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Annonce du traitement du Vih par Yaya JAMMEH : Les séropositifs en Gambie espèrent, les scientifiques doutent

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Annonce du traitement du Vih par Yaya JAMMEH : Les séropositifs en Gambie espèrent, les scientifiques doutent
En Gambie, depuis que le président Yaya Jammeh a annoncé qu'il guérissait le sida, la population afflue dans les centres de santé pour se faire dépister. La communauté scientifique ne reconnaît pas son remède et demande aux malades sous antirétroviraux de poursuivre leur traitement.

SYFIA - Un rush sans précédent. A Banjul, la capitale gambienne, nombreuses sont les personnes à demander un dépistage du sida dans les centres de santé. A l’origine de cet afflux, l’annonce faite, en janvier dernier, par le président Yaya Jammeh de la découverte d’un remède à base de plantes lui permettant d'éradiquer le virus en quelques jours. Dans la foulée, le président a lancé un programme de soins, en prévenant toutefois ses compatriotes qu'il ne soignerait que les personnes qui auraient au préalable subi un test de dépistage.

L'espoir est grand pour les séropositifs de ce petit pays de près de 1,5 million d’habitants, enclavé à l’intérieur du Sénégal. Selon des statistiques du Secrétariat national de lutte contre le sida, le taux de séropositivité est passé, entre 2000 et 2006, de 1,8 % à 2,4 %.

A Banjul, cette annonce a donné lieu à des débats très animés. Petit à petit, l'incrédulité des débuts a fait place à l'espoir, entretenu par les témoignages de malades, comme Lamin Ceesay, qui affirment à la radiotélévision nationale avoir été guéris grâce à ce traitement. Cet universitaire avait été, en 2000, le premier Gambien à révéler sa séropositivité au journal télévisé. Début mars, 117 personnes avaient bénéficié de ce traitement, selon le ministère de la Santé. Sur le site de la présidence, on peut voir Yaya Jammeh en train de soigner des malades et y lire des rapports d'analyses de tests sanguins destinés à prouver l'efficacité du remède.

A l'heure actuelle, aucun cas de guérison n'a pourtant été validé par la communauté scientifique. Dans leur ensemble, les médecins de même que les représentants locaux de l'Organisation mondiale de la santé (Oms) et du Programme commun des Nations unies sur le sida (Onusida) ne cachent pas leur scepticisme. Pour avoir recommandé qu’une équipe d’experts internationaux ait accès aux informations relatives au traitement de Yaya Jammeh, Fadzai Gwaradzimba, représentante du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), a été expulsée du pays fin février.

Pour l'heure, le président tradipraticien refuse de divulguer la composition de son ‘remède miracle’. Médecin de son état, le ministre de la Santé, Tamsir Mbow, s’est dernièrement contenté d'affirmer aux journalistes, au cours d’une conférence de presse : ‘Notre collègue Jammeh soigne le sida grâce aux connaissances traditionnelles et aux mystères du saint Coran.’

La communauté scientifique insiste surtout sur la nécessité pour les malades sous antirétroviraux (Arv) de poursuivre leur traitement, sous peine de développer des résistances à ces médicaments et d'être davantage exposés aux maladies opportunistes. Sur son site, le président Jammeh déconseille en effet ‘sévèrement’ l'utilisation de ‘la médecine occidentale ou scientifique’ pendant la durée de son propre traitement. Certains personnels de santé craignent également que cet espoir de guérison rapide encourage les rapports sexuels non-protégés.

Au-delà des doutes sur l'efficacité du remède et des éventuels risques liés à son utilisation, d'autres voix s'élèvent pour critiquer la méthode employée par le président qui vient de créer un fonds spécial de lutte contre le sida et d'autres maladies, via un compte en banque à son nom personnel. ‘Toutes les personnes, groupes, compagnies et organisations qui souhaitent faire un don pour le fonds peuvent le faire à la banque Agib (Arab Gambia Islamic Bank, Ndlr)’, peut-on lire sur le site de la présidence.

D'après une enquête du journal en ligne gambien Freedom Newspaper, certains membres de la communauté des affaires n'auraient pas d’autre choix que de contribuer à ce fonds s'ils ne veulent pas subir de représailles. Leurs apports sont d'autant plus précieux que le projet de la Banque mondiale, dit ‘de Réponse rapide au Vih/Sida’ (ou Haarp) d’un montant de 15 millions de dollars (plus de 11 millions d'€), est arrivé à son terme fin 2006.

En réponse à ces critiques, d'autres soulignent que l’appel du président aura au moins eu l'avantage de pousser de nombreux Gambiens à aller se faire dépister. ‘Il a contribué à l’engouement pour le dépistage’, reconnaît Mme Rose Claire Marie, qui anime une structure de lutte contre le sida relevant du Pnud. ‘Notre centre ne désemplit plus. Nous recevons 40 personnes par jour, alors qu’auparavant nous restions une semaine sans avoir de visiteurs’, se réjouit Gibou Janneh, chef du centre de dépistage du Royal Victoria Hospital de Banjul.



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