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Babacar Sall, directeur publication à L’Harmattan et auteur du roman ‘ Le Stagiaire ’ : ‘ Le président Wade est un personnage rêvé pour les gens d’écriture

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Babacar Sall, directeur publication à L’Harmattan et auteur du roman ‘ Le Stagiaire ’ : ‘ Le président Wade est un personnage rêvé pour les gens d’écriture
Wal fadjri : M. Babacar Sall, vous allez à publier aujourd’hui un roman intitulé ‘Le stagiaire’ dont le principal personnage est le président Wade. Pourquoi le choix d’un roman sur le Chef de l’Etat ?


Babacar Sall : J’ai choisi le roman parce que c’est un genre accessible. Etant sociologue, j’aurais pu faire un essai politique autrement dit une sociologie de l’Etat sénégalais. Mais je voulais renforcer et souligner les traits d’un personnage inédit dans l’histoire politique du Sénégal.
Aussi loin que l’on remonte dans notre historiographie nationale, on constate qu’il ne ressemble à aucune autre figure ni contemporaine ni passée. Cette exception n’est pas une faveur du destin, mais un cas étrange et inquiétant qui bouleverse notre système de valeurs, notre dispositif moral, en somme notre identité collective. En fait, on ne peut le relier à aucun autre personnage sinon à lui-même. Je me demande parfois quelle est la véritable source des fondements culturels de sa personnalité.
Au moment où le président Wade termine son septennat, beaucoup de Sénégalais s’interrogent et n’ont cessé de s’interroger sur la nature réelle de celui qui les dirige. Il dit quelle part dans le roman qu’il y a un malentendu sur sa mission : ‘ qu’il n’est pas là pour dénaturer le Sénégal, mais pour le renforcer dans sa propre nature ’
Je crois qu’il était important, à travers une écriture romanesque, une satire politique d’aller jusqu’au tréfonds de ce personnage, au cœur du palais présidentiel pour voir comment il fonctionne, quelle est sa représentation du pays, de sa mission ? On y rencontre également une galerie de personnages qui évoluent autour du pouvoir. On peut les reconnaître facilement. Ce sont des personnages romanesques, mais qui renvoient à des réalités. C’est hallucinant la tenue de ces ‘ hommes d’Etat ’ face à l’exercice du pouvoir et l’étrange légèreté qui les anime, nourrie généralement d’ignorance, d’irresponsabilité, de manque de civilité même. On a du mal parfois à y croire.
Je ne veux pas me cacher derrière mon petit doigt, pour parler de fiction. C’est un roman qui est une façon d’écrire l’histoire politique d’Abdoulaye Wade. On y rencontre beaucoup de situations : les rapports avec les milieux intellectuels, universitaires et le pouvoir, le milieu religieux et le pouvoir, le milieu politique de façon générale avec les tenants du pouvoir. Mais on voit aussi l’irruption de nouveaux acteurs qui ne sont pas politiques, qui vont prendre leur destin en main. C’est toute cette alchimie de personnages, d’intérêts, de conflit d’intérêts, de conflit de pouvoir qui constitue la trame, l’intrigue de cette histoire romanesque.


Wal fadjri : Vous avez choisi comme titre ‘Le Stagiaire’. Pourquoi ne l’avez-vous pas intitulé ‘ Le président Wade ’ ?


Babacar Sall : ‘Le stagiaire’, c’est le président Wade. Il n’y a aucune ambiguïté là-dessous. Je ne fais pas partie des écrivains qui écrivent pour dire ensuite qu’il s’agit d’un personnage fictif. J’assume mes responsabilités. Le personnage renvoie exactement à la réalité de la personnalité du président Wade. Je trouve même parfois que je l’ai sous estimé dans son audace naturelle à défier et à pervertir les règles morales et humaines de notre société.
Le choix du roman me donne beaucoup plus de liberté. C’est comme une sorte de boue qu’on malaxe entre ses mains. Au gré de l’imaginaire, on aboutit à des formes surprenantes, mais on reste toujours dans la réalité de la boue. Mais le but, c’est de souligner, comme si j’avais un stylo rouge, les avatars d’un personnage qui joue avec l’éthique, la vérité, la vie de son peuple avec une insouciance proche du crime. On l’a vu dans diverses situations de sa mandature parler de la catastrophe du Joola comme relevant de la responsabilité des naufragés qu’il accuse d’être à l’origine de la surcharge du bateau alors qu’il est lui-même le nœud gordien de cette tragédie parce non seulement il profane la mémoire des morts en tenant des propos déchirants, mais qu’il a préféré s’occuper de son confort personnel en dépensant vingt fois plus plutôt que de se soucier de la sécurité de ses concitoyens. N’oublions pas qu’il y a eu près de deux mille morts. Pas d’incrimination, pas de condamnation, aucune mesure qui puisse réconforter la mémoire de nos naufragés, des rescapés et de leurs proches. On se souvient aussi de ses propos concernant le retour à l’âge de bougie de ces concitoyens. On peut multiplier à l’infini les exemples.
On voit un homme qui découvre la réalité du pouvoir, la réalité de l’Etat et qui se rencontre qu’il n’a pas été préparé à cela. C’est un homme qui apprend, mais qui n’a pas l’humilité de dire qu’il apprend. Le stagiaire est celui qui est en train d’effectuer un stage pour un métier qu’il ne connaît pas et qu’il voudrait assumer un jour. Mais à la différence des vrais stagiaires qui sont dans les entreprises, lui croit qu’il sait et le fait croire aux autres. C’est cette ignorance non acceptée par orgueil qui fait que nous sommes arrivés à une situation de chaos national.


