Axe Patte d'Oie- Liberté VI : Les marchands ambulants déguerpis

En petits groupes formés çà et là, le visage crispé et le regard hagard, les marchands ambulants de l'axe Patte d'Oie-Liberté VI ont reçu hier la visite des forces de l'ordre accompagnées d'un caterpillar. ‘Ils nous ont demandé de céder le trottoir’, lance un jeune qui s'affaire autour de sa marchandise pour la sauver avant qu'elle ne soit saisie. Au milieu de la route, trônent majestueusement deux camionnettes rouges. Sous le regard curieux de centaines de badauds, le caterpillar écrase les tables et les charge dans les camionnettes une fois qu'elles sont réduites en morceaux.
Sur les raisons du déguerpissement, le secrétaire municipal de la commune de Grand Yoff, Papa Mamadou Bâ, explique que c'est parce que cette artère doit être pavée dans le cadre d'un programme de la mairie de Dakar. A cela s'ajoute le fait que des travaux de curage des caniveaux ont démarré et il se trouve que la majorité d'entre eux sont installés sur le canal. ‘Leur présence est également source d'insécurité à la fois pour eux, les piétons et les automobilistes’, conclut-il. L'autorité municipale reconnaît que la mairie avait certes commis une erreur en les laissant sur place moyennant le paiement d'une taxe journalière de 150 francs, mais qu'ils sont obligés de les déloger au vu des problèmes de sécurité que cela engendre.

De leur côté, les vendeurs désapprouvent la méthode. Ils confirment avoir reçu une sommation, mais soutiennent que le délai n'est pas expiré. A combien de jours s'élève-t-il ? A chacun son chiffre. ‘Ils nous ont donné un délai de 8 mois. Il n'y a même pas trois mois et les voilà qui viennent nous chasser’, se lamente Ndèye Ndoye. Et Mor Diagne raconte : ‘Ils sont venus hier nous dire que le lendemain, nous serions délogés. Nous avons fait 20 ans ici. Nous sommes conscients de l'illégalité, mais le minimum aurait été de nous avertir bien avant, mais surtout de nous trouver un site de relogement comme l'avait promis Khalifa Sall qui, depuis lors, tarde à réaliser ses promesses.’ Pour certains de ces déguerpis, les autorités municipales devaient plutôt s'intéresser aux propriétaires de cantines qui occupent deux fois le périmètre réglementaire. ‘Il y a ici des cantines de sept mètres. Ce sont eux qui occupent le trottoir et pas nous’ confesse l'un d'eux, loin des regards indiscrets.

Sur le mystère qui plane sur la durée de la sommation, le secrétaire municipal Papa Mamadou Bâ apporte un éclaircissement : ‘Nous avions donné un délai de 72 heures. Mais il s'est trouvé qu'à la fin de celui-ci, nous n'avions pas eu les moyens de nous exécuter, car c'est la mairie de Dakar et la Direction de l'aménagement urbain (Dau) qui devaient nous aider. C'est pourquoi quand nos partenaires se sont manifestés, nous sommes allés leur dire que demain vous serez déguerpis’. Ces marchands qui disent ne plus savoir à quel saint se vouer, demandent à l'Etat de leur venir en aide.