D. Fall, 49 ans, commerçant et tradipraticien, domicilié à Diamaguène, marié et père de neuf enfants a comparu, ce 1er juillet 2025, devant la Chambre criminelle du tribunal de Pikine-Guédiawaye. Il a été jugé en l’absence de ses deux co-prévenus, I. Diarra, tradipraticien, sous contrôle judiciaire, et I. Gueye, partie civile mais aussi mise en cause, actuellement en liberté provisoire. Les trois sont poursuivis pour association de malfaiteurs, tentative d’interruption volontaire de grossesse (IVG), charlatanisme. Seul D. Fall est poursuivi pour viol sur I. Gueye.
Selon l’accusation, D. Fall est l’initiateur d’un stratagème destiné à interrompre la grossesse de sept mois de la jeune I. Gueye, née en 2000. Après l’avoir mise en relation avec son ami tradipraticien I. Diarra, ce dernier lui aurait remis des poudres à mélanger avec du café dans le but d’interrompre sa grossesse. De son côté, I. Gueye a accepté de suivre plusieurs bains mystiques prescrits par les deux hommes.
Selon le procureur de la République, D. Fall a remis de l’argent à Diarra pour les frais de l’opération occulte, caractérisant ainsi une tentative d’IVG et une entente préalable sont des éléments constitutifs de l’association de malfaiteurs. Le dossier s’alourdit avec une accusation de viol, que D. Fall aurait commis le 16 février 2022. I. Gueye l’accuse de l’avoir attirée chez lui sous prétexte de soins mystiques, avant de la faire s’allonger, de lui soulever la robe, puis de la caresser au bas-ventre. Elle a ensuite perdu connaissance, et se serait réveillée, inerte, avec des douleurs, sa robe maculée d’un liquide suspect.
Un certificat médical établi sept mois plus tard, le 26 septembre 2022, à l’hôpital de Pikine, a confirmé une grossesse évolutive de 30 semaines, confortant les soupçons de pénétration non consentie.
L’accusé conteste et envisage un test ADN
À la barre, D. Fall nie les faits de viol, déclarant n’avoir jamais eu de relations sexuelles avec la plaignante. Il reconnaît toutefois l’avoir reçue à plusieurs reprises pour des consultations mystiques. Il affirme lui avoir remis une corne de chèvre pour éloigner les maux mystiques, puis l’avoir dirigée vers son ami Diarra pour d’autres soins spirituels. Il justifie l’envoi d’argent à la fille par une demande d’aide de cette dernière, affirmant qu’elle l’avait sollicitée pour des dépenses personnelles liées à un voyage avec son petit ami. Il accepte néanmoins, sur conseil de son avocat, de se soumettre à un test ADN pour laver son honneur.
Le guérisseur I. Diarra, en son temps interrogé, a reconnu avoir fourni des poudres à I. Gueye, tout en niant posséder un savoir mystique suffisant pour interrompre une grossesse avancée. Dans ses observations, le procureur de la République a requis une peine ferme de 5 ans de contre D. Fall et I. Diarra. Le maitre des poursuites estime que les éléments du dossier prouvent que les faits de tentative d’IVG par procédés mystiques, de charlatanisme caractérisés, du viol ayant conduit à une grossesse et l’association de malfaiteurs sont constants.
L’avocat de D. Fall, Me François Senghor a plaidé l’acquittement. Dans sa plaidoirie, la défense a évoqué l’absence d’éléments matériels probants sur le charlatanisme, l’absence de témoins directs du viol et la non-pertinence de l’accusation d’association de malfaiteurs. L’affaire est mise en délibéré au 15 juillet 2025.
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