Wal fadjri : Pourtant le président Wade a fait plus de trente ans d’opposition…


Babacar Sall : Il a fait aussi beaucoup d’agitation politique. C’est différent ! L’agitation politique n’est pas toujours un modèle de conduite publique. Une opposition n’est pas forcément de la surenchère, du marchandage, voire du chantage permanent. En un certain moment, il faut arrêter de détruire pour construire. Cela veut dire passer du désordre à l’organisation, d’une logique de destruction à une logique de construction, de développement.
En tout cas, nous avons constaté que l’opposition à la tête de laquelle il se trouvait, était une opposition violente et destructrice qu’il faut pondérer parfois avec les outrances du régime d’alors. Le personnage du roman se demande à plusieurs reprises s’il était réellement devenu président. Il y a en permanence une confusion d’identités entre l’opposant et le président, entre l’autorité et l’autoritarisme, entre le budget de l’Etat et son argent de poche, etc. Il bascule en permanence entre ces deux niveaux de réalités.


Wal fadjri : En peignant le président de la République, vous avez insisté sur le côté négatif du personnage comme s’il n’avait pas de qualité. Pensez-vous réellement qu’il n’a pas posé d’actes positifs ?


Babacar Sall : Il a posé des actes, mais même les actes qui paraissent être positifs a priori finissent par devenir négatifs. Regardez, les chantiers de Dakar, l’idée de rénover la ville en la dotant d’infrastructures nouvelles est une bonne chose. Observez maintenant le résultat dans le quotidien des habitants. Il détruit les ponts, creuse des trous partout avec comme conséquence l’émergence d’une ville bloquée. Et personne n’en voit l’issue. Lui-même n’en a pas la moindre idée parce qu’il n’a pas de financement adéquat, alors qu’il disait au monde entier que les bailleurs se bousculaient à la porte du Sénégal, que les banques du pays étaient en surliquidité. Force est de constater que tout cela relève de fantasmes.
Le personnage principal du roman, le Stagiaire, reprend en compte ces traits du président et les décline dans des situations variées en confrontation avec des personnages typiques de la société sénégalaise qui entretiennent ces travers au gré de leurs intérêts financiers et politiques.
D’ailleurs, il dit en un certain moment, répondant ironiquement à une question d’un journaliste qui lui parlait de son équipe et de ses collaborateurs : ‘ Que le Sénégalais n’a pas l’esprit d’équipe, mais l’esprit de cour. C’est pourquoi au lieu d’avoir des collaborateurs, j’ai des courtisans ’. Il énonce des vérités bien à lui tout au long du roman parfois avec une ironie déconcertante. Il arrive même à nous faire rire de situations tragiques.


Wal fadjri : La fin du roman est tragique. Dans le roman, vous dites que le président va quitter le pouvoir. Faites-vous allusion aux prochaines élections ?


Babacar Sall : C’est une tragi-comédie avec une fin qui rappelle à bien des égards la chute des régimes totalitaires et autocratiques. C’est une fin issue de la rue et non des urnes. C’est finalement, une dame ménagère délaissée par son époux de ministre, universitaire transhumant, qui est la clef du problème. Par son idée de ‘ République ménagère ’, elle réussira à rassembler le peuple des gagne-petits pour refonder une nouvelle espérance collective où la vie et les priorités de la vie (la famille, la santé, la nourriture, le travail, la solidarité, etc.) l’emportent sur les logiques de rapine et de pouvoir. C’est à travers la Marche nationale de la Lumière que le dénouement va avoir lieu. Les dernières minutes de la fin du règne sont pathétiques et pleines d’enseignements. Il y a dans cette atmosphère de fin de règne un sens de la démesure et de l’excès qui rend les personnages fragiles et intransigeants devant le sort que leur réserve le destin de leurs actes.


