Au coeur de l'affaire de corruption : Aminata Mbaye refuse de démissionner

L'avocate générale n'entend pas se défaire de ses habits de magistrat tant que l'inspecteur commis à cet effet n'aura pas, formellement, établi sa culpabilité. L'enjeu résidant dans la volonté de conserver droits et privilèges liés au statut.

Le moins que l'on puisse dire c'est que ça ne va plus à la plus haute juridiction de l'ordre judiciaire, depuis l'éclatement de ce qu'il est convenu d'appeler le plus gros scandale judiciaire. Et comme si le fait en soi ne suffisait pas, comme problème, voilà que sa gestion et sa perception de la part des acteurs rajoutent à un climat devenu invivable. Le dernier développement en date concerne la démission du cerveau de l'affaire Aminata Mbaye elle-même. Depuis quarante-huit heures en effet, plus précisément lors du ‘conseil de crise’ d'avant-hier lundi, la question de sa démission est mise sur la table par ses collègues. Une capitulation qui, à en croire des sources bien informées, est une convenance élémentaire destinée à mettre ses collègues et son service, voire toute la famille judiciaire ‘à l' aise’. De même qu'il est vu dans un tel acte une facilitation de l'enquête menée par l'inspecteur général de l'administration de la justice Mandiogou Ndiaye.

Mais ‘la Dame de fer’, réputée pour son caractère de ‘dure à cuir’ n'en veut rien entendre. Au contraire, elle refuse de jeter l'éponge, comme c'est le cas hier où elle est venue, tranquillement, s'enfermer dans son bureau.

En fait l'enjeu d'un tel refus, de bonne guerre du reste, se situe dans un instinct de survie qui voudrait maintenir intacts, en tout cas jusqu'aux conclusions du rapport final d'enquête, les avantages et privilèges de protection liés à son statut de magistrat. Si en effet l'avocate générale, qui n'est pas encore entendue du côté de l'immeuble Pasteur, démissionne, elle se dévêtit en même temps de cette ‘immunité’ pour retrouver ses habits de citoyen ordinaire, et comme tel plus facile à atteindre.

Mais l'enjeu le plus grave de cette démission majoritairement agitée par ses collègues, se situe dans la hantise de dégâts collatéraux particulièrement redoutés par ces derniers. L'instinct de conservation est d'autant plus impulsif chez les autres que les menaces, à peine voilées, de déballage dont elle a fait état dans l'enregistrement (son malheur à l'en croire réside dans le fait que son seul cas aurait été découvert) de ses présumés complices n' est pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Comme qui dirait en quelque sorte le sauve-qui-peut avant que l'‘irréparable ne se produise’. Elle est d'autant plus crainte qu'elle est camarade de promotion de nombre de magistrats, qui comme elle, officient dans les hautes juridictions. En un mot d'aucuns ne voudraient qu'elle les entraîne dans sa chute.