Cena/Démission du juge Moustapha Touré : Il avait instruit l’affaire Blondin Diop

ASI24 – (Dakar) La démission forcée du président de la Cellule électorale nationale autonome (CENA) n’est pas la première, le juge Moustapha Touré chargé d’instruire le procès sur la mort en prison du jeune étudiant, Omar Blondin Diop sous le premier président du Sénégal, Léopold Sedar Senghor avait été relevé de ses fonctions, rapporte mercredi le quotidien Kotch. « Il (Moustapha Touré) a eu une tranquille carrière de magistrat, avec l’épisode tumultueux du jugement de l’affaire Omar Blondin Diop.

Tiré d’une retraite tranquille pour se voir confier la CENA, il avait été récusé par l’opposition. Le voilà qui revient sous les feux de la rampe, du fait d’une pression du président de la République qui l’a poussé à la démission », entame le journal. Selon Kotch, qui dresse le portrait du juge, Moustapha Touré est »réputé d’une grande probité morale avec un sens élevé de la justice ». Il a « mené une riche carrière de magistrat ». En 1973, Moustapha Touré est chargé d’instruire le procès sur la mort d’Omar Blondin Diop.

Alors Doyen des juges d’instruction, il reçoit la plainte de la famille du défunt et procède à l’inculpation de trois gardes pénitentiaires, « notamment le chef », dit le journal. Le juge « subit des pressions terribles pour aller dans le sens des conclusions de l’enquête et avaliser la thèse du suicide du jeune leader syndical », renseigne Kotch. Selon toujours le quotidien, Moustapha Touré « faisant-fi », est « relevé de ses fonctions de Doyen des juges d’instructions et remplacé par un Béninois en phase de naturalisation ». Il est « muté » au Tribunal du travail. Le juge « fait encore parler de lui en cassant une décision de licenciement par l’inspecteur du travail ». A l’époque, le pouvoir avait été suspecté de « liquidation » d’un « étudiant encombrant ». Il est à nouveau « sanctionné et muté ». « A chaque fois qu’il a fait preuve de probité morale, il a été sanctionné, comme c’est le cas aujourd’hui », déclare au journal « un homme avisé ». Il a eu à connaître aussi l’affaire du meurtre d’une jeune Américaine dont le procès avait « enregistré la présence des plus hautes autorités de la République et de l’ambassadeur américain au Sénégal ».

Dans sa lettre de démission adressée au président de la République le 26 novembre dernier, le juge confirme qu’il a été pressé de quitter ses fonctions. « J’ai décidé de remettre à votre disposition mon mandat de membre de la Commission électorale nationale autonome, ainsi que ce lui de président de la dite institution comme vous me l’avez demandé ». Dans une précédente missive du 23 novembre, faisant suite à une audience avec le président de la République, selon La Gazette, le juge écrit : « L’intégrité, l’impartialité, l’équité et la loyauté ont été le socle de ma carrière professionnelle et vie sociale ».

 Le journal de se demander pourquoi l’ancien Doyen des juges d’instruction, Conseiller à la Cour d’appel, président du Tribunal du travail, président de la Chambre à la Cour d’appel et secrétaire général de la Cour de cassation a été forcé à démissionner. Sa nomination en 2005 à la tête « vertement critiquée » critiquée par l’opposition « parce que son épouse est militante du Parti démocratique sénégalais (parti au pouvoir) » et actuellement membre du Conseil économique et social, se distingue par le « plébiscite » de ME Wade à la présidentielle 2007 et la « raclée du PDS » en 2009 aux locale, fait remarquer le journal Kotch pour « douter de la l’intégrité de cet homme ». Moustapha Touré est le cousin germain du marabout de la confrérie tidiane Abdoul Aziz Sy Juniors précise Kotch.