Babacar Ndaw n’est toujours pas prêt à digérer son limogeage au poste de
directeur général de l’Office national de l’assainissement, lors du
dernier Conseil des ministres. M. Ndaw qui a appris son départ à la
télévision nationale a introduit une demande d’audience pour rencontrer
le chef de l’Etat. Ce, pour lui expliquer les véritables raisons qui
sont à l’origine de son départ. Pour Babacar Ndaw, le projet de
Cambérène n’a rien à voir avec son limogeage.
Votre limogeage du poste de directeur général de l’Office national de
l’assainissement vous a visiblement surpris…
Comme tout Sénégalais, je l’ai appris par voie de presse dans le
communiqué du Conseil des ministres. Aussitôt après, j’ai été interpellé
par plusieurs gens. Je leur ai dit que je l’ai appris comme eux. Quand
j’ai fait mes investigations, j’ai su que c’est une question qui n’a pas
été discutée au Conseil des ministres. C’est un stratagème qui a été
utilisé avec la complicité de certains dans le communiqué du Conseil des
ministres. Et par la suite, toute une cabale a été organisée pour faire
avaliser ce forfait au président de la République.
Vous voulez dire que c’est après la lecture du communiqué du
Conseil des ministres à la télévision nationale que le président de la
République, Me Abdoulaye Wade, a signé le décret ?
Effectivement ! Je suis affirmatif là-dessus et de sources sûres,
le décret a été signé après le Conseil des ministres. Mon départ n’a
même pas été évoqué en Conseil des ministres.
Qu’avez-vous fait après avoir appris votre limogeage à la tête
de l’Onas ? Avez-vous tenté de joindre le président de la République ?
Il y a des canaux pour essayer de saisir les hautes autorités.
J’ai fait les démarches qu’il faut. Je ne sais pas si l’information est
passée ou pas, mais ce qui est sûr, c’est que je n’ai pas eu cette
audience avec le président de la République. L’argument c’est qu’il y
avait tout un bétonnage fait pour «carapacer» toute velléité visant à
démonter ce complot. J’ai demandé une audience au Président, aujourd’hui
(Ndlr : hier lundi) pour qu’il m’entende. J’ai des documents, des
éléments qui prouvent largement qu’il s’agit d’un complot. Tout autre
argument qu’on lui aurait dit concernant les bailleurs de fonds, le
projet de Cambérène, je dis que c’est des histoires, de faux prétextes
qu’ils utilisent contre moi.
On vous reproche d’avoir détourné. Vous auriez pu sentir que
votre poste était menacé ?
Je ne l’ai jamais senti parce que je n’ai pas fait de faute de
gestion. Je n’ai pas détourné de l’argent, et j’ai fait mon boulot
correctement au niveau de l’Onas. Je ne pense pas pouvoir être enlevé de
la direction par une faute que j’aurais commise. Rien ne m’a été
reproché, sur ma gestion et sur le travail que je mène dans la
maison…J’étais sous la tutelle du ministère de l’Urbanisme, de la
Construction, de l’Habitat, de l’Hydraulique et de l’Assainissement.
J’ai pris fonction le 10 août 2009, après ma nomination le 30 juillet. A
la date du 23 octobre, une partie du ministère, à savoir
l’Assainissement et l’Hygiène publique, a été cédée au ministre Adama
Sall. Ainsi, je me suis retrouvé sur une autre tutelle. C’est à partir
de là que j’ai commencé à avoir des problèmes avec la nouvelle tutelle
qui a des procédés et des méthodes particuliers.
Quelles sont ces méthodes dont vous faites allusion ?
D’abord, il a pris l’ancien Directeur général de l’Onas (Ndlr :
Amadou Lamine Dieng) comme directeur de Cabinet. Ses intensions étaient
claires dès le début. Ensuite, il a essayé de me mettre les bâtons dans
les roues. Il négligeait tous les dossiers que je lui présentais. Plus
grave, quand on a préparé le dossier du Conseil d’administration qui
devait se tenir le 6 janvier, à notre grande surprise, il demande au
niveau du conseil qu’on retire certains points parce qu’il n’a pas été
informé de la tenue de ce conseil. Alors qu’il a un représentant qui
doit l’informer. Il a demandé à ce qu’on fasse un pré-conseil alors que
ceux-ci sont indiqués pour les sociétés parapubliques avec une
participation majoritaire de l’Etat. L’Onas est une société publique à
caractère industrielle et commerciale. On n’a pas besoin de pré-conseil
de ce genre. Ce n’est pas une obligation. Par ce fait, il a bloqué
l’adoption du budget du Conseil d’administration pendant trois mois, du
6 janvier au 30 mars, pour tenir son pré-conseil. Pendant ce temps,
l’Onas fonctionnait au ralenti.
Quelles sont les grandes lignes qui ont été retenues lors de ce
Conseil d’administration ?
On a adopté le nouveau budget, l’accord d’établissement avec
certains abonnements. On a pu aussi adopter un nouvel organigramme. Qui
se conforme à la nouvelle situation et aux objectifs des résultats que
nous nous sommes fixés. D’autre part, on a réglé certaines questions.
