APRES SES DECLARATIONS AU PALAIS HIER : La famille de Khadim Bousso attaque le Président Wade

Les évènements s’enchaînent de manière fort inquiétante. Après la sortie d’hier lundi, du Président Wade, au palais de la République où le Président a révélé que dans l’affaire Khadim Bousso, le khalife général des mourides n’est pas intervenu pour empêcher les forces de l’ordre de faire leur travail, c’est la famille du défunt marabout-homme d’affaires de monter au créneau. Ils déclarent que Serigne Saliou Mbacké a devant témoin demandé à Me Wade d’intervenir dans cette affaire. Et que ce serait plutôt le Président Wade qui n’aurait pas tenu parole.
Qui aurait pu prévoir pareille excroissance de ce qu’il est convenu d’appeler l’affaire Dias ? C’est depuis Touba que la famille de feu Khadim Bousso a estimé nécessaire d’apporter les précisions nécessaires à la version que le Président Wade a livrée hier, lors d’une audience accordée à Vision citoyenne. Pour rappel, le Président avait déclaré que Touba n’avait exercé aucune pression sur le pouvoir quand il s’est agi d’arrêter Khadim Bousso. Alors que le khalife général des Mourides aurait pu le faire. Me Wade a même déclaré qu’il se serait exécuté si Serigne Saliou le lui avait demandé. C’est cette version que la famille de feu Khadim Bousso qui garde toujours une dent contre le pouvoir, remet en cause. Au cours d’un point de presse organisé hier à Touba, le neveu de feu Khadim Bousso, Serigne Cheikhouna Bousso et d’autres proches de la famille du disparu ont dénoncé la sortie de Wade. Selon eux, "les déclarations de Me Wade veulent bien faire croire que le Khalife a livré Khadim Bousso à ses ennemis". Alors que selon eux, "ce n’est pas du tout le cas ». Selon la famille de Khadim Bousso, « c’est plutôt Wade qui n’a pas respecté ses engagements". Ils expliquent ainsi, toujours au cours de leur rencontre avec la presse, que "Me Wade a eu un long enretien avec le khalife sur la question et devant quatre témoins. Il avait promis au Khalife de faire de son mieux pour décanter la situation même si cette affaire concernait Khadim et ses créanciers ». Ils poursuivent en expliquant que le khalife a proposé 140 millions pour que Khadim Bousso recouvre sa liberté en attendant d’avoir les moyens de rembourser. Les parents de Khadim Bousso veulent bien rappeler que le Khalife a toujours insisté devant le Président sur les liens de parenté avec Khadim Bousso qui fut également son talibé. Pour rappel, Serigne Khadim Bousso, chef religieux de la communauté mouride et homme d’affaires, a été retrouvé, en mai 2003, mort, une balle dans la tempe, alors que la police tentait de l’arrêter. Au coeur d’un scandale financier, le marabout était en cavale. Sa mort continue encore à susciter bien des interrogations. Trois thèses circulent : celle de la bavure policière, du suicide et de la liquidation physique.

Serigne Khadim Bousso, 50 ans et trois femmes, avait bâti sa réputation sur ses pouvoirs mystiques et sa fortune. Marabout par sa naissance et son appartenance à la famille de Sokhna Mame Diarra Bousso (mère de Cheikh Ahmadou Bamba, fondateur de la confrérie des Mourides), il était à la tête de deux entreprises : la Nouvelle société de commerce (Nosocom) et l’Internationale pour le développement du commerce sénégalo-maghrébin (Idecom). Il avait également créé le Regroupement des opérateurs économiques du Sénégal (ROES) et possédait de nombreuses villas, à Touba et dans d’autres régions du Sénégal.

Khadim Bousso avait été condamné pour escroquerie et écroué suite à une affaire l’opposant à la Bicis et portant sur un montant de 2 milliards de F CFA (plus de 3 millions d’euros). Il avait profité d’un passage au pavillon spécial des détenus de l’hôpital Aristide le Dantec de Dakar pour s’évader. Pendant que son affaire défrayait la chronique, il avait déclaré, par téléphone depuis son refuge de Touba, qu’il préférait se suicider plutôt que d’avoir affaire à la justice.