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CANTINES BROYEES, COMMERÇANTS DEGAGES… Kermel se débarrasse de ses « saletés »

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CANTINES BROYEES, COMMERÇANTS DEGAGES… Kermel se débarrasse de ses « saletés »

Plus de 300 cantines à terre, broyées comme dans un tremblement de terre. L’ambiance d’apocalypse, n’est pas celle de Mbeubeuss ou de Colobane, mais bien de Kermel. Dimanche 29 juillet, aux environs de 23h, la « tragédie » a eu lieu au moment où Dakar somnolait encore, se préparant à un lundi mouvementé comme d’habitude.

Incroyable, mais vrai. Kermel se débarrasse de ses saletés et cantines qui avaient fait disparaître tout le charme du marché. Le petit café près du parking, les façades des vieilles bâtisses, les belles petites épiceries qui ont fait au bout de 100 ans la particularité de cet espace. Bordel, anarchie, chaos, on ne trouvait sans doute plus de mots, pour caractériser la situation périlleuse que vivait l’espace Kermel. Agressé de tous bords, victime de la mauvaise gouvernance au sommet de la ville, Kermel commençait une lente agonie après 4 milliards de francs investis par la coopération luxembourgeoise, l’Union Européenne et l’Etat du Sénégal.

Exposé aux incendies, dépourvu de voies d’accès en cas de risque, voilà un espace qui était appelé à disparaître bientôt. Et grâce à la mobilisation de quelques acteurs de la ville, autour d’un slogan osé, mais plein de sens « La ville est à nous », les autorités ont été informées sur la situation de Kermel et ont décidé immédiatement de sévir. Une fois n’est pas coutume, mais il s’agit d’un signe encourageant.

Plongé dans l’amertume et la désolation quelques commerçants inconscients autour d’un marché pour sauver leur vie, celle des autres et d’un patrimoine culturel, voilà le beau paradoxe d’hier. Assis par petits groupes, les vendeurs d’objet d’art du marché Kermel, abrités depuis quelques mois dans des cantines sans sécurité, sont inquiets et se lamentent de coup venu de nulle part. Et geste inconscient, tout d’un coup un cri de colère rompt le silence des curieux. « Ce n’est pas normal. Nous avons donné nos 300.000 Fcfa pour récolter des malheurs, sans compter nos matériels que nous n’avons pas pu récupérer ».

Au moment où la dame savoure son malheur, d’autres personnes venues d’ailleurs en profitent pour ramasser les ferrailles déjà détruites et les carreaux cassés pour les revendre. Selon Pape Mor Sylla, marchand d’objet d’art « Nous avons reçu une sommation, samedi 28 juillet dans la journée nous avertissant du déguerpissement imminent du marché. Ce délai était trop court à notre avis. » Le point de presse qui s’est tenue le lundi 30 juillet se voulait un autre moment d’échanges. Il l’a été, mais il risque de ne pas infléchir la position des autorités de la ville de Dakar.

Et cela en dépit de l’intervention de Farba Senghor, ministre des Transports Aériens dont le nom a été cité un moment par les amis de Kermel qui dénonçaient l’implantation des cantines sur le terre-plein. Venu apporter son soutien aux malheureux « squatters » du marché, le ministre a tenté un ultime sursaut. Pour rien sans doute.

Un peu plus abattu et plus surpris que tout ce monde victime de la cantinisation excessive du centre de Dakar, dira, « Je compatis avec les commerçants qui ont perdu leurs matériels. Nul n’ignore que la destruction est douloureuse. Et je crois que toute personne qui est sensible reconnaît que cela constitue un handicap pour ceux qui est à la quête d’argent pour entretenir leur famille. Je discuterai avec le maire Pape Diop et le gouverneur pour créer une commission pour trouver des solutions parce que ce qui est important, c’est de trouver des solutions pour les commerçants et des vendeurs d’objets d’art. »

Comme s’il ne voulait voir que le côté des choses qui l’intéressait, Farba Senghor, le téméraire ministre des Transports Terrestres et Aériens, qu’on attendait partout dans la ville sauf ici, de souligner que « ce marché constitue un aspect de notre patrimoine parce que les objets d’art sont recherchés par les touristes qui viennent dans ce pays ». A-t-il vraiment compris le sens de ce déguerpissement, monsieur le ministre ? L’histoire de la place Kermel, la connaît-il ce bonhomme ?