J’avais oublié d’évoquer un problème qu’il m’a posé depuis le mois de
janvier. Il m’a fait savoir, par lettre, qu’une partie du budget
consolidé d’investissement qui constitue la contrepartie des projets de
l’Etat du Sénégal au niveau des projets devrait être administré par lui.
Ce que j’ai refusé. Par deux lettres, il m’a rappelé, j’ai dit que je
ne peux pas le faire, dans la mesure où ce n’est pas au niveau de
l’Onas.
On dit pourtant que c’est l’argent qui est la source de vos
problèmes avec la tutelle ?
C’est là où on a eu véritablement des problèmes. J’ai eu ce
comportement parce que ce n’est pas la première fois que j’ai été
directeur de Cabinet du ministre. Les ministres pour lesquels j’étais
directeur de Cabinet qui administraient l’Onas en son temps n’ont jamais
fait de lettre à l’endroit des directeurs pour leur demander
d’administrer des crédits alloués à l’Onas. En tant que directeur
général de l’Onas (2004-2005), je n’ai jamais fait cela pour un
ministre. Depuis la création de l’Onas 1996, aucun directeur général de
l’Onas n’a fait cela pour un ministre. Je ne vois pas en quoi ce
ministre veut que les fonds votés pour être exécutés dans des projets au
sein de l’Onas puissent être transférés au cabinet pour être gérés par
le ministère. C’est ce refus que je lui ai opposé qui a fait qu’il a
voulu se débarrasser de moi.
Ces fonds s’élèvent à combien ?
Près de 7 milliards FCfa. Ce sont les fonds de contrepartie du
Sénégal pour les projets de l’Assainissement pour l’année 2010. C’est
très grave. Il est monté pour dire qu’il y a les bailleurs qui sont très
remontés contre l’Onas. Ce sont des histoires. Il voulait qu’on
transfère ces fonds dans son cabinet. Notre contentieux est donc à
chercher dans la gestion des fonds destinés à l’Onas qu’il a voulus
transférer au niveau de son cabinet.
Est-ce que votre départ n’est pas lié à la gestion du projet
de Cambérène ?
Le projet de Cambérène existait bien avant moi. On ne peut pas me
reprocher d’être responsable du blocage du projet de Cambérène dans la
mesure où je n’étais pas là quand on démarrait ce projet. Quand les gens
ont commencé à mettre en œuvre le projet proprement dit sur son volet
marine et terrestre, nous avons pris les dispositions pour informer les
autorités préfectorales. Une réunion avait été convoquée au niveau de
Cambérène. A partir de là, il fallait définir toute une stratégie pour
aller vers les populations.
Quel est l’état actuel du projet de Cambérène ?
C’est un projet suspendu pour l’instant par les bailleurs de fonds
en attendant que des dispositions soient prises avec les populations.
Vous venez d’être limogé de votre poste de directeur général de
l’Onas, on vous a entendu dire que vous n’allez pas quitter votre
fauteuil ?
Je suis fonctionnaire de l’Etat. Je tiens compte des prérogatives
que le chef de l’Etat m’octroie. Si ma mission est effectivement
terminée et qu’il ait signé un décret dans ce sens, je vais partir.
Mais, cela doit se faire dans des conditions normales. Après
notification, nous allons prendre les dispositions pour préparer les
dossiers de passation de service dans les normes sans pression, ni
précipitation.
Est-ce que vous avez reçu la note notifiant votre limogeage ?
J’ai reçu la lettre de passation de service aujourd’hui (Ndlr :
hier lundi). Nous allons prendre les dispositions dans ce sens. Nous
n’avons pas une petite boîte où l’on fait du rafistolage. Nous allons
faire la passation de service le jour où ce sera approprié.
Comptez-vous suivre vos militants qui demandent votre départ du
parti ?
Les manifestations de mes militants découlent seulement de leur
mécontentement, de leur frustration et de leur profonde déception par
rapport à ce qui est arrivé. C’est légitime qu’ils réagissent ainsi.
Grand-Yoff est un enjeu important dans le dispositif électoral de Dakar.
«Benno» a gagné cette commune, le maire de Dakar est également de
Grand-Yoff. Négliger ce bastion entre les mains de l’opposition serait
regrettable. Nous menons une bataille de principe. Du point de vue du
travail administratif, le devoir de la tutelle, c’est d’encadrer, de
faciliter et d’aider les structures déconcentrées à réaliser leurs
objectifs qui sont, en retour, au bénéfice du département ministériel et
non nous mettre les bâtons dans les roues ou encore créer des problèmes
pour des intérêts personnels. Au plan politique, il faut se dire que
les cadres du parti doivent être promus à des postes de responsabilité.
Et s’ils les occupent, on doit leur faciliter la tâche. Nous avons le
devoir d’accompagner le président de la République dans la réalisation
de ses ambitions et ceux qui peuvent le mettre en œuvre à juste
satisfaction, ce sont ceux-là qui ont compris sa philosophie et ses
préoccupations pour le peuple. Vigilance doit rester à l’Etat et au
président de la République pour éviter que des procédés, d’une certaine
manière, puissent ternir l’image de l’alternance.
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