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CANTINISATION ANARCHIQUE DE LA VILLE DE DAKAR : Quand la recherche avide du profit étouffe notre capitale

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CANTINISATION ANARCHIQUE DE LA VILLE DE DAKAR : Quand la recherche avide du profit étouffe notre capitale

A Dakar, les cantines sont nombreuses. Grande ville d’Afrique de l’Ouest, elle attire les commerçants et les acheteurs du Sénégal et du reste de l’Afrique qui viennent y chercher ou y vendre toutes les marchandises possibles et imaginables. Il y en a pour tous les goûts. Que ceux qui n’aiment pas la foule s’abstiennent! Au Sénégal, l’odorat en prend un coup lorsqu’on traverse les étroits passages entre les vendeurs. On passe des effluves envoûtants du thiouraye, aux odeurs d’épices venues du monde entier, en passant par les arômes des mangues mûres et les arômes marins de poisson frais... ou moins frais. Les petites cantines foisonnent et côtoient les centres commerciaux plus sophistiqués les uns que les autres. Comme partout dans le monde, on se trouve vite ici des fournisseurs attitrés avec qui l'on sympathise et qui vous offriront les meilleurs produits de leur étal. L’affluence des cantines et l’émergence des centres commerciaux font donc bien le bonheur et l’affaire de la population sénégalaise. Chinez, marchez et marchandez. À votre aise! Mais c’est notre environnement qui en pâtit. Au fait, une telle «cantinisation» à outrance ne cache t-elle pas au fond une boulimie foncière qui ne dit pas son nom?  

Dakar, la capitale change de visage. Depuis un certain temps, on assiste à la construction anarchique de cantines. A tous les coins de rue, ce sont des cantines construites qui en zinc, qui en ciment. Le moindre petit espace est mis à profit. Les cantines font partie désormais du décor de Dakar. Elles fourmillent aux quatre coins des rues. Et vendent presque de tout. De l’alimentaire aux effets cosmétiques en passant par les habits. Vous trouverez presque de tout dans les différentes cantines installées à Dakar. Et le Sénégalais aime bien s’approvisionner dans ces endroits où les produits sont à la portée de toutes les bourses. Les cantines sont généralement louées. Promenez vous au marché Sandaga et vous aurez un aperçu de visu. Au boulevard de Gaulle, les devantures de maison sont transformées en «Little China». Et les affaires marchent bien comme a tenu à nous le confier ce tenancier de magasin. «Les affaires marchent bien et nous louons les cantines aux propriétaires des maisons. Cela nous arrange dans la mesure où nous sommes proches de notre clientèle.»

Les centres commerciaux entrent dans la danse
À côté de la construction de ces cantines, s’ajoute l’érection quasi simultanée de centres commerciaux. Qui poussent comme des champignons. La capitale se bonifie d’espaces commerciaux. Pour dit-on embellir le décor de Dakar.
«Quatre C», centre commercial «Sicap-Plateau», centre commercial «Elisabeth Diouf», centre commercial «Touba Sandaga». Et la liste est loin d’être exhaustive. Dakar, la ville s’enrichit d’espaces commerciaux modernes pour remplacer les traditionnels marchés de la place. Ainsi, depuis bientôt quelques années, les centres commerciaux pullulent à Dakar. Dans presque toutes les grandes artères de la ville, on retrouve un centre commercial. C’est à se demander si l’on ne veut pas transformer la capitale en centre des affaires. Et pourtant, l’implantation de ces dits centres profite à bien des Sénégalais. Beaucoup préfèrent désormais faire leurs emplettes dans ces centres commerciaux. «Pour le calme qu’ils procurent» nous confie Soukeyna, une jeune étudiante. «Ici, tu peux faire tes courses sans pour autant être dérangé par un mendiant ou courir le risque d’être hélé tout le temps par un marchand ambulant». Quid du prix? «Il est vrai que les prix sont un peu élevés comparés aux magasins de Sandaga mais bon, je préfère acheter qualité plutôt que bon marché» lâche cette mère de famille surprise en pleine emplette.

ESPACES COMMERCIAUX AUX ABORDS DES ÉCOLES : Ça pue les sous!

Depuis un certain temps, des cantines sont construites aux abords des écoles. Que ce soit à l’école de la Médina, sur l’avenue Blaise Diagne, à l’école Derklé 3 comme à l’école «Ouagou Niayes», non loin du marché Hlm l’espace scolaire est plus que menacé. Mais quelles sont les motivations profondes de cette «cantinisation» anarchique? Au moment où les populations opposent un niet catégorique.

