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ARMEE - Remplacement du chef d’Etat-major général : Wade pris au jeu des généraux

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ARMEE - Remplacement du chef d’Etat-major général : Wade pris au jeu des généraux

Limoger un chef d’Etat-major général des Armées, à deux mois de sa retraite, faudrait-il bien, pour le faire, qu’il existe une raison qui ne laisserait pas un autre choix. Autre première dans l’histoire de l’Armée nationale sénégalaise : reporter, sine die, une cérémonie d’installation d’un nouveau chef d’Etat-major général des Armées. Là aussi, il faudrait bien un cas de force majeure pour le faire. Les Armées sénégalaises ont vécu ces deux situations assez insolites, ces deux dernières semaines, avec le remplacement du général Pape Khalilou Fall par le général Abdoulaye Fall. Le chef de l’Etat s’est pris au jeu des généraux.

Jeudi dernier, un message bien curieux était parvenu aux différentes unités de l’Armée nationale, pour informer du report sine die de la cérémonie d’installation du nouveau chef d’Etat-major général des Armées (Cemga), le général de Division Abdoulaye Fall, en remplacement du général de Corps d’armée, Pape Khalilou Fall. Comment peut-on ainsi reporter sine die une aussi importante cérémonie militaire, surtout que la rigueur et le sens de la prévision constituent le socle des vertus d’une armée organisée ? L’explication officielle, servie aux différents commandants d’unités, qui avaient déjà préparé des troupes pour participer à la cérémonie, était que le ministre des Forces armées, Bécaye Diop, devant présider la cérémonie, était indisponible pour cause de mission avec le Président Wade. Or, le cérémonial militaire est rigide et inflexible ; aucun autre ministre ne saurait suppléer, pour cette tâche précise, le ministre des Forces armées. «Il lui appartient, à titre personnel, de prendre des mains du Cemga sortant le drapeau national pour le placer entre les mains du Cemga entrant et de demander aux troupes de reconnaître désormais comme chef le nouveau Cemga et de lui obéir en tout ce qu’il leur commandera…. Personne d’autre ne pourrait le faire à la place du ministre de la Défense. Même au cas où le poste de ministre des Armées serait vacant, il faudrait attendre la nomination officielle d’un titulaire pour procéder à l’installation d’un nouveau Cemga. Au début, c’était le président de la République en personne qui le faisait en sa qualité de chef suprême des Armées, mais le Président Senghor avait fait changer le texte pour charger le ministre de la Défense de cette fonction hautement importante et symbolique», souligne un officier supérieur de l’Armée.

LA TROUPE DUBITATIVE

L’explication officielle du report de la cérémonie a paru, aux yeux de gradés, tirée par les cheveux. «Qu’est-ce qui devrait être plus important et qui ne saurait attendre pour un ministre des Armées que la cérémonie d‘installation d’un nouveau Cemga ?», s’est-on, en effet, demandé dans les casernes. A la vérité, le limogeage du général Pape Khalilou Fall, survenu le 1er juin dernier, a suscité un certain malaise chez certains officiers. En relevant le général Fall, à deux mois de sa retraite, on le prive ainsi, «de façon mesquine», du rituel de ses adieux aux Armées, relève un de nos interlocuteurs. «Rien n’est plus important et ragaillardissant pour un Cemga de passer en revue pour une dernière fois les troupes et de leur faire ses adieux. C’est le summum d’une carrière militaire bien remplie. Qu’est-ce qui urgeait pour priver le général Fall d’une aussi belle opportunité, surtout qu’il s’est bien distingué par son sérieux et son professionnalisme durant sa carrière militaire ?» Un autre officier refuse de croire à l’idée, très répandue au sein de la grande Muette, selon laquelle les relations ne seraient plus au beau fixe entre le général Pape Khalilou Fall et le Président Wade ; ceci, depuis que ce dernier aurait refusé d’autoriser une union matrimoniale envisagée par le patron des Armées. De toute façon, d’aucuns veulent encore croire que le report de la cérémonie d’installation du général Abdoulaye Fall procéderait d’une certaine volte-face des plus hautes autorités de l’Etat, en fait d’une «petite combine pour sauver les meubles», en permettant au Gl Pape Khalilou Fall, déjà nommé Ambassadeur du Sénégal en Chine populaire, de rester encore en poste pour quelques semaines. Ainsi, il pourrait partir avec une belle cérémonie d’adieu aux Armées.

LE VOTE DES MILITAIRES, FATAL AU CEMGA

Les conditions du changement de commandement à la tête de l’Armée sénégalaise continuent d’occuper les discussions entre gradés de la «grande Muette». Le Gl Pape Khalilou Fall a montré sa farouche opposition au projet de faire voter les militaires aux prochaines élections nationales. Selon certaines sources, le Cemga, après en avoir discuté avec certains généraux et amiraux de l’Armée nationale à la retraite, avait tenu à souligner, à l’attention du chef de l’Etat, que le projet lui paraissait prématuré. «Nous ne sommes pas encore à une hauteur de démocratie qui permettrait à l’autorité politique de nommer un chef des Armées, strictement sur la base de ses compétences», aurait soutenu le Gl Fall. En fait, de l’avis de nombreux officiers généraux, selon que les votes de la Troupe penchent d’un côté ou d’un autre, l’autorité politique pourrait décider du sort du commandement supérieur de l’Armée. Autrement dit, cela ouvrirait la boîte de Pandore et les expériences vécues en Afrique n’encourageraient pas non plus à faire voter les militaires au Sénégal. La prise de position ferme du général Fall a fortement contrarié le Président Wade, qui se faisait ainsi observer de «la sous-démocratie de son pays». Aussi, ne lui paraissait-il plus possible de revenir sur le projet de vote des militaires.

Ce projet de modification de la loi électorale ne procède pas d’une stratégie préméditée, nous confie un haut cadre de l’Armée. Tout serait parti d’un constat, fait par l’opposition, de la présence de nombreux militaires, encore sous les drapeaux, dans les listes électorales (voir Le Quotidien n°1001 du vendredi 28 avril 2006, «Les militaires se camouflent dans le fichier électoral»). Le ministre de l’Intérieur, maître d’œuvre de l’organisation des élections, avait alors indiqué que tous les noms de militaires en activité seraient extirpés du fichier électoral. Mais, c’était sans compter avec le refus de l’Armée de donner ses effectifs, «pour des raisons évidentes de sécurité nationale». Alors, devant une telle impasse et pour éviter que les cas de militaires électeurs n’alimentent un futur contentieux électoral, la décision a été vite prise de changer la loi pour faire voter les militaires, une bonne fois pour toutes.

 



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