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BAIE DE HANN : Une grosse poubelle au cœur de Dakar

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BAIE DE HANN : Une grosse poubelle au cœur de Dakar

La Baie de Hann est-elle une zone d’habitation ou une zone industrielle ?  La question est dans l’esprit de tout visiteur qui débarque sur la plage. Les couleurs de l’eau, le cimetière de pirogues, la pollution du sable par les algues, le mélange de tous les déchets solides convoyés par le canal VI etc. sont les premiers spectacles qui s’offrent à son regard. Quand vous ajoutez à ce cocktail, l’odeur, vous avez un aperçu d’une situation grave qui menace l’avenir de cette baie.

A Hann, la fin est toute proche. La pollution y a atteint des degrés insoupçonnés avec une concentration en Arsenic de 3 ppm sur 100 ml d’eau prélevée (supérieur à 35 000). Soit 60 fois plus que la concentration maximale au-delà de laquelle, les eaux usées sont considérées comme une menace pour la santé publique. Suffisant également pour que les populations riveraines réunies au sein de l’association « Siggil Hann » tirent la sonnette d’alarme et exigent l’application du nouveau Code de l’environnement notamment la loi du « pollueur payeur ».

Si la situation est entrain de connaître un début de solution avec le nettoyage de la plage, il est difficile de déterminer aujourd’hui, la couleur des eaux de la Baie. Rougeâtre ? Verdâtre ? Grise ou noirâtre, c‘est selon. Dans le cas d’espèce, il est difficile de donner une réponse au niveau des autorités, de l’Office National de l’Assainissement (Onas) ou des sociétés pollueuses pourront répondre à ces questions. En attendant, les populations riveraines de la Baie continuent de s’exposer à la pollution de l’air, aux odeurs nauséabondes, aux maladies et à tous les autres risques. Des déchets de divers ordres, liquides ou solides, chimiques, toxiques…

Une bombe chimique sans contrôle

Provenant d’entreprises, de « fosses septiques », des eaux de ruissellement convergent en direction de cette zone. La cohabitation des personnes avec ces eaux polluées d’une part et avec des industries d’autre part, ne sont pas sans conséquence pour la vie des premières. Ainsi, il se dégage des analyses de l’eau prélevée sur ce site par l’Institut Pasteur que sur 100 ml, les Coliformes thermo tolérants et les Entérocoques sont supérieurs à 35 000.

Là où le maximum toléré est de 2000, pour la première substance et 400 pour la dernière. Soit une concentration en Arsenic de 3 ppm, 60 fois plus que la quantité maximale de concentration au-delà de laquelle les eaux usées constituent une menace pour la santé publique. Ce sont ses poisons que respirent, piétinent et voient les populations de la Baie de Hann. Suffisant pour que l’association « Siggil Hann », crie son ras-le-bol à travers des actions de sensibilisation des populations, la saisine des autorités et des industrielles et tous les acteurs impliqués de prêt ou de loin dans la pollution de leur cadre de vie.

5 sociétés meurtrières libres de provoquer la mort

Selon M. Bassirou Ndiaye, Président de la Commission Technique, s’exprimant au lors de l’assemblée générale de « Siggil Hann » tenue le samedi 04 mars dernier, les études ont démontré que « cinq (05) sociétés endossent, à elle seules, 90 % de la pollution industrielle de la Baie de Hann. Il s’agit, sans les nommer, des fabriques de dentifrices et de savons, d’extraction de l’huile d’arachide, d’entreprises d’abattage de viande, d’embouteillage de boissons gazeuses et de teinture industrielle ».

