CONCURRENCE DES TAXIS CLANDOS, MINIBUS ET «CARS RAPIDES» : Dakar Dem Dikk lance des tickets à 100 francs dans la banlieue

Pour mieux faire face à la concurrence des minibus Tata, des bus chinois, des taxis clandos et des «cars rapides» et «Ndiaga Ndiaye», Dakar Dem Dikk va lancer dès lundi prochain une sous-section à 100 francs dans la banlieue.

Disputer aux minibus Tata, bus chinois, taxis clandos, «Ndiaga Ndiaye» et «cars rapides» le marché des clients circulant à l'intérieur de la banlieue. C'est ce à quoi la société de transport public Dakar Dem Dikk s'est résolue, faisant aujourd'hui face à la rude concurrence de ces derniers qui desservent maintenant toutes les localités de la proche, moyenne et lointaine banlieue. Et la trouvaille, c'est de proposer une sous-section à 100 francs. C'est-à-dire sur un certain nombre de lignes où le prix du ticket était à 150 francs, il va être ramené à 100 francs. Une mesure qui entre en vigueur à partir de lundi prochain. Les lignes concernées sont la 2 et la 12 entre le terminus de Guédiawaye et Bountou Pikine, la 5 entre le terminus de Guédiawaye et Case-bi, la 8 entre le stade et l’aéroport Léopold Sédar Senghor, la 6 entre le terminus de Cambérène et Case-bi. Sont également concernées, les lignes 11, 15 et 16B à partir de la Lgi Mbao jusqu’à leur terminus respectifs, et la ligne 16 A entre la police de Thiaroye et le terminus de Malika. Ce qui veut dire que ceux qui résident à Pikine, Guédiawaye, Cambérène, Parcelles, Aéroport, Mbao, Thiaroye, Malika et Rufisque pourront faire des économies de 100 sur leurs déplacements aller et retour, quand ils se déplacent à l'intérieur de ces localités. Ne craignant pas des pertes avec cette nouvelle ligne au moment où l'entreprise fait face à d'énormes difficultés, le responsable du marketing et de la communication de Dakar Dem Dikk, El Hadji Sarr, rassure : «Nous ne nous sommes pas levés un bon jour pour lancer cette nouvelle sous-section, nous avons commandé une étude sérieuse qui nous a permis de bien étudier cette question. C'est à la suite de ça que nous avons pris cette décision».

Les clients des minibus Tata accros à leur moyen de transport

L'annonce du lancement de tickets de sous-sections à 100 F par Dakar Dem Dikk laisse indifférents des clients des minibus Tata. Un sentiment exprimé par bon nombre d'entre eux, rencontrés au niveau de la gare routière de Petersen, terminus de beaucoup de lignes desservant la banlieue. Faisant la queue pour prendre la ligne 55 à destination de Rufisque, Mamadou Mbow qui vient de quitter le centre-ville donne son point de vue : «je dépasse des arrêts de bus Dem Dikk en venant ici, mais le temps d'attente est trop long. C'est pourquoi je préfère venir prendre la ligne 55 ici. Les Tata offrent de meilleures conditions». Mieux, ajoute-t-il, «même si de nouveaux tarifs de 100 F sont lancés, le parc de bus Dem Dikk ne peut pas satisfaire tout le monde. Personnellement, le prix ne pose pas de problème, mais c'est surtout le manque. Pour moi, il ne s'agit pas de créer de nouveaux tarifs, mais d'augmenter le nombre de bus». Tahir Seck est pour sa part plus soucieux du confort :«L'essentiel, c'est d'avoir une place. Le matin en quittant Guédiawaye, je prends le bus Dem Dikk. Et le soir en rentrant, je viens ici pour prendre le Tata, parce que je suis sûr d'avoir un place», renseigne-t-il. Toutefois, pour cet agent de Postfinance :«une baisse est toujours bon dans une société. Mais comme la différence de prix n'est pas tellement grande, cela ne va aucunement influer sur mon choix». Selon Ibrahima Diatta, habitant de Pikine, «le temps, c'est de l'argent. Il n'y a pas assez de bus Dem Dikk. Le tarif ne pose pas de problème mais le temps qu'on met pour avoir le bus et pour arriver à destination. Moi je préfère débourser 200 F et faire 45 mn pour arriver chez moi que de dépenser 175 F et faire 1 heure de route ou plus».

Les clients de bus Dem Dikk préfèrent voir le parc automobile mieux fourni

Du côté des habitués des bus Dem Dikk, la préférence va au renforcement du parc automobile. Trouvé à un arrêt, Pape Ndour explique : «Ce qu'on aimerait, c'est qu'ils augmentent les bus. Parce qu'on perd beaucoup de temps à les attendre. Je ne prends que le bus Dem Dikk, pour des soucis d'accessibilité par rapport à mon quartier». A côté de lui, Mouhamed Ndir est dans le même cas. «C'est une bonne chose, mais le mieux serait d'augmenter les bus. Parce que je suis fidèle à Dem Dikk, mais je perds beaucoup de temps à attendre les bus», confie-t-il. Croisé sur les lieux, Ismaïlia Diop, contrôleur de bus Dem Dikk, par ailleurs délégué de personnel, rassure les clients. «On est en train de relever le parc automobile avec le nouveau directeur. Notre ministre de tutelle a confié lors de son passage à l'Assemblée nationale que de nouveaux bus vont venir en janvier et février 2011. On espère les avoir bientôt et satisfaire la clientèle».

MABA DIAKHOU FALL, SG DE AFTU : Une mesure sans effet sur leur clientèle et qui peut nuire à Dem Dikk

S'il y a quelqu'un qui peut souffrir du lancement des tickets à 100 francs, c'est Dem Dikk lui-même. C'est la conviction de Maba Diakhou Fall, Secrétaire général de l'Union des travailleurs de l'Association de financement des professionnels du transport urbain (Aftu). Martelant que cette mesure n’aura aucune incidence sur leur clientèle, M. Fall souligne que leurs lignes sont différentes de celles de Ddd. Il prend pour exemple «les lignes 37 et 2 assurées respectivement par les minibus de l’Aftu et les bus de Ddd. Et même si les deux itinéraires ont des similitudes, leurs différences se situent dans le temps parcouru par les deux d’un point à un autre. Nos véhicules mettent deux fois moins de temps qu’il ne faut au bus partant de la banlieue pour rallier la ville». Il avise cependant que leur structure «a des spécialistes qui pourront étudier la nécessité de les suivre ou non sur cette voie. Il se pourrait aussi que les responsables de l’Aftu se rencontrent pour voir ce qu’il y a lieu de faire, cela pourrait à la limite pousser ceux-ci à revoir les tarifs en baisse. Si la nécessité se posait» conclut-il. En ce qui concerne Dem Dikk, Maba Diakhou Fall redoute une baisse des recettes pouvant déboucher sur une réduction du personnel. «Une sous-section sur plusieurs axes est une stratégie pour reconquérir le marché et Ddd est conscient que cela aura des répercussions sur ses recettes globales en réduisant de 50 F Cfa le tarif sur certaines distances qui se monnayaient à 150 F Cfa. Ce sont donc les populations qui vont s’en réjouir. Mais je crains que cela n’engendre des répercussions déplorables sur son personnel».