Le bilan de la spéciale Cour d'assises de Dakar sur les cas de drogue est sans appel : 13 nationalités différentes s'activent dans le commerce illicite de stupéfiants au Sénégal. Cette activité est considérée comme le premier des deux crimes relevant du banditisme trans-frontalier à côté du terrorisme.
Les deux sessions spéciales de la Cour d'assises de Dakar sur les cas de drogue sont terminées. Les audiences se sont tenues du lundi 28 février au vendredi 4 mars derniers, sous la présidence respective des juges Abibatou Babou Wade et Josette Lopez Ndiaye. Le parquet général a été représenté par quatre avocats généraux : Antoine Felix Diome, Mame Cor Ndour, El Hadji Gormack Tall et Cheikh Tidiane Ndour. Trente affaires ont été inscrites au rôle impliquant 65 accusés qui ont été condamnés à des peines allant jusqu'à 12 ans de travaux forcés. La loi Latif Guèye portant criminalisation du trafic de drogue prévoit une fourchette de peines comprises entre 10 et 20 ans de travaux forcés et une amende égale au triple de la valeur de la drogue saisie. Cependant, des acquittements ont été prononcés de même que deux affaires ont fait l'objet de renvoi à une session ultérieure.
Ces deux sessions rapprochées ont été fortement marquées par la pluralité des nationalités étrangères qui sont au nombre de 13 avec notamment des Cap-verdiens, Sud-africains, Espagnols, Argentins, Allemands, Ivoiriens, Maliens, Guinéens, Gambiens, Nigérians, Ghanéens, Bissau-guinéns, et tout naturellement, des Sénégalais. De ces ressortissants, les Nigérians, sont classés champions en la matière alors que le Mali est considéré comme le lieu d'approvisionnement, par excellence, des trafiquants. Les autres ne sont que des mules chargées d'importer ou d'exporter les stupéfiants, moyennant rémunération.
La Cour d'assises aura également permis de lever un coin du voile sur le trafic intérieur. Avec notamment le commerce triangulaire sur l'axe Dakar-Kaolack-Ziguinchor, Dakar-Matam, dans la région de Thiès (Mbour, Sokone) ainsi que dans la capitale même (Grand-Yoff, Parcelles assainies, Hann, Médina, Ouagou Niayes, Bourguiba, Dakar-ville, Rufisque, entre autres). Ainsi, les exemples attestant que la drogue est un fléau au Sénégal sont là. L'intense trafic d'héroïne à la Médina impliquant la famille Diakhaté dont 13 d'entre les membres ont été arrêtés, les militaires bissau-guinéens impliqués dans le commerce illicite, les Camerounais et Nigérians qui ingurgitent des boulettes de cocaïne, et la liste n'est pas exhaustive. Toutes ces arrestations à grande échelle de toxicomanes et trafiquants de cocaïne, d'héroïne et de chanvre indien (le stupéfiant le plus consommé au Sénégal) ont été l'œuvre de l'Office central pour la répression du trafic illicite de stupéfiants.
CAUSES DE L'INTENSE TRAFIC DE DROGUE AU SENEGAL : La pauvreté peut-elle mener à la criminalité ?
L'enquête de personnalité des accusés a été l'occasion de déterminer les véritables raisons qui poussent les jeunes à investir ce créneau. Nombre d'entre eux évoquent la conjoncture difficile pour justifier leur reconversion vers cette criminalité classée au rang de ’banditisme trans-frontalier’, à côté du terrorisme. De cette manière, lorsqu'ils sont invités par le juge à livrer le motif de leur implication dans le trafic de drogue à haut risque, ils affirment sans détour que leurs activités ne leur rapportaient pas grand-chose, alors que qu'ils ont en charge familles, charges locatives, etc. Autres caractéristiques de ces assises c'est la criminalité féminine en accroissement constant, l'écart entre la délinquance réelle (beaucoup de cas passent sous silence de la police et des douaniers) et la délinquance connue, la forte plongée de la jeunesse dans ce créneau ainsi que la perméabilité des frontières et accès maritimes et aéroportuaires.
MALAISE DANS LES RANGS DES MAGISTRATS : Quand la loi Latif Guèye divise les acteurs de la justice
La Loi Latif Guèye portant criminalisation du trafic international de drogues à haut risque a fait l'objet de vives polémiques lors de ces précédentes sessions de la Cour d'assises de Dakar sur les crimes de drogue. Les acteurs de la justice, notamment les magistrats, sont divisés sur le sujet. Lors de l'ouverture solennelle, certains d'entre eux prônent la révision de cette loi au motif qu'elle est de nature à encombrer les rôles, à augmenter le surpeuplement carcéral ainsi que les longues détentions préventives. De l'autre côté, les magistrats favorables à cette fameuse loi initiée par le défunt député Latif Guèye, trouvent que le Sénégal doit lutter efficacement contre le trafic de drogue qui entrave l'économie nationale et sape la bonne gouvernance. Pour cela, disent-ils, il faut nécessairement passer par la mise en œuvre d'outils de répression sévère, à l'instar de la communauté internationale. En tout état de cause, les analystes de la chose judiciaire demeurent convaincus que la seule question qui vaille d'être posée, c'est l'efficacité de cette loi en termes de régression et d'augmentation du trafic, depuis son entrée en vigueur.
5 Commentaires
Ndong
En Mars, 2011 (09:06 AM)Kio
En Mars, 2011 (11:11 AM)Voy Ma
En Mars, 2011 (11:43 AM)baucous d'ettrengais au il ne fons que du trafique ou frequenté
des cibers pour detourné des contes
Undefined
En Mars, 2011 (19:00 PM)le gouvernement kara sakh cété un trafikan
Houli Beut
En Mars, 2011 (09:54 AM)Participer à la Discussion