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C’ETAIT LA NUIT DES GAIS LURONS : Le « tajaboon » en perte de vitesse

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C’ETAIT LA NUIT DES GAIS LURONS : Le « tajaboon » en perte de vitesse

C’était une véritable nuit des gais lurons. Au terme du dîner, le jour de « tamkharite », les enfants se déguisent pour aller faire le « tajaboon ». Ils se rendent ainsi de maison en maison, munis d’instruments de musique de fortune qu’ils se sont fabriqués de leurs propres mains. Dans chaque maison, ils jouent des rythmes, tapent des mains et chantent la chanson du « tajaboon ». On leur donne pour récompense des bonbons, des biscuits, du riz, du sucre. Mais, actuellement, il n’y a plus cet engouement chez les jeunes. Ils semblent avoir d’autres préoccupations.

Leurs voix s’amplifient dans le calme de la nuit. Ensemble, ils marchent dans la rue, à la recherche d’une rare maison qui aura ouvert sa porte. Au bout de quelques tentatives infructueuses, ils se rendent comptent que, dans cette partie de Sacré Cœur 3, personne ne voudrait leur souhaiter la bienvenue. Ce groupe de jeunes, une moyenne d’âge de 14 ans, est aux antipodes des conventions d’habillement. Les jeunes filles s’habillent comme les jeunes garçons, les jeunes garçons comme les jeunes filles. Avec de la poudre et l’arsenal du maquillage, de petits sacs bizarres et des chaussures hauts talons. Un gros sceau à la main, « celui ou celle » qui passe pour le leader a une voix rauque. Quand « il ou elle crie », les autres répondent en chœur, avec des pertes dans le rythme. « C’est tout naze », commente le boutiquier du coin, manifestement étonné de voir que « de plus en plus, le « tajaboon » soit en perte de vitesse ».

Il est loin alors, le temps où la fête de la « tamkharite » n’était pas seulement limité au succulent couscous. « Il fut des temps où le couscous n’était que la première partie d’une fête ; d’un carnaval qui continuait jusque tard dans la nuit. Les jeunes des différents quartiers rivalisaient d’ingéniosité dans leur mode d’habillement, concevaient des chansons et danses originales. Au terme du dîner, les enfants se déguisent pour aller faire le « tajaboon ». Ils se rendent ainsi de maison en maison, munis d’instruments de musique de fortune qu’ils se sont fabriqués de leurs propres mains. Dans chaque maison, ils jouent des rythmes, tapent des mains et chantent la chanson du « taajaboon ». On leur donne pour récompense, des bonbons, des biscuits, du riz, du sucre, de l’argent, etc. Mais, depuis quelques années, cela est en perte de vitesse », constate El Hadj Diop, boutiquier à Sacré Cœur.

A Fass, une dame, Tata Ami Bâ, ajoute que le riz obtenu permettait de faire le célèbre « mbakhalou cogne » (repas entre voisins de quartier ayant participé au tajaboon de la veille », le lendemain dans l’après-midi. « Mais, cela ne se fait plus, car les gens ont évolué et ils savent que la religion musulmane interdit le « tajaboon », dans une posture où les hommes s’habillent en femmes et les femmes en hommes », explique-t-elle. Ousseynou Ndaw est du même avis, lui qui avait l’habitude de « sentir les choses chez les enfants dès la veille avec la fabrication des tam-tams ».

Leur constat est valable. Comme on l’a aussi constaté aux Parcelles assainies. Mais alors, pourquoi le « tajaboon » est-il en perte de vitesse ? « Il y a plusieurs facteurs. Les jeunes d’aujourd’hui ont d’autres repères. A l’école primaire, ils entrent déjà dans l’environnement d’Internet. Ils versent tôt dans la discussion instantanée via Internet ; à 13 ans, ils ont des téléphones portables. Chez eux, ils zappent sur une cinquantaine de chaînes de télévision. Il sera de plus en plus difficile de les mobiliser pendant deux heures la nuit dans la rue, déguisés et dansant pour récolter des biscuits. Ils ont d’autres repères », tente d’expliquer Mansour Seck, cadre de banque. « A quoi bon aller, même déguisés et dansant, chez des gens qui n’ont absolument rien à vous donner. La pauvreté est le principal obstacle au « tajaboon ». Les gens n’ont plus rien à donner. La prolifération des agresseurs et voleurs de toutes sortes qui se mêlent aux groupes de jeunes inquiètent aussi les populations. Alors, il est plus prudent de rester chez soi et bien surveiller les enfants », fait noter Mme Mbaye, habitant à Fass.

Amadou Maguette NDAW (Stagiaire) et Sadibou MARONE



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