En plus de ces pollueurs, il y a l’embouchure du collecteur de Front de Terre et le canal VI, un canal à ciel ouvert, considéré comme étant le « principal déversoir de déchets sur la baie », par les populations de Bel-air. C’est la conviction d’un riverain quinquagénaire, qui estime que, « la pollution de la Baie de Hann a vraiment débuté lorsque les Industries Chimiques du Sénégal (Ics) qui ont rejeté en mer leurs quantités industrielles de déchets ». Ce qui a eu à provoquer la prolifération des algues vertes qui polluent actuellement le rivage. Au-delà de ces tuyaux « usés » des Ics immergés de plus de 3 km de long et contenant l’un de l’acide phosphorique et l’autre de l’ammoniaque, il y a aussi les 6 km de conduit de la Société Africaine de Raffinage (Sar) remplit de pétrole.

Le point commun à toutes ces canalisations est « qu’aucun système de contrôle émanant d’une structure officielle ne les surveille. Des sociétés de la zone industrielle et des supertankers rejettent du pétrole brut en mer. Sur ces marées noires que connaît la Baie, 20 % se transforment en « mousse au chocolat », en affectant la surface de l’eau, « 20 % se déposent au fond alors que 60 % s’évaporent dans l’air », mentionne « la Feuille de la Plage n°3 » intitulée « Arrêtez de polluer la Baie de Hann, nous y vivons ».

Ce document publié par l’association « Siggil Hann » au cours de la rencontre du samedi 04 mars. C’est pourquoi le sport serait déconseillé sur cette plage. Le « cimetière de pirogue » comme l’appelle les riverains, en plus de la pollution, constitue une source d’insécurité chez les populations. Selon M. Ndiaye, ces pirogues sont « laissées par des Get-ndariens qui, après une campagne de six mois, retournent chez eux où ils disposent d’autres pirogues. La plage de Hann est entrain de devenir un chantier naval ». Ce que déplore « Siggil Hann » qui demande l’évacuation de ces pirogues.

Nouvelles menaces ou début de solution ?

Au moment où les populations, à travers « Siggil Hann » semble rassuré par l’adoption du nouveau Code de l’Environnement qui stipule qu’il ne devrait y avoir aucune construction à moins de 100 m de la plage et que le pollueur paye pour ces actions, certaines mesures des autorités deviennent incompréhensibles voire contradictoires aux yeux des habitants.

A en croire Aziz Gaye, Vice Président du comité « Siggil Hann », le Port Autonome de Dakar (Pad) projette de « draguer 11 millions de mètres cube de sable sur la Baie de Hann. Il est prévu l’élargissement de la route des Hydrocarbures, la construction de la route Dakar Rufisque le long de la plage à partir de Capa pour décongestionner Dakar, la construction de 11 jetées sur la mer qui pourraient abriter des hôtels et autres infrastructures. Ce qui montre que la Baie suscite des intérêts de par sa bonne position géographique ».

Inquiet de l’avenir des habitants, M. Gaye a laissé entendre que l’Etat aurait tort de faire de cette belle plage une zone industrielle entre le centre ville est les populations. Ses inquiétudes s’étendent aussi sur la nouvelle zone industrielle à Diamniadio, site destiné à décongestionner la zone industrielle de Dakar. « Un audit environnemental a-t-il été réalisé avant de lancer l’installation de ce nouveau pool industriel, sachant que, de sources scientifiques, le courant marin passant devant cette zone conduit directement à la Baie de Hann », se demande l’habitant.
M. Sanokho de l’agence pour l’Aménagement et la Promotion des Sites Industriels (Aprosi), un des participants à cette réunion rassure. « Toutes les mesures ont été prises pour éviter les rejets polluants en mer », a-t-il indiqué. De même, du côté des autorités pour le contrôle de la pollution aérienne, un Camion laboratoire serait opérationnel en mars-avril 2006 pour contrôler la qualité de l’air. Ce qui permettrait d’identifier les rejets non conformes au Code de l’environnement. Aussi, pour faire face à l’extrême pollution des eaux du port par les canaux de l’Onas, la Direction de l’Environnement et des Etablissements Classés (Deec) « envisagerait l’installation d’une station d’épuration à condition le Pad lui fasse une place ».

