Ils étaient très remontés et ils ont même eu le culot de brailler leur désapprobation quand la Cour d'Assises les a déclarés coupables des faits qui leur sont imputés et les a condamnés à des peines allant de 15 ans de travaux forcés à la prison à perpétuité. Pour les autres, qui ont été acquittés ou ayant bénéficié de 5 ans de travaux forcés, c'est la délivrance après cinq années passées en taule. Des peines qui rejoignent les réquisitions de l'Avocat général. Alors que les conseils de la défense durant leurs plaidoiries ont surtout fustigé l'enquête de la police qui n'a été «d'aucune fiabilité», et le travail du juge d'instruction.
Ils ont râlé, protesté et déversé leur bile devant le président de la Cour d'Assises de Dakar, après la lecture des condamnations formulées sans circonstances atténuantes par le juge Malick Sow à leur enontre : travaux forcés à perpétuité pour vol en réunion commis la nuit avec usage d'armes et de violences entraînant la mort du commerçant Oumar Niane le 14 décembre 2000, association de malfaiteurs, détention d'armes sans autorisation administrative. C'est d'ailleurs Omar Ba alias Bomard qui est le premier à crier son orfraie en s'aggrippant sur le micro installé devant le parloir : «Dieu va nous juger demain. Ce n'est pas juste ce que vous êtes en train de faire M. le Président (Sic). Dieu est Grand et Il rendra son verdict demain.»
Le juge demande alors aux gendarmes de le sortir de la salle. Il sera menotté et conduit à la voiture de la police portuaire. Le calme ne sera que de courte durée, car Mamour Kâ condamné à la même peine et Khaly Boye à 15 ans de travaux forcés vont aussi vociférer leur colère et leur désapprobation en mettant tout le box en ébullition. «Je n'ai jamais volé dans ma vie et vous me condamnez à la perpétuité. Je ne connais que le daara. C'est injuste et cela ne repose sur aucun fondement juridique. Dieu va également livrer son verdict demain», hurle Mamour Kâ. «Tais-toi, tais toi», ordonnent les gendarmes. «Non, je refuse de me taire car on vient de me condamner pour le restant de ma vie. Mais, heureusement qu'on croit à Serigne Touba», se console de nouveau Mamour Kâ entre les mains des Légionnaires.
Devant cette situation confuse, qui règne dans la salle, les gendarmes décident d'évacuer le box des accusés pour faciliter le retour au calme. L'audience reprend ses esprits. Le président du tribunal poursuit son délibéré dans une atmosphère de quiétude et de solennité car certains parents des prévenus n'ont pas hésité à se fondre en larmes durant le show des condamnés. Abdoulaye Ndiaye dit Dane Malaka et Djiby Dieng vont être logés à la même enseigne que Mamour Kâ et Omar Bâ condamnés pour les mêmes actes.
A côté de ces cas de pepétuité, la Cour d'Assises pour son dernier jour de siège pour la présente session a aussi condamné Elhadji Bamba Diallo Baye, Lamine Badji Odio, Adolphe Mendy Bébé et Pape Ndiaye Cissé à 15 ans de travaux forcés pour vol en réunion commis la nuit avec usage d'armes, pour détention d'armes sans autorisation administrative et association de malfaiteurs. Khaly Boye va également purger 15 ans de travaux forcés pour les mêmes faits ainsi que pour la détention de chanvre indien.
D'autre part, Pape Abdou Seck reconnu coupable d'associations de malfaiteurs, de vente d'armes sans autorisation administrative, et de complicité de port d'armes, a été condamné à une peine de 3 ans d'emprisonnement ferme. Comme lui, Malick Sow l'intellectuel du groupe a bénéficié de 5 ans de travaux forcés pour association de malfaiteurs et de port d'armes sans autorisation, tout comme Codou Gningue et Ngoné Diop condamnées à 5 ans de travaux forcés par contumace pour complicité. Aliou Niang va purger 2 ans de prison pour détention de chanvre indien, contrairement à Gora Diouf, Souleymane Sarr et Amy sy qui ont été acquittés par la Cour faute de preuves.
L'ENQUETE DE POLICE DECRIEE
Ces peines «assez lourdes» rejoignent les voeux de l'Avocat général qui avait qualifié «cette affaire rocambolesque d'une pâle copie d'une série B américaine». Car, il avait demandé à la Cour durant ses réquisitions de condamner «ces bandits de grand chemin qui sèment la terreur dans la banlieue en faisant du cambriolage des télécentres et des magasins dont celui d'Oumar Niane et l'usage d'armes à feu leur sport favori pour commettre leur forfait et dépouiller les honnêtes citoyens de leurs biens à la perpétuité et à au moins 20 ans de travaux forcés».
Les avocats aussi durant leurs plaidoiries avaient surtout fustigé l'enquête de police qui «a été rédigée en vrac et à la va-vite. Tout a été fait pour seulement les mettre en hors d'état de nuire parce qu'ils sont fichiés au niveau des commissariats de Pikine ou de Thiaroye», notent-ils. Mieux, «il n y a eu aucune recherche de la part des policiers parce que l'arme du crime n'a jamais été retrouvée. Mamour Kâ qui était considéré comme le tueur dans le Pv de la police, a déclaré avoir remis l'arme à Serigne Athir Mbacké qui n'a jamais été convoqué par la police et ni par le juge d'instruction qui se limite seulement aux Pv sans ordonner des enquêtes supplémentaires. Jusque-là aucun fait matériel ne prouve la culpabilité des détenus. C'est sur la base de simples délations et de règlements de comptes qu'ils sont condamnés», défendaient-ils, avant de demander à la Cour «l'application bienveillante de la loi». Ce qui n'a pas été fait.
1 Commentaires
Allons Y Molo
En Octobre, 2010 (18:36 PM)Participer à la Discussion