Non à la lumière de ses éclairages « sombres » sur le rappel des faits tels qu’ils se limitent dans son esprit. A l’en croire, « Quand on parle de Kermel, il y a forcément les objets d’art. Donc, selon Farba, si on exclut les objets d’art de Kermel, ce marché n’a plus sa raison d’être. Dans ce marché, nous avons trois variétés à savoir les fleuristes, les objets d’art et l’intérieur du marché donc c’est un système qu’il faut prendre en considération ». Pour Pape Mor Sylla, Marchand d’objet d’art « ce sont les autorités qui nous ont autorisé à occuper cette zone par l’intermédiaire du directeur de la division des arts et marchés » M.Sylla souligne que « il nous ont demandé de donner chacun 300 000fcfa pour nous permettre de s’acquérir des cantines ». Selon lui, « Ce qui nous a donné le droit de s’installer dans ce marché depuis 4 mois. »

Une sommation précipitée, dénoncent les « squatters »

Ce n’est que samedi 28 juillet que nous avons reçu une sommation d’interpellation venant du Préfet de Dakar, Mamadou Dia pour démolir les cantines, dimanche 29 juillet 2007. Mais, selon un des commerçants, un des responsables de Kermel, Balla Sall en l’occurrence aurait refusé de prendre en compte la sommation. Alors que l’arrêté préfectoral demandait aux marchands qui sont installés dehors et autour des environs immédiats du marché, de vider les lieux.

Par prudence, la même source nous avouera lui avoir sorti par précaution ses marchandises dans la journée du samedi. D’autres ont décidé de rester en se disant qu’une telle décision ne pouvait être suivie d’effet immédiat. Dans cette affaire, il faut dire que chaque cantine aurait coûté à chaque vendeur, l’économie de plusieurs mois.

Hier encore avant le point de presse, des discussions ont eu lieu entre ces commerçants, leurs délégués et les autorités administratives et municipales. A en croire, M. Sylla, « Nous savons rencontré ce matin, le directeur du cabinet du maire de Dakar qui nous a fait comprendre que c’est la station Elf qui devait constituer l’extension du marché Kermel . Mais, cette proposition nous ne pouvons pas le croire tant qu’on ne l’aura pas vue ; car cela fait 14 ans qu’on nous la fait ; et jusqu’à présent nous n’en avons pas vu les couleurs. »

Les mêmes personnes qui faisaient le Kermel d’hier, devaient être favorisées par toute mesure d’extension et jusqu’à présent, il n’y a pas eu une réelle volonté politique en ce sens. Incrédules, ces gens ne savent pas qu’un marché peut bel et bien être un monument historique. Le refrain est connu, « Nous avons des familles à nourrir, il est hors de question que nous restions 48 heures sans travailler. Nous demandons à l’Etat de venir dégager les cantines massacrées afin que nous puissions mettre des tables pour continuer à travailler. Nous voulons aussi que les autorités de ce pays nous appellent autour dune table et nous donnent des propositions adéquates. » Dans un Sénégal qui cherche à se joindre au groupe des pays émergents, la bataille des municipalités pour des espaces urbains plus organisé ne semble pas facile à gagner. Face aux lobbies du travail, des affaires et de la triche, le nettoiement de Kermel ne devrait être qu’une étape parmi d’autres. Dakar est sale. Elle perd ses charmes au moment où l’Etat n’a jamais autant investi d’argent pour la rendre plus belle. Alors, dans ce contexte, comment comprendre qu’un ministre sorti de nulle part, hors de ses domaines de compétences, se permette de venir défier une décision encouragée par des citoyens qui n’ont qu’un seul credo, « être au service de la ville. »

Avec Wade président, l’histoire retiendra malheureusement, qu’on aura tout vu en termes de mélange et de mépris de la compétence. Hier, encore, le mépris de la république et de ses lois a été rudement mis à l’épreuve par la sortie courageuse, mais vraiment encore peu inspirée, si l’on peut dire, d’une personne, pour qui la ville ne peut correspondre qu’à un espace de désordre.

De folie. Ahh Farba ! Ça suffit.

Aïssatou BA (Stagiaire), Mame Aly KONTE


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