BOURSES ETRANGERES - 600 demandeurs oubliés au profit de 1 400 privilégiés : Suspicions sur les attributions

Les étudiants sénégalais établis en France ne reviennent toujours pas de leur déception après la publication de la liste des bénéficiaires des bourses d’études. Ceux qui ont emprunté le circuit normal ont été gommés de la liste au profit de 1 400 privilégiés. Une situation qui, de l’avis de la communauté estudiantine, est la confirmation du business créé autour de ce secteur.

Les étudiants sénégalais de France, qui avaient introduit des demandes de bourses étrangères auprès des autorités académiques de leur pays, ont eu la surprise de leur vie, hier, en constatant avoir été écartés des bénéficiaires du pécule. Lequel se chiffre à 245 mille francs par mois pour les étudiants inscrits à Paris et de 195 mille francs Cfa pour ceux de la province.

D’après des sources diplomatiques, «la liste des attributaires est affichée à l’Ambassade du Sénégal à Paris après que le chef du service de gestion des bourses, Adama Timbo, l’a reçue vendredi». Seulement, les étudiants ont failli tomber à la renverse en découvrant que «pas un seul des six cents (600) demandeurs réguliers ne figure sur la liste des 1 400 bénéficiaires». Cette bien curieuse situation a suscité des grincements de dents au sein de la communauté estudiantine. Une communauté qui s’interroge sur les critères qui ont prévalu à l’établissement de la liste. Selon nos interlocuteurs, «il y a une nébuleuse qui entoure cette affaire et tout porte à croire à des manipulations à des fins personnelles de la part de ceux qui interviennent dans le choix des bénéficiaires». «Ce business qui s’est créé autour des bourses étrangères est d’autant plus palpable, de l’avis de nos interlocuteurs que «des bizarreries sont notées sur la liste publiée». «Outre la mise à l’écart des personnes ayant déposé leur demande en bonne et due forme, la liste comporte des doubles emplois. Autrement, il y a des étudiants qui sont doublement boursiers. Ce qui est impossible et inadmissible», pestent les étudiants.

A les en croire, cela est la confirmation «du copinage et du favoritisme» toujours décriés dans l’attribution des bourses. Il s’y ajoute que la majorité des étudiants bénéficiaires se sont inscrits en Lettres modernes et en Philosophie. De même, la communauté estudiantine regrette «la primeur de l’appartenance politique sur les critères académiques dans le choix des boursiers». Elle se convainc que : «Le secteur des bourses étrangères est devenu un trésor de guerre pour le Parti démocratique sénégalais (Pds). Celui-ci met la pression sur la commission d’attribution pour promouvoir les étudiants issus de leurs rangs au préjudice de ceux qui en ont droit.»

QUOTA AUX AUTORITES

D’ailleurs, les étudiants révèlent : «Le problème est plus grave dans la mesure où les bourses font l’objet d’un partage de la part des différentes autorités qui y interviennent.» Ils citent en exemple, «le directeur des bourses, Ousseynou Goumbala, qui a un quota de cent bourses sur la liste». Ce dernier, ajoutent nos interlocuteurs, «a dégagé sa responsabilité à l’interpellation des étudiants en faisant porter le chapeau au chef du service des bourses étrangères au ministère de l’Education, Malick Ndiaye».

Face à cette situation, les étudiants n’ont pas manqué de manifester leur déception, malgré les maintes assurances données par le président de la République. «Me Wade a toujours clamé la généralisation de la bourse aux étudiants sénégalais de l’extérieur et s’était engagé à garantir la transperce dans l’attribution», rappellent-ils. Et de se désoler que toutes «ces promesses soient tombées à l’eau et que les choses deviennent de plus en plus louches et opaques».

Du côté des autorités, l’on entretient le flou dans cette affaire. Le directeur des bourses, Ousseynou Goumbala, que nous avons joint au téléphone soutient que «tous les étudiants sénégalais en France ne peuvent pas obtenir la bourse du fait de l’insuffisance du budget». Il explique que les nouveaux bacheliers ayant la mention bien et assez bien sont les potentiels bénéficiaires. Et cela est du ressort de la commission nationale d’attribution. Par contre, ajoute-t-il, «il y a des étudiants qui ne sont pas pris en charge par l’Etat car ce sont les parents qui les ont envoyés par leurs propres moyens. Et au cours de leur cursus, ils demandent à avoir une allocation. Mais, il arrive qu’on leur accorde une aide».

A sa décharge, M. Goumbala croit que «ce sont les étudiants qui ne sont pas élus qui protestent». Quid de la mise à l’écart des 600 demandeurs réguliers ? le directeur des bourses dit ne pas vouloir verser dans la polémique. Toutefois, se défend-il d’avoir un quelconque quota. «Je n’en ai pas. Et je ne vois pas pourquoi je dois en avoir du moment que je ne suis pas étudiant», argumente-t-il. Au ministère de l’Education, nous n’arrivons pas à trouver un interlocuteur. Le chef du service des bourses étrangères, M. Ndiaye, que nous tenté de joindre à maintes reprises n’était pas disponible.