BUS BONDÉS, SÉANCES DE TAM-TAM, MARCHÉS...Plongée dans le régiment des « maraudeurs de plaisir »

La liste des hommes pris la main dans le sac, voire sur le sexe, pour avoir cherché à prendre leur pied au frottement de la postérieure d'une femme, ne cesse de s'allonger. En général, ces scènes sont enregistrées à bord des moyens de transport en commun, au niveau des marchés et autres endroits qui grouillent de monde. Voyage dans le microcosme de ces « voleurs de plaisir ».

« Un jour, je rentrais de l'école, j'avais pris la ligne 4. Je me souviens très bien, je portais une tenue traditionnelle en tissu « Wax ».  J'étais en compagnie de ma belle-sœur, juste près de la porte de devant du bus très bondé. C'était à une heure de pointe. Un homme m'invita à prendre  place  devant lui.

Ce que j'ai accepté », raconte Ami Ndiaye, une jeune collégienne au teint clair. « Quelques minutes après, j'ai senti comme une bosse ou en tout cas, un objet sur mes fesses. Dans un état second, j'ai voulu changer de position. Mais, à chaque fois que je me retournais, le monsieur se décollait de moi.

Il recommençait son manège dès que je reprenais ma position initiale. Se rendant compte qu'il avait ouvert sa braguette et sorti son sexe, j'ai crié brusquement de toutes mes forces car prise de panique. L'auteur de ces attouchements, pris de court, sans dire un mot, a profité de l'arrêt momentané du bus pour s'éclipser en un temps record ».

Ya Aïcha Diop, employée dans un salon de coiffure, nous a aussi conté sa mésaventure. « J'étais debout dans un bus Dakar Dem Dikk, accroché aux barres, en écoutant de la musique. Il était rempli à bord. On jouait des coudes pour bien m'installer. À peine adossée, j'ai senti des frottements sur mes fesses.

Comme j'avais peur de crier et d'attirer l'attention sur moi, alors, j'ai juste changé de place en faisant comprendre à l'auteur de ce forfait que j'avais compris son manège. Mais comme apparemment, c'était un homme sans  scrupule, il s'est automatiquement mis derrière une autre fille. Depuis lors, j'évite de prendre un bus bondé. Adja Diop, commerçante âgée d'une trentaine d'années, a fait part d'une scène dont elle a été témoin.

« J'étais dans le P11 avec d'autres passagers. Le bus était plein  à craquer, tellement il y avait du monde. Même la porte avait du mal à se refermer. Tout d'un coup, des cris se font entendre de l'autre côté du bus. « Wouye sobénama » (il m'a souillé avec son sperme) », disait une voix.

Un homme, à peu près la quarantaine, essayait de réajuster rapidement son pantalon mouillé. Mais  malheureusement, c'était trop tard  car il a reçu une de ces gifles et des coups de talon sur le visage », explique-t-elle. D'autres lieux, à l'image des boîtes de nuit, les marchés et les places publiques, sont aussi choisis par certains hommes pour régler leurs problèmes de libido.

« Un jour, on était au Thiossane night-club (un dancing très connu de Dakar) », raconte Khadim Dieng, un jeune rappeur. « L'ambiance était au rendez-vous. Tout le monde dansait au rythme du Mbalax. Tout d'un coup, des claquements de gifle ont retenti derrière moi. Que se passe-t-il ? S'interroge-t-on. Une fille, visiblement très énervée, traitait de tous les noms d'oiseaux un homme qui cherchaient à s'enfuir », dira-t-il.

Même les femmes d'un certain âge ne sont pas épargnées par ce fléau. Mme Sarr, une dame très séduisante, nous a  narré son histoire. « J'avais organisé une « tanne ber » (séance de tam-tam organisée en soirée) au niveau de la place  publique de notre quartier. Toutes mes amies étaient présentes.   Je suis restée debout pour céder la place aux invités.

L'instant d'après, j'ai senti quelque chose de très bizarre sur mes fesses à travers mon pagne. Je me suis retourné de surprise. Mon geste l'avait sûrement encouragé. Car, contre toute attente, le jeune homme s'était collé à moi de plus belle ». Et de poursuivre : « J'avais mis ma main sur ces parties intime pour le pincer de toutes mes forces.

