne Saliou ne s’est pas réveillé du profond sommeil dans lequel il était plongé depuis trois jours. Une triste nouvelle qu’on ne peut annoncer brutalement. Il a fallu recouper. D’autant qu’à Touba, les populations n’en étaient pas encore informées. Une heure plus tard, il n’y avait plus de doute. A Touba on s’attelait à la toilette mortuaire. Le souci était d’enterrer le défunt avant de divulguer la nouvelle de son rappel à Dieu.
En fait, l’état de santé du marabout avait empiré dans la nuit du jeudi au vendredi, au point que Cheikh Béthio Thioune a appellé le professeur Sémou Pathé Diouf du Centre hospitalier universitaire de Fann, qui était le médecin personnel du défunt. Le professeur Diouf, indique-t-on a passé la nuit au chevet du khalife, pour l’examiner. Ce fut son dernier diagnostic. Car Serigne Saliou allait rendre l’âme dans l’après-midi du vendredi, vers 17 heures. Mais il fallait encore taire cette information, car c’est une grande figure religieuse qui venait d’être rappelée à Dieu. D’ailleurs, même sa fille aînée n’a pas été informée à temps, car elle confie avoir porté le dîner à son père entre 19 et 20 heures.
Sitôt informé dans la soirée, le président de la République Abdoulaye Wade, accompagné du ministre de l’Intérieur, Ousmane Ngom, du ministre l’Energie Samuel Amète Sarr, du ministre de l’Industrie, Madické Niang et du président du Sénat, Pape Diop, a pris la route de Touba où il est arrivé à un quart d’heure de 3 heures du matin. On venait à peine de porter le khalife en terre, dans la grande mosquée de Touba. Le Président Wade et sa délégation sont entrés directement dans la maison mortuaire, la mine très abattue, avant d’aller se recueillir sur la tombe du défunt, dans la grande mosquée.
Le Président Wade qui est aussi un ami et talibé du défunt, semblait aussi attristé que les fidèles qui affluaient en masse vers la maison mortuaire. D’ailleurs, une fois la nouvelle rendue officielle, l’ambiance est devenue indescriptible. Des fidèles inconsolables qui tombent en transes. Certains s’effondrent sur le sol, d’autres se cognent la tête sur les poteaux électriques, tout en criant leur douleur ou psalmodiant les noms de Dieu. Une trentaine de minutes après 3 heures, l’affluence était si forte que les forces de sécurité n’arrivaient plus à contenir cette marée humaine qui ne pouvait cacher son émotion. Il faut dire qu’il n’y avait sur les lieux que les éléments de la police et de la gendarmerie de Touba, qui avaient du mal à assurer la sécurité de la maison mortuaire. L’absence des sapeurs-pompiers a été notée, au moment où de nombreux talibé s’évanouissaient.
Une situation prévisible et qui a justifié la démarche de la famille éplorée. Dans la journée d’hier, le défunt khalife avait demandé que dans les alentours de sa demeure et de la mosquée, les gens s’adonnent à la lecture du Coran. Par ailleurs, on se rappelle qu’il n’y a pas longtemps, le dernier khalife, dans la lignée des fils de Serigne Touba, sollicitait des prières des fidèles et des populations pour qu’il puisse accomplir sa mission.
Le Sénégal dans sa diversité religieuse, pleure aujourd’hui cet homme réputé pour sa proximité avec les petits enfants, surtout de la tranche de deux à sept ans, qui remplissaient sa cour. Aux premières heures de la soirée, on se serait cru en plein jour à la sortie de Dakar. Les foules se sont ruées sur la route nationale, à la recherche d’un véhicule pour rallier Touba.
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