Le phénomène de la cantinisation a vu le jour à l’école de Médina. L’école de Tolbiac a pris le relais et Colobane a suivi. A l’époque, il s’agissait de surveiller les murs de l’école, de lutter contre l’insalubrité. Le Ministre de l’Education de l’époque, Makhtar Mbow avait fait injonction aux Inspecteurs régionaux qui coordonnaient le travail des inspecteurs (les actuelles Inspections départementales de l’Education nationale «IDEN») sous sa tutelle de faire «de petits espaces commerciaux» le long des murs de ces écoles.

Révolte des populations
En effet, depuis quelques années, on note dans la capitale sénégalaise, la prolifération de construction de cantines tout autour des écoles. La plupart du temps, autour des écoles élémentaires. Des cantines de commercialisation de divers articles. Des abords d’écoles transformés en ateliers soit de menuiserie, soit en garages de mécaniciens, soit encore on ne sait quel genre de commerces ou d’activités. C’est ainsi que il y a à peu près un an de cela, les populations de Ouagou Niayes s’étaient soulevées contre un tel état de fait. Cela, en alertant la presse et en affirmant catégoriquement leur opposition à l’installation de cantines aux abords de l’école primaire que leurs enfants fréquentent. Du côté de la banlieue, le scénario est le même. Les marchés pullulent aux abords des écoles et nombreuses sont les populations à déplorer un tel état de fait. «Ca pue les sous» de l’avis des populations rencontrées. C’est en tout cas le ressentiment de ce jeune homme, un résident du quartier de Ouagou Niayes: «maintenant c’est devenu une affaire de gros sous. Les maires sont à la recherche de ressources additionnelles mais manquent d’imagination». Continuant sur la même veine, notre interlocuteur est d’avis que «la cantinisation des écoles rapporte beaucoup d’argent aux bénéficiaires». Une cantine étant vendue à 5 voire 10 millions, cela paraît à ses yeux «le moyen le plus facile d’amasser de l’argent». A cela, s’ajoute le fait qu’une école est un lieu par excellence où l’enfant acquiert de la connaissance et par la même s’épanouit. Cette mère de famille résidant à proximité du marché Hlm V et mère d’une fratrie de quatre enfants est prête à jouer son va-tout pour lutter contre la «cantinisation» anarchique des écoles. «Il est inconcevable que l’on construise des cantines à proximité des écoles. Déjà qu’avec le marché, l’atmosphère n’est pas propice à la concentration. Ajouté à cela des cantines au pied du mur de l’école, je me demande ce que nos enfants vont retenir» se questionne cette dame très remontée contre ce genre d’installation. Déterminée à lutter pour la bonne éducation de ces enfants, la dame n’occulte aucun moyen. «Nous avons tenu un sit-in, nous avons alerté la presse mais rien n’a été fait. Mais nous ne baisserons pas les bras» promet-elle.

«Une école sans cantine», le souhait des parents d’élèves
Du côté des parents d’élèves, le sentiment de ras-le-bol fait l’unanimité. «Les populations en ont ras le bol et sont survoltées. Et nous sommes dans notre droit le plus absolu de réclamer une école sans cantine» martèle Pape Samba Sow, parent d’élèves.
En effet, convaincus de «l’inopportunité et de l’incompatibilité de ces cantines avec l’espace scolaire», les populations n’ont pas manqué d’alerter leurs maires respectifs. Et de rappeler que «le Maire n’a pas pouvoir à ériger quoi que ce soit sur le périmètre de l’école sans l’autorisation des autorités académiques». Négligence de la part des autorités académiques ou complicité des Directeurs d’écoles? En tous les cas, des cantines continuent à être érigées aux alentours de certaines écoles. Autres inquiétudes de la part des parents d’élèves sur la «cantinisation» des écoles, les pédophiles. «La pédophilie progresse à une vitesse exponentielle. Et les fillettes auront à partager les vestiaires avec n’importe quel quidam. Une cantine déjà attribuée, nul ne peut conditionner le propriétaire de l’activité qu’il lui plaira d’exercer… ». Aussi, la pollution sonore affecte t-elle la quiétude des élèves qui doivent faire des efforts supplémentaires pour mieux suivre les explications de leurs maîtres. 



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