Wal fadjri : Toute œuvre, surtout littéraire, contient une leçon de morale. Quelle leçon les lecteurs peuvent-ils tirer de votre roman ?


Babacar Sall : Je pense, peut-être, que ce serait trop de donner à un roman un rôle aussi important. Mais si l’on doit en tirer une, il faudra reconsidérer le corpus de valeurs qui gouverne traditionnellement notre pays et qui a fait que les communautés qui la composent ont réussi à traverser l’épaisseur du temps des aléas historiques (l’esclavage, la colonisation, etc.) ou conjoncturels (la sécheresse, les maladies et la famine). Il y a une solidité de l’être humain dans nos sociétés déshéritées, une qualité de métal qui mérite respect et considération.
C’est pourquoi je pense que l’une des premières qualités d’un dirigeant, c’est la générosité. Et cela commence par le don de soi aux autres par ce que l’on fait avec les autres et pour les autres. Une véritable vocation des autres qui doit transparaître dans la manière d’écouter, de parler, d’agir et de situer la responsabilité collective dont on a la charge dans l’échelle des priorités.
Le contre exemple notoire c’est le cas du bateau Le Joola où le président a préféré son confort personnel à la sécurité de ses concitoyens. Le second élément didactique, c’est l’acception du pouvoir comme un défi d’humanité. Savoir que toute chose a une fin et que par conséquent, il est au moins aussi important de réussir sa mort que de réussir sa vie.
Par conséquent, le pouvoir ne peut pas être considéré comme une propriété privée, il est régi par des droits certes, mais par des obligations de conduite et de durée. Au Sénégal, on peut légitimement avoir le sentiment qu’on est aux prises avec ce que j’appellerai, à défaut d’une expression plus convenable, un ‘ Etat familiste ’ où la famille devient le noyau référentiel du pouvoir, la base d’une légitimité de force. Lorsqu’il s’agit d’une démocratie, cela pose un véritable problème.
Wal fadjri : On sait que pour la production d’une œuvre, il faut une documentation. Comment vous avez-vous fait ?


Babacar Sall : J’observe énormément tout ce qui se fait dans mon pays, comme tout citoyen. Je rencontre beaucoup de personnes de diverses situations. Je rencontre des gens de la diaspora exerçant divers métiers, mais aussi beaucoup de gens d’Afrique qui sont des intellectuels ou des politiques. C’est un fait, Paris est une véritable plaque tournante. Et quand ils viennent, ils colportent leurs préoccupations.
Tout cela me donne un corpus d’informations sur le continent. Il y a aussi la documentation que fournit la presse. Je rends hommage aux médias sénégalais qui font un travail extraordinaire en fournissant une information riche, continue et variée. Sans cette presse, je crois que le Sénégal de l’extérieur se serait relativement coupé du Sénégal de l’intérieur. Grâce aux divers médias, nous avons un formidable continuum entre notre pays de l’intérieur et notre pays de l’extérieur. Cette documentation est la ressource en partie avec laquelle nous nous alimentons pour forger des opinions, prendre des positions, etc. Vous savez qu’il n’y a plus de différence entre l’intériorité et l’extériorité. Je suis les évènements de manière instantanée.


Wal fadjri : Ce livre peut-il être produit sous forme de théâtre ou de film comme le fut ‘ Wade, un opposant au pouvoir. L’alternance piégée ? ’ de M. Abdou Latif Coulibaly ?


Babacar Sall : J’ai écrit ce livre comme une pièce de théâtre. Je l’ai écrit pour qu’il soit représenté. C’est un livre qui a été écrit sur la base du réel. C’est une véritable imagerie qui renvoie à des tableaux scéniques. En le lisant, vous avez l’impression de voir Abdoulaye Wade évoluer avec sa cour comme s’il s’agissait d’une scène de théâtre. C’est un texte fait pour être lu, vu, mais aussi pour rire et faire réfléchir surtout. Les personnages sont des tragi-comédiens. Le président Wade est un personnage rêvé pour les gens d’écriture que nous sommes. Un jour, si l’opportunité se présente, j’en ferai une version théâtrale.


Wal fadjri : A quel moment avez-vous pensé écrire sur Wade ? Qu’est-ce qui a été le déclic ?


