CHANTIERS INACHEVES, MARCHES DE FOURNITURES NON LIVRES, INDEMNITES DE DEPLACEMENT NON PAYEES : Les germes de nouvelles perturbations de l’école

A peine deux mois après la rentrée des classes au titre de l’année scolaire 2007-2008, la tension enfle au sein de la communauté scolaire sénégalaise. En effet, administrateurs scolaires, élus locaux, enseignants et parents d’élèves craignent de démarrer la nouvelle année par des perturbations pour diverses raisons : chantiers inachevés, marchés de fournitures non livrés, non paiement des indemnités de déplacement pour les examens, problème de l’extension de celle relative à la recherche et de compensation de charge horaire, non respect des accords par le gouvernement, paupérisation des ménages...Reportage 

La cour du lycée Alboury Ndiaye de Linguère est déserte ce mardi matin. Seul un professeur n’a pas suivi le mot d’ordre de grève décidé par ses autres collègues.

Dans la cour, quelques chèvres viennent disputer aux ânes l’herbe et les feuilles d’arbres ; des tas de sable et de béton trônent en face des blocs pédagogiques.

De loin, un groupe de surveillants venus chercher refuge sous l’arbre touffu et un gardien tutélaire qui a vu passer plusieurs générations de potaches et d’enseignants sont en pleine discussion. Et le sujet semble très sérieux : " Pense-t-on sérieusement que les cours pourront se dérouler normalement d’ici peu ?"

La question est posée à juste raison, car des travaux de réfection n’avaient en fait démarré que la semaine d’avant la rentrée officielle. Ils concernent toutes les salles de cours, les deux bâtiments administratifs, la plomberie, l’électricité, les sanitaires. Et un intervenant de piaffer :" Savez-vous que la réfection est évaluée à 20 millions de nos francs ? Cela aurait pu construire 3 à 4 nouvelles salles de classes de plus et les équiper toutes !" Le maître des lieux, le proviseur interrogé sur la dernière préparation de la rentrée se réjouit de la décision des autorités de réfectionner son établissement il déplore toutefois le déficit en salles de cours qu’il accuse : Au total 25 salles dont deux spécialisées pour 34 groupes pédagogiques :" Nous saluons la décision de réfection. Mais nous étouffons surtout au premier cycle." Ils sont plus de 1200 élèves dans ce premier palier et plus de 600 au second cycle dont 147 nouvellement orientés en série

L’ une soixantaine devant embrasser les filières scientifiques en seconde. En terminale, ils vont s’entasser dans les salles devenues de véritables chaudières toute l’année. A cela s’ajoute le déficit en tables bancs que le rafistolage des pièces de bois qui jonchent la cour de l’établissement ne pourra certainement pas combler Le censeur , lui, ajoute que " deux salles spécialisées , c’est insuffisant". Et M. Coumba Diouf Ndiaye, un parent d’élèves par ailleurs président de la commission Education des personnes du troisième âge structure locale de la fédération du PDS de Linguère de déclarer :"La priorité est la construction d’un lycée pour la commune de Linguère . Le maire nous a assurés qu’un terrain est disponible pour ce futur lycée."

Les enseignants ne demandent pas moins, selon M. Barry, professeur de mathématiques et responsable local du Cadre unitaire de l’enseignement moyen et secondaire ( CUSEMS ) :" Le lycée s’asphyxie. A défaut d’un nouveau lycée, un collège doit être construit ou quelques salles de classe supplémentaires pour résorber le déficit actuel car ces insuffisances auront une incidence négative sur les relations pédagogiques et les performances des professeurs et des élèves." Il concède que ce sont des contraintes sources de perturbations autant que le non paiement des indemnités de déplacement pour les examens du Bac et du Bfem de cette année : " Nous sommes en grève afin que les indemnités de déplacement pour les examens soient payées : nous avons été assez patients( ndlr il s’agit des examens du Bfem ), il nous faut rentrer dans nos fonds."

L’argent ? La palabre prend une autre tournure et les professionnels de la craie de s’épancher sur le mépris affiché par les agents des services financiers qui arguent de l’ambiguité du décret 2006-597du 10 Juillet 2006 relatif aux indemnités de déplacements des magistrats, fonctionnaires et autres agents de l’Etat. Pour les enseignants , " ce zèle "dissimulerait mal les problèmes de trésorerie, car le texte est sans équivoque et que les examinateurs ayant fait le déplacement pour le Bfem devraient au moins percevoir le quart de l’indemnité due pour une tournée d’une région à une autre et pour une distance de plus de 70 km selon la catégorie de l’agent. Le paiement des indemnités de déplacement pour le Bac ne devrait pas souffrir de cette interprétation que le Directeur de l’administration générale et de l’équipement du ministère de l’Education a battue en brèche lors du CRD spécial de la rentrée, le 13 Août dernier à Louga.

Y-a-t-il une tension au trésor public ? Tout porte à le croire, soutiennent certains qui affirment que dans certaines régions les concernés ont été payés et le paiement des copies du Bfem n’est pas assujetti au décret en question. Cela fait partie des accords signés entre le gouvernement et les syndicats d’enseignants.