Le règlement progressif de la dette intérieure du Sénégal, brandi par beaucoup de patrons pour justifier les situations financières déficitaires de leurs entreprises, révèle au grand jour la crise que traversent certaines d’entre-elles. Et les premiers à trinquer sont les travailleurs. Ceux de la Sagef, une filiale de la multinationale américaine Ilico, sont dans ce cas de figure, d’après des sources internes à l’entreprise. Ces dernières confient que des centaines de Contrats à durée déterminée (Cdd) ont été résiliés ou non reconduits. Ceux qui ont des Contrats à durée indéterminée (Cdi), qui sont au nombre de 128, ne se portent pas mieux ; ils se retrouvent avec des arrières de salaires de plusieurs mois, pour certains. Sans oublier l’arrêt des reversements à l’Ipres et à la caisse de Sécurité sociale des cotisations prélevées sur les salaires, qui s’élèvent à des millions. Cela dure depuis deux ans pour certains travailleurs. Jusque-là, les travailleurs ont supporté et gardé le silence, sans manquer, cependant, de dénoncer à l’interne la gestion de l’administrateur de la boîte. D’aucuns reprochent au patron un recrutement de personnel administratif «pléthorique et inutile», arguant qu’il y a plus un besoin d’hommes de terrain que de bureau. Et estiment que c’est suite à ces recrutements en veux-tu en voilà que l’entreprise s’est retrouvée dans ces problèmes. Les agents de Sagef demeurent convaincus qu’avec le travail qu’ils ont abattu et avec les rentrées d’argent notées, la société pouvait rester longtemps sans connaître une situation pareille.
Les responsables parlent de la situation au passé
Nous sommes allés sur place à la rencontre des responsables de la boîte. Qui ne démentent pas l’existence de l’information, mais préfèrent conjuguer la crise au passé. Le directeur financier, Eric Diatta, dit que cela est en passe de devenir un mauvais souvenir. Car «depuis deux mois, les travaux ont repris». M. Diatta a reconnu qu’effectivement, «en un moment, la société a eu quelques divergences avec la Banque de l’habitat du Sénégal. Et avant le mois de mai, l’usine était pratiquement à l’arrêt». Selon lui, c’est la Bhs «qui finance la Sagef, en mettant à sa disposition des ressources, pour construire et vendre les maisons clefs en main». Il a ajouté que le blocage survenu s’est fait ressentir sur le fonctionnement de l’usine.
A en croire M. Diatta, la Sagef avait, face au problème, plusieurs options : «Soit mettre l’usine à l’arrêt, puis tous les gens au chômage technique, et attendre que la situation se décante pour reprendre tout le monde, ou alors continuer avec les moyens du bord en gardant tout le monde ; et c’est la deuxième solution qui a été retenue.» Par conséquent, la boîte a accusé «quelques retards de salaires», a-t-il poursuivi.
A propos de l’arrêt des reversements à l’Ipres et à la Caisse de sécurité sociale, la chargée des affaires juridiques, Mlle Sylla, a tenu à préciser que des conventions de remboursement ont été signées avec les deux sociétés de prestations sociales. A son avis, tout a été respecté sur le plan juridique. Elle a précisé, en outre, que seuls les détenteurs de Cdd n’ont pas été repris, simplement parce qu’il n’y avait plus de travail.
Pour étayer ses propos concernant la reprise des travaux, M. Diatta signale que la Sagef a obtenu un marché de 328 logements, dont 60 déjà réalisés. Ce programme durera au moins deux ans, a-t-il indiqué, assurant que cela va permettre à l’entreprise de régler les problèmes. Il a fait savoir que «la politique de gestion des coûts va être optimisée tout en essayant de la cadrer par rapport aux revenues».
Les travailleurs restent dignes
Le même vendredi, une rencontre a été organisée avec les syndicalistes. Ils ont confirmé, certes, les dires de leurs responsables, mais n’ont pas oublié que la situation a été très dure, car ils étaient restés 6 à 8 mois sans travailler. Les travailleurs ont admis avoir toujours été informés de la situation de la boîte par le Dg, le Pca et le directeur financier. Raison pour laquelle, ils acceptent de serrer la ceinture.
Les syndicalistes ont, toutefois, déploré, devant M. Diatta et Mme Sylla, les recrutements pléthoriques en question. Car, à leurs yeux, pour une entreprise comme la Sagef, il suffit d’une administration réduite et de beaucoup d’ouvriers pour en assurer un bon fonctionnement.
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