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BARGNY SOUS LES EAUX : La désolation après les vagues

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BARGNY SOUS LES EAUX : La désolation après les vagues

La mer a encore fait parler d’elle ces jours-ci à Bargny. Cela quelques semaines après avoir occasionné d’importants dégâts dans la Langue de Barbarie à Saint-Louis. A Bargny, la plupart des maisons sur le rivage ont été endommagées. De même que les cimetières et les mosquées. L’activité des hommes de?la mer a sensiblement ralenti.

La bande de terre blanche qui recouvrait jadis cette plage a fait place à de grosses pierres et des coquillages charriés par la mer. A l’origine de cette transformation, la furie des vagues connue par le littoral de Bargny depuis une semaine. Ce samedi matin, une relative accalmie a été pourtant notée, permettant aux pêcheurs de s’installer à nouveau dans les tentes de fortune en bordure de mer. Les femmes transformatrices reprennent aussi le chemin des « ?ndobine? » ou sites de transformation des produits halieutiques. Mais, par mesure de prudence, la plupart des pirogues ont été amarrées en haute mer. D’autres pêcheurs ont préféré tout bonnement migrer à Rufisque, Yarakh ou Kayar, vers des eaux jugées beaucoup plus clémentes. En cette période, la mer semble imposer sa loi à tout ce qui est devant elle. Assis sur l’une des rares tentes qui reste encore sur le rivage, Mamadou Mbengue se souvient encore du premier jour des événements. « ?La furie des vagues était telle que deux pirogues ont été englouties sous nos yeux? », soutient le pêcheur. Quant à Lassana Seck, un autre pêcheur de Gouye Dialancar, il ne sait plus par quel moyen aller en mer. Son filet de pêche est totalement gâté. « ?C’est vers 21 heures que la mer a commencé à s’agiter. La puissance des vagues était telle que l’eau entrait de tous les côtés dans nos maisons. C’est comme ça que mon filet a été emporté par les eaux. Je n’ai dû mon salut que grâce au soutien des riverains qui se sont mobilisés jusqu’à 2 heures du matin? », explique ce jeune pêcheur. Depuis ce jour, Lassana et son ami Amadou sont restés sans activité. Mais la mer semble avoir occasionné plus de dégâts dans les maisons que sur les pirogues.

A Bargny Gueth, aucune concession bordant le littoral n’a été épargnée. Que ce soit à Gouye Dialancar, à Ngoulou ou à Ndiaga Samb, ce sont des pans entiers de maisons qui ont été emportés. L’intimité même des habitations en a pris un sacré coup. Ici, c’est une cuisine à moitié démolie? ; là des toilettes qui ne tiennent plus qu’à un fil ou encore des chambres entières effondrées, suite au passage des eaux. Dans cette maison de Gouye Dialancar qui regroupe les familles Faye et Cissé, deux chambres se sont affaissées ainsi que l’une des cuisines. Cela en dépit des gros pneus qui avaient été plantés à quelques mètres de l’habitation pour la protéger des assauts de la mer. C’est un phénomène de tous les ans

Le propriétaire, le vieux Babacar Faye, ne semble guère perturbé par ce qui vient de se passer. Il trouve même du plaisir à montrer la délimitation de sa maison. « ?Là à droite, indique-t-il, il y avait un mur séparant la maison de l’extérieur, maintenant on ne voit plus cette délimitation? ». La maison de l’imam de Bargny Gueth également est fortement menacée. Son fils Lamine renseigne que quatre chambres et deux toilettes ne font plus partie de la maison. Cela en dépit de la digue de protection que l’imam avait lui-même érigée entre la mer et la maison. Aujourd’hui, tout cela a été conquis par les eaux. « ?C’est le même phénomène tous les ans, regrette Lamine, et nous n’avons pas les moyens de construire une digue pour nous protéger? ».

Tout comme les maisons, des cimetières entiers ont été rasés. Comme celui de Gouye Dialancar où, nous dit-on, beaucoup de saints hommes de Bargny sont enterrés. « ?Il n’y a pas longtemps, on pouvait voir encore le tableau montrant le tombeau de Laffont Niang, un grand cadre de Bargny, explique Alain Ndour. Mais tout cela a été réduit en sable? ». Le cimetière de Minam également ainsi que la mosquée ont été envahis par les vagues.

Sites de recasement

Devant cette situation, la commune avait pourtant gracieusement offert à tout propriétaire dont la maison a été détruite un terrain dans l’un des sites de recasement. Pour les autres qui sentaient la menace sur leur maison, des prix concurrentiels leur sont proposés pour l’octroi de terrain. Déjà bénéficiaire de terrain de recasement à Minam, le vieux Babacar Faye dit être confronté à un problème de moyen. « ?Pour le moment, je reste encore dans cette maison et je mets tout sur le compte de la volonté divine? », soutient le vieil homme, le sourire aux lèvres.

Même si cette avancée de la mer est de plus en plus perceptible, l’enlèvement du sable marin sur le rivage demeure ici une réalité. A Bargny Gueth et à Minam, les charretiers continuent d’enlever le sable marin en plein jour. Leurs chargements se font au quotidien, sans que nul ne trouve mot à dire. « ?C’est un facteur aggravant, certes, de l’avancée de la mer, mais il appartient à la police de mettre fin à ce phénomène de l’extraction du sable marin? », pense Mamadou Mbengue. Pour lutter contre l’érosion marine, ne faut-il pas dissuader ces personnes? ?



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