Il commençait à chuchoter à l'oreille en me suppliant « Soutouralema, Kholal thi Yalla » (s'il vous plaît, pour l'amour de Dieu, ne me dénoncez pas). Ne prêtant pas attention à ses supplications, j'ai continué à le pincer jusqu'à ce qu'il se torde de douleur. « Wouy sama ndèye », avait-il fini par crier. C'était l'erreur qu'il ne devait pas commettre car presque toute la foule s'était jetée sur lui sans crier gars ».

Une scène similaire a été enregistrée au marché Tilène. « C'est devant les étalages, raconte mère Nafi. Ce jour-là j'étais assise devant mon étal. Un jeune homme avait sorti ses parties intimes et les avait collées sur les fesses d'une jeune fille. Sans réfléchir, la fille s'était retournée pour lui donner une gifle ».

Elle a affirmé par la suite : «  Si j'étais à la place de la fille, j'allais lui couper le sexe en deux morceaux ». Pour sa part, Mamy Sow, une fille de 20 ans, explique qu'elle a été victime de cela. Elle raconte que cela l'avait vraiment choquée. Parce que explique-t-elle, c'était la première fois qu'elle avait vécu pareille chose.

« C'était au village, comme il n'y avait pas beaucoup de télé dans cette zone, la plupart des populations avaient choisi de venir suivre un match de foot chez nous. J'étais assise sur un banc, un homme s'était installé devant moi et avait commencé à s'activer. Le temps que je comprenne ce qui se passait, il avait déjà éjaculé sur ma robe », se souvient Mamy Sow.

Des hommes se prononcent

Les hommes indexent certaines femmes comme étant les seules responsables du comportement des « voleurs de plaisir » au niveau des lieux publics. Ils se veulent formels : les tenues sexy arborées par des nymphes rendent certains très vulnérables. Aziz Ndiaye, étudiant, la trentaine  bien  sonnée, est de cet avis. « Un jour, j'étais dans le bus, destination la ville.

Une fois  à bord, les gens étaient entassés du fait que le bus était trop plein. En levant la tête, j'ai aperçu une très belle fille, teint clair, poitrine généreuse. Et comble de malchance, elle m'avait presque entouré  de ses bras du fait de l'étroitesse des lieux », souligne-t-il. Et de poursuivre : « Dans un premier temps, j'étais un peu gêné, car surpris par ce geste soudain et inattendu.

J'ai essayé de me dégager d'elle. Mais, j'ai eu comme l'impression que mademoiselle s'était presque agrippée à moi. C'est à ce moment que j'ai compris son manège et ai décidé de laisser faire jusqu'à ce que le bus se soit vidé petit à petit de ses occupants ».

Même son de cloche pour Lamine Cissé, enseignant de profession, qui nous a fait part de son histoire vécue. « C'était à une heure de pointe, dira-t-il, tout le monde voulait rentrer chez lui dans les plus brefs délais après une journée de labeur.

La gare de Petersen était bondée de monde, on faisait la queue  pour monter un à un. Brusquement, j'ai senti une  fille se coller derrière moi. J'avais l'impression qu'elle voulait s'adosser à moi, malgré toutes mes tentatives de m'éloigner d'elle, la demoiselle a continué de plus belle à se frotter à moi, me mettant dans une position inconfortable.

Finalement, j'étais obligé de lui demander de bien se tenir ».  Pape Séni, un jeune photographe, a aussi tenu à faire part de sa mésaventure : « Je filmais une cérémonie de mariage un jour. Pour avoir une bonne prise de vue, je m'étais adossé sur une chaise occupée par une femme.

Un quart d'heure après, j'ai senti une main s'agripper à mes parties intimes. Sous le coup de l'émotion, je me demandais ce qui m'arrivait. Contre toute attente, la dame m'a soufflée de la laisser faire encore quelque instant. Gêné, je me suis dépêché de changer de place pour ne pas m'attirer d'ennuis ».