CASSE-TÊTE DES 186 730 ELÈVES ADMIS À L'ENTRÉE EN 6e : Face à l'urgence, l'Etat compte utiliser des écoles élémentaires ou des abris provisoires

Avec un taux de réussite de 96% à l'entrée en 6e, les autorités étatiques peinent à solutionner le casse-tête de l'accueil des 186 730 élèves admis au collège. Face à l'urgence d'orienter tous les nouveaux collégiens, l'Etat n'a rien trouvé de mieux que d’utiliser les écoles élémentaires où des abris provisoires dont la disparition était pourtant programmée.

 De réelles menaces pèsent sur l'avenir des élèves ayant réussi au concours d'entrée en 6e cette année. Avec un taux de réussite de 96%, soit 186 730 admis au Collège d'enseignement moyen (Cem), se pose un véritable problème d'orientation et d'accueil des nouveaux collégiens. Conscients qu'il urge de trouver des places à ces élèves, les techniciens du ministère de l'Education dirigé par Kalidou Diallo, à l’instar du directeur de la Planification et de la Réforme de l'Éducation (Dpre), par ailleurs coordonnateur du Programme décennal de l'éducation et de la formation (Pdef), avaient ainsi théorisé des solutions de fortune lors du séminaire bilan du mercredi 15 septembre passé. «La suppression de l'entrée en 6e ne se pose pas en termes seulement de construction d'écoles nouvelles, mais aussi de stratégies de valorisation de l'enseignement élémentaire avec des stratégies de restructuration des écoles primaires».

Des écoles primaires cèdent leurs heures de vacation aux collégiens

 Aujourd'hui que cette théorie est en train de prendre forme, l'on se rend compte qu'en termes plus simples, il ne s'agit ni plus, ni moins que d'un maintien des 186 730 admis de l'entrée 6e dans des écoles primaires dont certaines feront en même temps office de Cem. C'est le cas de plusieurs établissements primaires de la banlieue de Dakar, notamment aux Parcelles assainies, à Pikine et à Rufisque. Au sortir d'une rencontre avec l'ensemble des Inspecteurs d'Académie (Ia) et des inspecteurs départementaux de l'éducation nationale (Iden), indique le directeur de l'Enseignement moyen, secondaire et général (Demsg), Ibrahima Ndour, il a été retenu que «les écoles élémentaires ayant des heures de vacation et des classes fermées vont abriter des Cem». C'est-à-dire qu'elles seront transformées en Cem durant les heures auxquelles elles sont habituellement libérées par les élèves de l'élémentaire. Surtout les après midi.

Le Demsg favorable à l'augmentation du nombre des 6200

abris provisoires existants Autre solution de fortune prônée par la tutelle, la construction davantage d'abris provisoires dans le monde rural. C’est là une des stratégies d'enrôlement des admis de l'entrée 6e que les techniciens du ministère de Kalidou Diallo ont retenu d'adopter. Ce qui fait que l'Etat va revenir sur sa noble ambition de réduire, voire éliminer les abris provisoires, représentant 21% du réseau des classes dans l'élémentaire. Soit environ 6200 baraquements servant de salles de cours au coeur des champs du monde rural. Pis, déjà très éprouvés parce qu'étant le second investisseur du financement de l'éducation après l'Etat, les parents d'élèves devront également participer à la mise en oeuvre de ces solutions de fortune pour que des élèves admis au collège ne soient laissés en rade dans le cadre des orientations. Selon le directeur de l'Enseignement moyen, secondaire et général, M. Ibrahima Ndour, «des parents d'élèves avaient réussi à construire des écoles et étaient en attente d'autorisation depuis des années. C'est une opportunité aujourd'hui qui sera saisie pour que ces écoles soient autorisées comme collèges».

A Diack, dans le Ngoundiane de Thiès, c'est un secco qui fait office de Cem

Partout ailleurs dans le pays, ce sont les mêmes schémas de solution de fortune que les Ia et les Iden devront mettre en oeuvre sur instruction du niveau central. Mais le cas le plus scandaleux demeure celui du village de Diack, situé dans la Communauté rurale de Ngoundiane, dans la région de Thiès. Les syndicats d'enseignants qui ont effectué une tournée dans cette zone rurale se sont rendu compte que c'est le secco, grand magasin de pesage et de stockage des céréales et de semences, que la communauté a mis à la disposition des acteurs de l'éducation pour permettre aux admis de l'entrée en 6e de débuter dans les temps leurs cours de collège. Quoi qu'il en soit, ces multiples schémas, combinaisons et autres artifices de techniciens sont loin d'être suffisants pour combler le déficit en Cem face aux taux exceptionnel de réussite à l'entrée en 6e. Puisque le ministère de l'Education estime à 160 le nombre de Cem à créer alors que le démarrage des enseignements dans le moyen est imminent.