Conseil présidentiel : Plan d’actions pour les enfants de la rue

Susciter un élan de générosité et de solidarité autour des enfants de la rue, tel est l’objectif du Conseil présidentiel qui s’est tenu hier, au palais de la République. Le Chef de l’Etat, Me Abdoulaye Wade, a proposé la création d’une agence privée et une mise en œuvre du slogan « un enfant, une famille ou un parrain »

Pied nus, guenilles, mines déconfites et crasseuses pour la plupart du temps, ils arpentent les rues. Les artères sont les demeures de ces enfants qui n’ont plus d’attaches familiales. Ils cherchent, pour un sommeil des plus inconfortables, des abris provisoires, sans eau ni électricité. Confiés à des marabouts, par leurs parents, pour l’apprentissage du Coran, issus de familles pauvres, en conflit avec la loi, victimes de violences familiales ou de parents séparés, orphelins ou en danger moral, ces jeunes cherchent à se faire une place au soleil. Au prix de mille dangers qui parcourent les rues. Au prix de leur intégrité physique et morale. Leur situation heurte la conscience de nombre de personnes fatiguées d’assister à ces images émouvantes. Il s’agit d’une précarité qui interpelle la nation toute entière. Cette démarche collaborative et participative, appelée de tous leurs vœux par les différents acteurs, a donné lieu à ce Conseil présidentiel qui s’est tenu hier, à l’initiative du chef de l’Etat, Me Abdoulaye Wade, au palais de la République. C’était en présence du Premier ministre, Macky Sall, du ministre d’Etat, directeur de Cabinet du président de la République Souleymane Ndéné Ndiaye, du ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Me Ousmane Ngom, du Secrétaire général du Gouvernement, Me Alioune Badara Cissé, du porte-parole de la présidence de la République, Me Amadou Sall, du ministre de la Femme, de la Famille et du Développement social, Mme Aïda Mbodj, de responsables de la société civile, de guides religieux, de diplomates et de représentants d’institutions financières comme Madani Tall, Directeur des Opérations de la Banque mondiale pour le Sénégal et Amadaou Kane, Directeur général de la Banque Internationale pour le Commerce et l’Industrie du Sénégal (Bicis), fraîchement promu directeur Afrique (subsaharienne) de BNP Paribas. Il y avait aussi des artistes comme Ismaël Lô, Abdou Guitté Seck, les Frères Guissé et le promoteur culturel, Mamadou Konté.

Au total, c’étaient quatre heures d’horloge pour passer en revue une grosse préoccupation de notre temps. Au final, le président de la République a proposé la création d’une agence pour s’occuper de ces laissés pour compte de la société sénégalaise. Cette agence, selon Me Abdoulaye Wade, ne sera pas publique. Elle sera privée.

Le chef de l’Etat a invité les différents acteurs, particulièrement la Banque mondiale, à choisir les critères qui leur conviendraient pour désigner le directeur de cette agence pour la prise en charge des enfants de la rue. Cette disposition consisterait à établir un rapport de confiance entre les acteurs, à ériger la transparence comme mode de désignation des animateurs de la future structure et, surtout, à ne pas se tromper de curriculum vitae.

Un conseil de surveillance complètera le verrou dans la gestion de cette agence. Me Abdoulaye Wade a déploré le mode de fonctionnement qui pousse certaines structures à consacrer, par exemple, 70% de leurs ressources à l’administration contre 30% aux réalisations entrant dans le cadre de leurs activités. Selon lui, ce choix n’est pas judicieux et il faut, désormais, inverser la tendance. La proposition a rencontré l’assentiment des différents acteurs. La deuxième proposition du président de la République est un appel à un élan du cœur qui mobiliserait tous les Sénégalais autour du slogan : « Un enfant, une famille ou un parrain ». Une manière de passer aux actes étant donné qu’hier, le président de la République a invité les acteurs à mettre fin au temps des discours et autres vœux pieux. Il a préconisé un véritable plan d’actions pour que les enfants « bénéficient, eux aussi, des fruits de l’alternance. » Enfin, le chef de l’Etat a souhaité que les autres pays de la sous-région soient associés à la réflexion, dans une belle synergie, afin que l’initiative sénégalaise ne joue pas le rôle de pompe aspirante.