Babacar Sall : C’est une histoire extraordinaire ! En 1999, les éditions Hachette m’avaient demandé de faire un livre sur le Sénégal. J’ai sillonné le pays en avalant des milliers de kilomètres. Le pays était déjà aux prises avec les pénuries d’électricité et d’eau. J’avais commencé à écrire un texte qui s’intitulait ‘ La nuit la plus longue ’. J’avais écrit une centaine de pages. Plus tard, j’ai écrit des poèmes intitulés ‘ Chants de nuit. Poèmes pour les naufragés du Joola ’ en 2002 pour condamner l’attitude du régime par rapport à la tragédie. C’est à partir de 2003 que j’ai repris l’initiative d’écrire sur le président Wade. Il y a eu une interruption. Dans le courant de l’année 2006, j’ai finalisé le livre.
Le déclic provient du fait que je pense qu’on est en situation de danger. Je me suis dit qu’en tant citoyen, en tant qu’intellectuel, je dois prendre mes responsabilités. En effet, j’ai perdu définitivement tout espoir vis-à-vis de ce régime depuis le naufrage du Joola et la tentative de meurtre sans suite de Talla Sylla.


Wal fadjri : Avez-vous une fois rencontré le président Wade ?


Babacar Sall : J’ai connu le président Wade depuis 1970, donc avant qu’il ne crée le Pds. Je l’ai vu venir à Kébémer. Je l’ai vu se présenter contre Djibril Diogou Fall et Abdou Karim Fall à cette époque. Mais j’ai toujours énormément de réserves quant à sa capacité d’assumer une charge nationale.
Il venait à l’Harmattan jusqu’en 1999. Je l’ai rencontré lors de Sommets africains. La toute dernière fois, c’était lors du décès du président Senghor où avec deux membres de la famille de ce dernier nous l’avions rencontré dans le salon d’honneur militaire de l’aéroport en présence de sa famille et de Madame Senghor.


Wal fadjri : Après la production, cela doit être la promotion. Le livre sera-t-il vendu au Sénégal ?


Babacar Sall : Le livre sera au Sénégal, Inch Allah (s'il plaît à Dieu), dans la mesure où il n’a pas été interdit par un arrêté. Les Sénégalais le liront s’ils le souhaitent. On ne peut pas arrêter la mer avec ses bras. La mer, ce n’est pas ce livre, mais l’ensemble des gouttes qui composent cette marée déferlante qui reprendra son dû comme les cours d’eau reprennent leur lit naturel lorsque tombe une pluie torrentielle.


Wal fadjri : Abdou Latif Coulibaly a choisi l’Agence de distribution de la presse (Adp) pour distribuer son dernier ouvrage. Quelle est la stratégie que vous allez choisir ?


Babacar Sall : Je suis dans une maison d’édition, et nous avons nos moyens. Je suis aussi citoyen comme tout le monde malgré l’éloignement que je partage avec mes compatriotes de la diaspora. Comme beaucoup de mes compatriotes, je crois à un certain nombre de choses et je m’y tiens. Juste une anecdote, au moment de la cérémonie de la remise de prix à l’Unesco, le livre de Mody Niang était sorti le même jour. En dépit de l’interdiction illégale et illégitime qui frappait tous les livres critiques sur lui, des gens de sa délégation venaient acheter le livre de Mody Niang dans notre librairie; et voyageaient le lendemain dans l’avion présidentiel avec le président Wade. C’est pour vous dire qu’il est contre productif d’interdire un ouvrage.


Wal fadjri : Irez-vous au Sénégal pour faire la promotion du livre ?


Babacar Sall : A ce que sache, le Sénégal n’appartient pas à un seul homme, fût-il le président de la République. Le Sénégal était là avant lui, il sera là après lui. Il ne peut pas m’interdire le Sénégal à moins d’exercer sur moi une force brute et brutale. Mais le Sénégal, c’est mon pays. Je n’en ai pas d’autre. Je n’ai ni commis de crime ni détourné des deniers publics ; je ne vois pas au nom de quoi on m’interdirait d’y séjourner. Je n’ai rien fait d’autre que de dire ce que je pense dans un pays démocratique.
Dans une démocratie réelle, cela ne devrait pas être considéré comme un crime. Le président Wade n’est pas au dessus des lois. Il doit le savoir en tant que juriste. Un citoyen qui n’a pas commis de crime doit pouvoir circuler librement. Mais dans notre pays, l’arbitraire l’emporte maintenant sur la loi. Et c’est inquiétant.


Wal fadjri : La question est de savoir si vous allez au Sénégal pour la promotion du livre…


Babacar Sall : C’est à moi de décider à quel moment je vais y aller. Je suis libre jusqu’à preuve du contraire.


Propos recueillis par
Moustapha BARRY
(correspondant permanent à Paris)



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