Du côté des industriels, à l’issue de leur rencontre de juin 2005 il est convenu que « Siggil Hann » devrait transmettre des photos sur la pollution de la Baie chaque mois au Syndicat des Prestataires et des Industriels du Sénégal (Spids).
Shell, une société du quartier, malgré le transfert des activités de stockage du gaz à Mbao, un stock de 53.000 m3 d’hydrocarbures considérées comme non dangereuses car non manipulables, restent à Hann. Elle a rassuré qu’aucun de ses produits n’est rejeté en mer, conformément à ses principes de conduite et s’est engagé à participer à la rénovation des allées Marinas.

Pour un début de solution durable

La pollution de la Baie de Hann est entrain de connaître un début de solution avec le démarrage du nettoyage des déchets solides.

Prévu sur une longueur de 3 km sur le littoral (de Hann Marinas à Hann Montagne) et entre 7 et 17 m de largeur sur la mer, le nettoyage de la Baie de Hann a commencé depuis janvier dernier par la Société Sen Environnement, filiale au Sénégal de Floch Dépollution. Du projet initial d’un montant de 2 milliards F Cfa, tenant en compte l’ampleur de tous les désastres que connaît le littoral, ficelé par cette société, seule la version « light » a été retenue.

Soit 500 millions de FCfa pour le déblaiement mécanique, l’enlèvement des couches superficielles des déchets, l’extraction des déchets enfouis. Il est prévu aussi le criblage de la surface de la plage, l’affinage de la pollution du sable et le traitement quotidien de la laisse de mer. Un filet à mailles très fines devrait être mis en place pour éviter de piéger les poissons, les algues vertes extraites. S’ensuivent le transport des déchets vers Mbeubeuss ou un autre site autorisé et la surveillance et le suivi environnemental du projet.

Seulement il est à constater que toutes ces actions constituent, ce que Bassirou Ndiaye qualifie de « traitement des conséquences de la pollution. Il ne sert à rien de nettoyer si les gens continuent de polluer ».
N’est-il pas temps d’agir en aval avec la prise et l’application de mesures ayant un impact direct sur les causes de cette pollution ? Les pollueurs de la Baie de Hann connus, il urge d’imposer le nouveau code de l’environnement exigeant des études d’impact environnemental pour tout projet et l’application du principe du pollueur payeur.
C’est pourquoi Aziz Gaye suggère « la fermeture des canaux à ciel ouvert et l’introduction de filets dûment traités dans ces canaux pour empêcher les déchets solides d’accéder en mer. Les populations vivant dans la zone doivent être associés à toute décision ou tout projet concernant leur cadre de vie », a-t-il ajouté. Mme Seck, de la Direction de l’Environnement, Habitant Hann et participant à la réunion a soutenu que le ministère des études ont montré qu’il « impossible de mettre en place un projet qui réussisse entre administration. C’est pourquoi le Ministère de l’Environnement a initié l’approche participative qui est l’implication des concernés direct dans la gestion et l’exécution des projets. La pollution ne s’arrête pas à Hann Marinas. Même Rufisque est menacée », a-t-elle indiqué.

D’où son appel, au-delà des industriels, aux populations à changer de comportement, eux aussi, en ne connectant pas leurs fosses septiques aux canaux de l’Onas.

 



3 Commentaires

  1. Auteur

    Kader Gassama

    En Janvier, 2011 (12:49 PM)
    A qui profite le réseau siggil hann nous les habitants ou les membres de leur bureau et pourquoi ils refusent l intégration des personnes intéresse merci
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  2. Auteur

    Asse

    En Novembre, 2011 (03:41 AM)
    et maintenant ont doit l,amener a PETIT MBAO :dedet:  :dedet:  :dedet:  :dedet: 
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    Auteur

    Loup Garou

    En Août, 2012 (02:06 AM)
    bof le réseau siggil hann est constitué de gens cupides l'odeur de l'argent les attirent comme des mouches entre le chomeur fumeur de joint(il se reconnaitra) les grignoteurs de terrain ,les magouilleurs de terrain bof on est pas encore sorti de l'auberge
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